Mardi 09 juin 2009
Europe Écologie a fait un excellent résultat aux élections européennes. Force est de le constater et de
l’analyser, tout particulièrement pour AlterÉkolo qui n’a pas soutenu cette stratégie qualifiée de "repli
environnementaliste".
Ce vent électoral est historique, il indique un basculement important dans l’opinion publique (il faudra
prendre le temps d’approfondir l’analyse : environnementaliste seulement ou réellement écologiste ?).
Il donne l’espoir de l’effritement du bipartisme qui peut changer la donne politique.
La faible participation bien sûr relativise ce score dominé partout en Europe par un renforcement des
droites et ultra droites, les forces politiques les moins à même de mettre en place la transformation du
mode de développement indispensable pour éviter la catastrophe climatique et la crise sociale, il y a
pourtant urgence.
Néanmoins un phénomène s’est produit qui devrait désormais mettre les questions écologiques au
cœur de toutes les décisions politiques. Celles et ceux qui cherchent depuis 20 à 25 ans à alerter ne
peuvent que s’en satisfaire. Il ne faut pourtant pas s’arrêter là. Car en 1992-3, l’écologie a aussi connu
des succès sans réellement réussir à peser sur les décisions politiques et la transformation de la socié-
té, et en ce début des années 2000, la comm’ et le greenwashing ont trop souvent pris le pas sur l’ac-
tion politique.
Nous restons persuadés que la seule approche environnementaliste ne peut contribuer à faire un socle
commun et pérenne qui apporte une réponse aux urgences planétaires. Une partie de cette approche
est reprise aujourd’hui par les puissances financières qui investissent des milliards d’euros dans les
énergies renouvelables avec une logique unique de profits.
Comment utiliser ce résultat
pour renforcer la transformation de la société ?
Durant les cinq prochaines années la pauvreté mondiale, sous l’effet de la crise, va malheureusement
augmenter, car entraînée par un modèle économique inadapté à la réalité du monde dont on voit au-
jourd’hui les limites.
À Europe Écologie, des voix s’élèvent pour dire : il faut être de ce combat social en pérennisant l’ou-
verture ET élargir aux syndicats et associations qui se préoccupent de ces questions et sont mobilisées
dans les luttes et appels contre la dérégulation et la démolition sociale. Il faut soutenir cette volonté.
Alter Ékolo et les sensibilités regroupées dans ADEP (courant chez les verts) doivent en interne
comme en externe participer à l’élargissement aux mouvements et aux forces politiques qui s’en
préoccupent.
Les débats sur les relations entre Europe Écologie et des Verts risquent d’être pesants, celles et ceux
d’entre nous qui ont participé aux Collectifs unitaires puis à la Fédération sont bien placés pour le sa-
voir. Pour autant, le dépassement de la forme parti est toujours une nécessité et une inconnue.
La Fédération a eu la sagesse de ne pas se lancer dans la campagne électorale pour préserver son
avenir. Il faut s’en féliciter. À d’autant plus forte raison que, si les résultats à la gauche du PS sont
analysés comme bons par chacun des acteurs concernés (le Front de gauche a bien marqué sa nou-
velle représentation ; le NPA a doublé le score précédent de l’extrême gauche et ne manque pas de
s’en targuer ; mais l’éparpillement des listes fait qu’ils sont encore très modestes.
La division met une fois de plus la gauche à terre.
Le combat pour l’unité devait être fait, et nous l’avons maintenu jusqu’au bout.
Maintenant, il faut
constater les dégâts de la division après chaque élection, une sorte d’impuissance et de démoralisation
épuisent les forces de transformations sociales écologiques et politiques qui sont prêtes aux rassem-
blements pour défaire le libéralisme et ses lois du système marchand, afin de construire une vraie al-
ternative.
Cette recherche d’unité des forces est impuissante devant la volonté de nombreux partis de
se compter. C’est plus qu’un problème de stratégie, c’est certainement un autre projet, car l’urgence
de mesures politiques appropriées pour lutter contre la misère, les inégalités et l’étendue des problé-
matiques écologiques, s’oppose à la radicalité des positions politiques qui conduit à la défaite du camp
de la transformation de ce système capitalisme. En privilégiant leur construction de vieilles structures à
celle d’un rassemblement riche de diversités, ils empêchent une vraie alternative de peser.
Il faut donc
intégrer cette divergence et faire, avec tous ceux favorables dès maintenant, un front permanent des
forces de transformations à longue vue sur le terrain politique et sur celui des mouvements sociaux.
L’essentiel : la transformation ici et maintenant de la société
L’essentiel est de répondre aussi pratiquement à l’interpellation des électeurs qui ont bougé (que ce
soit par conviction écolo nouvelle ou pour tacler l’incurie du PS ou autre...) plutôt que se lancer déjà
dans les manœuvres électoralistes de préparation des échéances suivantes.
Nous pouvons apercevoir dans Europe Écologie, le front de gauche, la Fédération, des regroupements
où il existe des aspects (pas seulement) pour tenter de construire des outils avec des diversités et ap-
porter des réponses politiques alternatives qui correspondent aux enjeux sociaux et écologiques avec
des formes d’organisation plus ou moins souple.
Nous pouvons voir aussi d’autres regroupements ou
nouvelles organisations certaines plus petites, mais dont l’apport des idées nous semble incontour-
nables (le PG, le NPA, les collectifs unitaires (CNCU), les Alternatifs, les communistes unitaires (ACU),
Utopia, les Décroissants, les écolos radicaux, les Altermondialistes, les non-violents, les antinu-
cléaires,...), nous avons entretenu, ces dernières années, avec toutes ces diversités des relations, des
discussions, réalisé des combats communs, nous pouvons même dire que nous avons "fourni" beau-
coup de militant-e-s, car les échanges et les liens ont permis d’essaimer des forces militantes en fonc-
tion des sensibilités dans ces différentes organisations. Ceci nous donne des responsabilités, car nous
pouvons et nous souhaitons être une des passerelles possibles pour aider à établir une liaison perma-
nente entres ces différentes forces, nous le ferons avec celles qui le souhaitent.
Nous devons interpeller Europe Écologie et les Verts pour que ce regroupement assume pleinement
l’approche sociale qui positionne le projet écologiste à gauche.
Nous devons parallèlement interpeller la
gauche de gauche dans toute sa diversité et sans à-priori.
Dans cette tâche nous comptons intervenir en priorité dans la Fédération. La Fédération qui se reven-
dique de "l’écologie politique", réalise une première étape de regroupement et doit aborder cette nou-
velle échéance politique pour aider à construire ce lien permanent avec les autres forces.
Fédérons-
nous ! Concrètement, elle devrait inviter tous les autres forces à constituer, suivant les formes qu’elles
détermineront, un cadre permanent de liaisons et de discussions pour intervenir dans les mouvements
sociaux, mais aussi dans les prochaines échéances électorales.
Ce double mouvement : interpeller Europe écologie / les Verts, interpeller la gauche de gauche / la Fé-
dération ; AlterÉkolo doit en prendre la responsabilité et démontre ainsi l’utilité de notre positionne-
ment politique complexe que nous avons choisi.
Nous ne sommes pas les seuls à l’assumer : Écologie
Solidaire et Utopia aussi veulent mettre l’écologie au cœur de la gauche et de son renouvellement.
Plu-
tôt que d’attendre l’improbable unité comme on attend Godot, la construction de passerelles est au-
jourd’hui essentielle pour redéfinir et reconstruire la gauche, la refonder !
Une période historique, celle du productivisme (qui a débuté au XIXème siècle), est en train de se re-
fermer.
Reste à inventer un mode de développement, un projet politique qui donne à rêver et à agir. Et tout
est à faire !