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Débordements de la haine de classe

 

Jean-Francis PECRESSE est éditorialiste du quotidien «  les échos   » qui se fait l’interprète des intérêts bien compris des milieux d’affaires . Il vient de rédiger un édito appelé « débordements » où il perd toute mesure et rompt avec le sérieux qui faisait la réputation de ce journal qui se veut différent d’un Figaro ou de TF1.

Il est intéressant d’analyser le discours tenu ( ceux qui veulent le texte complet se reporteront au site des échos et aux œuvres complètes de Pécresse ( décidément un nom qui n’incite pas à la réfléxion...)

Contentons nous ceci de quelques extraits significatifs de la nervosité qui gagne ces milieux privilégiés face au mouvement social aujourd’hui.

Voci une photo parue dans le New York Times :

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Workers blocked fuel storage depots in Caen, in northwestern France, on Monday to protest pension reform. Labor unions have called for national work stoppages on Tuesday.

La caricature, l’amalgame et autres procédés employés dans cet article sont l’expression de l’incompréhension de ceux qui majoritairement refusent cette réforme. Pécresse s’était déjà dévoilé dans un article intitulé « erreurs de jeunesse  » qui « expliquait » pourquoi les jeunes ses trompaient de combat : il faisait partie du chœur de ceux qui dénient aux lycéens le droit d’avoir une opinion.

« le mouvement d’opposition à la réforme des retraites, dans ses formes les plus extrêmes, est entré dans une troisième phase aiguë et imprévue : la délinquance. Comment qualifier autrement les actions, ou plutôt les exactions, auxquelles se livrent depuis ce week-end, sous couvert de syndicalisme, quelques groupes d’irréductibles agitateurs mus par le vain espoir de voir s’installer un nouveau désordre économique ? »

Ce dont il s’agit ici c’est du blocage des dépôts mais aussi de la grève dans les raffineries « .. la loi de la République ni la convention implicite des conflits sociaux n’autorise à bloquer une raffinerie de pétrole, un dépôt de carburant, à entraver une voie ferrée ou un axe routier. »

Ceux qui bloquent les raffineries ou les voies ferrées ce sont bien des grévistes et Pécresse se livre bien à une attaque en régle du droit de grève... du moins quand l’exercice de la grève a des effets sur le fonctionnement des entreprises.

Il retrouve là les accents classiques du patronatne doit pas géner la production !

Mais Pécresse ne se contente pas du dénigrement patronal habituel de la droite et du patronat. Poussé par le dépit de voir un mouvement qu’il craint se prolonger voire se renforcer, il nous entonne le grand air de la défense de la démocratie menacée.

Ce faisant c’est une singulière conception de la démocratie que défend Pécresse, celle d’un système politique qui se garantie contre le contrôle des citoyens et remet tout le pouvoir sans possibilité de critique à l’exécutif

« L’un de ces premiers devoirs (on notera ici que le citoyen salarié a d’abord des devoirs et que ses droits ne sont me pas évoqués face à un Etat qui pratique l’arbitraire) est, comme partout en démocratie, de s’en remettre à la légitimité supérieure du politique ( une fois élu le politique détient une légitimité supérieure qui lui permet de faire ce qu’il veut et de revenir comme Sarkozy l’a fait sur ses propres promesses concernant la retraite)... Pour contester l’action d’un pouvoir librement élu, le temps long de l’élection doit l’emporter sur l’impatience de la rue ( qu’en termes choisis ces choses là sont dites : vous avez voté vous devez obéir à ceux que vous avez élus et abdiquer tout jugement toute capacité à faire entendre son avis quand le pouvoir devient autiste).

Vraiment la démocratie est à reconstruire, les néolibéraux l’ont laissé dans un bien triste état !

Et après l’appel à la démocratie qui privilégie le fonctionnement formel d’institutions même si ces dernières ont perdu la légitimité populaire ce qui est le cas aujourd’hui, Pécresse lance un appel angoissé à l’union sacrée pour la défense du Capital : « Un autre de ces devoirs, que l’on n’ose appeler le sens de l’intérêt général, devrait être de ne pas chercher tous les moyens de paralyser l’économie - en la privant par exemple de son carburant au sens propre -, au moment où l’appareil de production se relève à grand-peine de sa pire crise depuis près d’un siècle. »

En passant Pécresse oublie les responsables de la crise, les fonctionnement me du système financiers capitaliste et donne l’impression que « l’appareil de production » si malmené par la finance est victime d’une catastrophe naturelle qui justifie l’état de nécessité : comme si les entreprises avainet subi inondation ou tremblement de terre.

La conclusion est un vibrant appel à la répression, les capitalistes en appellent au rétablissement de leur ordre celui qui leur permettra à nouveau de faire ce qu’ils veulent : « L’état de nécessité économique justifie l’usage de la force publique pour éviter à des milliers d’entreprises une nouvelle épreuve ».

Au bout du compte Pécresse nous rend un grand service : il nous montre comment les mouvements actuels sont redoutés par les possédants et combien il craignent notre force collective.

Il nous indique aussi la stratégie à suivre : des blocages ciblés qui désorganisent un système économique rendu fragile par ce qui semblait faire sa force : les flux tendus, le contrôle du temps et surtout le regime de peur qui empêchait les gens de bouger Toutes les grèves, toutes les manifs, toutes les actions de blocages...sont redoutables

Ceux d’en face le savent.

Soyons en nous même conscient pour éviter de sombrer dans la désespérance : nous leur faisons du mal et il faut continuer

19 octobre 2010


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