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Rentrées politique et sociale

 

La rentrée sociale se fera autour de la lutte contre le PARE ­ plan de retour à l’emploi ­ que la direction nationale de la CFDT a signé avec le MEDEF, le patronat. Le gouvernement a refusé d’entériner le projet, mais la pression se poursuit. Le patronat, par la voix de Denis Kessler, fait du chantage au paritarisme, menaçant de quitter toutes les institutions paritaires. La belle affaire ! D’autant que patronat et direction de la CFDT n’ont aucune légitimité pour imposer aux privés d’emploi, sans aucune concertation, un retour à l’emploi qui met en cause le versement de l’allocation chômage, un droit. Dans le même mouvement c’est toutes les fondations du droit du travail qui sont victimes de ce tremblement de terre. De proche en proche, c’est l’ensemble des salariés et de leurs droits qui se trouvent sur la sellette. Les droits, le droit reculent au profit du contrat. Cette « contractualisation » détermine une autre organisation de la société. Les droits démocratiques ont tendance à s’évanouir. Qui contrôlera les contrats ? Pas les principaux intéressés en tout cas. La transparence reculera inéluctablement.

L’intérêt du patronat est évident, casser toutes les contraintes sociales pour déterminer le niveau des salaires comme le temps de travail et les formes de l’emploi. C’est une société bureaucratique ­ le contrôle social ne peut que croître et prospérer ­ et antidémocratique qui est train de se mettre en place.

La croissance retrouvée crée effectivement des emplois même si le chômage recule moins que les statistiques officielles ne prétendent. La précarité progresse dans le même temps. La pauvreté aussi. Emploi et pauvreté font bon ménage par l’intermédiaire de ces emplois dits atypiques. Les zones de chômage et de pauvreté ne reculent pas, faute d’une politique qui mette au premier plan la lutte contre les inégalités.

D’autant que le gouvernement n’est pas en retard d’une réforme. Il veut, par la voix de Fabius, imposer l’épargne salariale qui représente la version française des fonds de pension anglo-saxons, mettant indirectement en cause tout le système de retraite par répartition, d’un côté et directement contre toute tentation de revendiquer la hausse des salaires.

La rentrée politique sera tout autant chaude. Depuis trop longtemps, nous n’avions pas voté. Cela ne pouvait plus durer. Fin septembre, les urnes s’ouvriront pour un référendum. Vous l’aviez oublié celui-là ? Pour ou contre le quinquennat. Débat truqué. Le seul débat possible, c’est celui d’institutions plus démocratiques. Pourquoi ne pas proposer la proportionnelle intégrale comme mode de scrutin. Pourquoi avoir oublié cette promesse ?

Tel qu’il est engagé, ce référendum ne sert pas le débat démocratique. Il rend opaque la question des institutions. Celles de la Ve république ont vécu. Il faudrait déterminer une autre constitution, avec des avancées sur les droits, ceux de la personne humaine. L’année 2001 sera l’année des municipales. L’ANPAG présente une liste. Sur Caen (et peut être Hérouville). Nous voulons être présents pour mener l’ensemble des débats sur la justice sociale, sur la lutte contre le chômage, contre les inégalités. Nous voulons battre la droite et la politique libérale. Pour ce faire, il nous faut rassembler toutes celles et tous ceux décidés à construire une force politique nouvelle pour intervenir sur le champ politique. Les mouvements sociaux sont anti libéraux par nature. Dans le même temps, il est facile de constater que les forces politiques tendent vers la droite sans rivages. La coupure s’accentue entre le social et le politique. Les organisateurs des mouvements sociaux tendent à se désintéresser de cette politique qui ne leur apporte que des déboires. Il nous faut démontrer que la lutte politique a toute sa place. Que les mouvements sociaux en ont besoin pour transformer la société. Cette démonstration nous incombe. Nous sommes prêts à en discuter avec toutes les forces politiques existantes qui partagent cette préoccupation.

2 septembre 2000


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