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Loger pour sortir de la crise

 

Les actions des « donquichotte », et les débats auxquels elles donnent lieu, ont remis l’accent sur la question du logement : c’est une bonne chose.

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Mais pour beaucoup d’acteurs politiques et sociaux la question du logement n’occupe qu’une place trop marginale dans l’action et l’élaboration politique, sans doute parce qu’elle n’est pas suffisamment portée par des mouvements sociaux.

Peut être aussi parce que cette question est significative de la diversité des solutions au sein du salariat et de la distance qui sépare les SDF des ceux qui ont réussi, parce que la conjoncture économique l’a rendu possible, à acquérir et louer des maisons ou des appartements.

Pourtant tous partagent une idée commune : un logement c’est fait pour loger...ce qui n’est plus la cas aujourd’hui....

Crise du logement et crise

Le secteur du logement joue un rôle central dans le déclenchement de la crise, il est très significatif de l’échec du capitalisme libéral, mais il peut être aussi un domaine où la sortir de crise peut se dessiner.

Chacun a vu la part qu’a pris la crise des «  subprimes » dans le déclenchement de la crise financière et la faillite d’institutions bancaires. Les banques ont vendu des prêts à des personnes qui n’avaient pas les moyens de les rembourser. Pour continuer à faire fonctionner le secteur du logement et de la construction, les système libéral a cru trouver une solution géniale : faire payer les pauvres sans tenir compte de leurs possibilités en étalant les paiements par des remboursements de plus de plus en plus longs.

Cette fuite en avant s’est accompagnée d’un renchérissement du coût du logement qui devenait ainsi secteur de production de profits considérables. Le secteur de la construction tirait la croissance, le logement devenait de plus en plus un objet de placements financiers et les revenus attendus étaient de plus en plus élevés.

Tout le secteur du logement du foncier à la promotion immobilière jusqu’à la location était entraîné dans cette spirale.

Ce que nos « experts capitalistes  » avaient « oublié » c’est que la précarité, les bas salaires et les travailleurs pauvres constituaient de plus en plus cet autre visage de la croissance.

L’écart croissant entre la valeur marchande des logements pris dans cette bulle spéculative et leur valeur d’usage, c’est à dire leur utilité pour ceux qui ont besoin d’un toit, rendait de plus en plus difficile l’accès au logement de catégories de plus en plus nombreuses.

En d’autres termes, toutes les possibilités de vendre ou de louer étaient menacées. Le marché du logement se grippe et la valeur des logement cesse d’augmenter dans des proportions qui permette de maintenir la haute rentabilité des produits financiers fondés sur ce système des « subprimes ». les pauvres ne peuvent plus trouver de nouveaux prêts puisque la valeur de leurs maisons n ’augmentent plus : ils ne peuvent plus faire face et sont obligés de vendre ce qui contribue à la chute des prix et à, la chute d’une bulle immobilière qui se dégonfle.

Ce qui s’est passé était prévisible depuis longtemps et seule la croyance irraisonnée dans les capacités du privé ont empêché de voir.

Rappelons quand même que si la crise financière du logement a en France des conséquences plus faibles c’est parce que ce système des « subprimes » n’a pas eu court. Il s’ne est fallu de peu : le candidat Sarkozy avait inscrit dans son programme des subprimes à la françaises qu’il n’a ( heureusement !) pas eu le temps de mettre en place. Nos « grandes institutions financières  » ont largement participé à ce système par des investissement à l’étranger..

Néanmoins les données de fond de la crise du logement existaient aussi dans notre pays : voir à ce sujet voir à ce sujet l’introduction au forum logement

http://anpag.org/article.php3?id_ar...

Sortir de la crise par le logement

Il n’y pas bien sur de solution miracle pour sortir de la crise pour sortir de la crise.

Pourtant les avis des économistes pour une alternative et les propositions qui ressortent des journées des enfants de Don Quichotte ici ces jours derniers, comme des propositions des associations qui travaillent depuis longtemps sur le droit au logement, convergent : ce secteur est un outil essentiel pour promouvoir des solutions qui échappent à la logique de marchandisation.

D’abord nous l’avons dit parce que cette marchandisation du logement ( avec en arrière plan le projet de liquidation des outils d’action publique comme le logement social) est un échec cuisant : en 25 ans de politiques libérales, ils ont réussi à mettre à la rue des milliers de personnes, mais aussi à conduire ou laisser des millions d’autres dans le mal logement.

Il faut le dire avec force : nous avons connu en 25 ans une dégradation de la situation que même le très officiel Conseil Economique et Social avait noté dans un rapport « accès au logement droit et réalités » en 2004.

La pression économique a rendu le droit au logement de plus en plus théorique et ce qui s’est passé avec la loi DALO sur le droit opposable au logement le montre bien, malgré les limités de cette législation (l’accès au droit opposable n’est pas encore opposable à tous les mal-logés).

Et pourtant, derrière cette exigence de l’application d’un droit, la demande existe même si elle a du mal a être reconnue par les décideurs politiques et économiques.

Il faut changer radicalement de politique sur la question du logement, il faut rompre avec les présupposés libéraux qui fondent dette politique et partir des besoins sociaux : il faut répondre aux besoins de logement.

Et pour cela il faut mener des politiques qui fassent baisser les loyers et le prix des logements. C’est légitime face aux besoins même si cette baisse vient pénaliser celles et ceux qui avaient vu là une manière de s’enrichir sans travailler. Il n’est pas normal que des rentiers fassent des profits sur la privation de logement ou fassent payer aux pauvres des loyers qui représentent jusqu’à 40 voire maintenant 50% ou plus des revenus des plus pauvres .

Nous avons lancé le débat sur le bouclier social, voici donc une disposition simple en matière de logement : faire que les charges de logement (ou les loyers) ne représentent pas plus de 25 à 30% des revenus d’un ménage (c’est ce que paye aujourd’hui un ménage moyen).

Par ces propositions nous faisons baisser la rentabilité du capital dans ce secteur. Il faut s’attendre à des réactions de la part des groupes qui ont fait leur beurre dans la promotion, la construction. La réponse peut être la fermeture d’entreprises et le "boycott" de la construction .

Nous devons proposer de faire assurer le secteur de la construction par des entreprises reprises par leurs salariés si besoin est et ainsi contribuer à la création d’emplois socialement utiles.

Il existe déjà dans le secteur de nouveaux acteurs - régies de quartiers, SCOP... -étrangers aux grands groupes dont il faut favoriser le développement alternative : ce sont ces acteurs là qui doivent devenir la norme du secteur de l’habitat avec le secteur public du logement.

Ces changements politiques sont ils possibles ? Comment ?

Il ne faut pas attendre du niveau national ce changement de politique qui est à l’inverse de ce qu’ils souhaitent comme sortie de crise.

Néanmoins nous avons vu dans un passé récent qu’il leur est très difficile de résister à la pression sur le droit au logement.

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loi DALO

Nous avons là un domaine dans lequel ils n’ont pu assoir leur légitimité et encore moins aujourd’hui avec la crise.

Nous avons vu comment face à un mouvement ils ont été obligés de céder sur la loi Dalo par exemple même si après ils tentent de la vider de son contenu.

Un objectif comme empêcher de livrer les fonds du livret A aux entreprises et en réserver l’utilisation au logement social est gagnable aujourd’hui. Le gouvernement a déjà été obliger de reculer dans ses tentatives de détournement des fonds du Livret A.

Nous avons là un exemple concret de ce que peut faire un pôle financier public qui voudrait servir les besoins sociaux , l’emploi : voilà donc un combat qu’il faut continuer.

Il faut savoir et faire savoir que des fonds existe dès aujourd’hui pour le logement et en particulier le logement social et qu’ils restent inutilisés par les collectivités locales en particulier.

Car les collectivités locales ont sur ce terrain des outils qui pourraient être utilisés dès aujourd’hui pour aller dans le sens que nous souhaitons.

Il est temps de discuter collectivement des l’utilisation de droit de préemption qui permet aux communes d’acheter terrains et bâtiments, de l’utilisation des offices HLM pour transformer les marchés locaux du logement, des plans locaux d’urbanisme et de programme locaux de l’habitat qui permettent à la collectivité de décider des choix d’urbanisation et de logement et des priorités publiques....

Tout ceci permet d’engager dès aujourd’hui des changements qui produiront leurs effets sur le moyen terme : mais l’annonce de ces changements permet rapidement de modifier la vision du marché du logement d’aujourd’hui. L’annonce de la mise en oeuvre d’une politique de réduction des coûts du logement, de l’extension du domaine public est de nature à contribuer avec d’autres facteurs à la baisse des prix.

Car il s’agit bien de prendre des mesures qui favorisent cette baisse,l’accompagne et non des décisions qui la freine ( en attendant la catastrophe !) : les propositions de Sarko visant à faire acheter par les HLM les logements invendus des programmes des promoteurs ne seront une aide déguisée à ces derniers s’ils ne sont pas faits avec une baisse conséquente des prix.

Mais les municipalités disposent aussi du droit de réquisition soit direct soit par pression sur le préfet pour utiliser les logements vides. Ce droit est difficile à mettre en œuvre mais il ne peut être rejeté à priori.

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Enfin les collectivités locales peuvent favoriser les nouveaux acteurs de la construction par des biais divers : limitation des marchés pour donner toute leur chance à des petites structures, rénovation plutôt que démolition ( avec une autre expertise sur les destructions nécessaires), aide favorisant ce type d’entreprises...

Il n’y a pas d’obstacles techniques ou juridiques à l’utilisation de ces outils, ce qui manque aujourd’hui c’est une volonté politique et un vrai débat public sur ces questions encore trop le monopole des spécialistes.

Construire une volonté politique

Il serait illusoire d’attendre des changements de majorité les changements nécessaires. Il faut comprendre que les élus sont largement enfermé »s dans les « contraintes de gestion  » et qu’il leur est difficile de rompre radicalement avec les fonctionnement techniques et administratifs.

Pour nous la politique ce n’est pas tout déléguer aux élus dont on attend qu’ils fassent changer les choses à notre place, à la place de ceux qui subissent la crise du logement et qui sont capables d’exprimer leurs besoins.

Notre proposition d’un observatoire du mal logement est un outil qui peut comporter des limites puisqu’il n’est pas décisionnel.

Mais il me semble qu’il permet de lancer une dynamique sur la question d’une alternative réelle en matière de logement et d’aider à construire cette politique alternative dont nous avons besoin. Il permet aussi d’engager des luttes et des changements sans attendre des changements de sommet.

Il permet des faire surgir les besoins et d’opposer à la logique marchande ou aux contraintes gestionnaires la radicalité des besoins à satisfaire.

Cette proposition est née des expériences que nous avons faites. C’est une idée qui coure depuis le forum logement où nous avons découvert que ces besoins existaient quand on leur donne les moyens de s’exprimer et bien au delà de ce que nous imaginions au départ. C’est aussi l’expérience des mouvements au niveau national qui par leur pratique ont imposé la question du mal logement dans un débat public qui l’ignorait.

Il permet aussi de jouer le rôle de contre-lobby contre celui qui aujourd’hui dit ce qu’il faut faire : celui des groupes de construction (Bouygues avec sa télé de maçon et autres ...) et de promoteurs avec le soutien des banques. Tout ce beau monde fait aujourd’hui la pluie et le beau temps au nom de son savoir-faire sur le logement.

Mais les salariés du bâtiment, les habitants n’en savent ils pas autant sur ce qu’il faudrait faire en matière de logement ? Pourquoi n’ont ils pas le moyen de donner leur point de vue ?

Nous n ’avons pas jusqu’à présent sur l’agglomération des moyens pour faire ce travail. Il est du rôle de toute municipalité, communauté d’agglo, région... de favoriser la mise en place de ce moyen d’expertise collective citoyenne des usagers.

Voilà pourquoi les collectivités locales progressistes, vraiment de gauche,doivent donner des moyens pour cet observatoire populaire indépendant des collectivités locales sur les besoins de logement. Il ne doivent pas craindre ce contre pouvoir populaire mais être capable de dialoguer avec lui.

L’observatoire qu’est ce c’est ?

Nous proposons de mettre au débat ce que doit être précisément cet observatoire. C’est un outil de combat politique et social et non un simple instrument d’analyse

Il devrait à notre sens comporter :

-  Les associations qui travaillent sur le logement comme la CNL, la CSF, la CSCV...et tout autre association qui agit sur le terrain du logement au niveau des quartiers mais aussi des organisations telles que le DAL porteur d’une radicalité sur l’action pour le droit au logement. Mais il doit être ouvert aussi à des associations qui s’intéressent à la précarité dans son ensemble : gestionnaires comme la FNARS, d’étude comme la fondation Abbé Pierre qui peut apporter sa compétence mais aussi revendicative comme AC ! ou la LDH, ATD ou d’autres...

-  Les syndicats soit ceux des organismes HLM, mais aussi tous ceux du secteur de la construction dans sa diversité qui savent comment agissent les grands groupes et qui pourraient porter les exigences de contrôle des droits des salariés dans les entreprises et la sous traitance.

-  Les citoyens qui le souhaitent et qui s’engagent à y participer qu’ils soient membres des conseils de quartiers ou pas et les représentants des organisations politiques : c’est un bon moyen de les impliquer vraiment sur le logement

-  Cet observatoire devrait aussi être ouvert à toutes les professionnelles, tous les professionnels qui dans l’exercice quotidien de leur pratique professionnelle ont de choses à dire et qui ne peuvent les mettre en œuvre dans le cadre de leur emploi vu les contraintes imposées par les politiques publiques. Je pense en particulier à celles et ceux qui dans le travail social ressentent particulièrement les violations du droit au logement sans pour autant être capables d’y apporter une réponse dans leur activité quotidienne.

-  Des chercheurs, universitaires qui veulent mettre leur savoir au service de la lutte pou le logement, et plus largement d’une autre ville pour ses habitants.

Voilà ce que la fédération propose à toutes celles et tous ceux qui veulent à la fois agir tout de suite, répondre à l’urgence sociale sur le logement, et participer ainsi à la construction d’une alternative pour rendre possible l’autre monde nécessaire pour nous éviter de sombrer tous dans la barbarie

18 mai 2009


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