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Rectification

Courrier envoyé à Liberté

Liberté dans un article consacré à l’affaire Bénomari devant le conseil municipal de Caen, reprend la seule version de Mme le Brethon. Vous trouverez ci-dessous la lettre de rectification des faits que j’ai envoyé au journal.

 

Monsieur,

Il est toujours possible, pour un journaliste, de porter une appréciation négative (et ici c’est un euphémisme !) sur l’action et les interventions des élus. Il lui est toujours possible de juger que poser la question des droits des étrangers et se battre contre leur expulsion relève de l’exploitation de la misère humaine...

Votre article se fonde, sans réserve, sur les "explications" de Mme le Brethon sur cette affaire. Sans doute nous n’avons pas été suffisamment clair dans nos interventions, mais j’ai dit en séance que Mme le Maire se réfugiait dans le formalisme dans sa réponse. Dans le climat de tension crée, il était sans intérêt de pousser plus loin la polémique parce que notre souci était encore d’éviter et avec l’appui du maire s’il le fallait, la reconduite de Mr Benomari, énorme gâchis humain et absurdité puisqu’il reviendra dès la naissance de son enfant en toute légalité.

D’autre part je vous ai envoyé la lettre pour contrebalancer la lecture partisane qui en était faite en séance.

Je me permets de rectifier un certain nombre de choses en me servant du texte même de cette lettre en italiques :

« C’est avec stupeur que nous avons appris les conditions d’arrestation de Mr Rachid Benomari, et plus précisément de sa compagne, dans les locaux de l’hôtel de ville alors qu’ils venaient procéder à la reconnaissance de leur enfant au service de l’état-civil »

. Chacun peut voir que nous ne disons pas que Monsieur RB a été arrété mais sa compagne que nous appellerons L. pour respecter son anonymat. C’est à la suite de l’interpellation de celle ci que RB a été arrêté à Hérouville par la suite. Une chose est évidente : cette arrestation de RB entraînant la procédure de reconduite à la frontière n’aurait pas eu lieu n’aurait pas eu lieu sans les "évènements" du 12 septembre qui se sont déroulés dans les locaux municipaux.

"Une intervention policière de ce type dans les locaux municipaux est intolérable".

Mme le maire nous a accusé de mentir : il n’y aurait pas eu d’arrestation de L. dans les locaux municipaux. C’est jouer sur les mots. Dans les locaux municipaux un policier à demandé à L. de le suivre au commissariat. Et ce serait seulement là que lui aurait été notifié qu’elle était entendue comme témoin. Je crois qu’on ne peut pas se réfugier derrière la forme : L. a bien été de fait interpellée au service de l’état-civil. Peut on demander à une personne de 20 ans qui ne plus est choquée par ce qui se passe (et en particulier la fuite de son ami qui craint l’arrivée de la police) de ne pas se croire obligée de répondre à une "invitation" d’un policier qu’elle assimile à une interpellation ? Voilà pourquoi j’ai évoqué lundi le formalisme .

"Nous vous demandons de faire toute la lumière sur les conditions de recours et d’intervention de la police."

Nous n’avons jamais privilégié une hypothèse ou une autre dans cette affaire parce que nous voulions être prudents et éviter de mettre en cause rapidement des personnes, Marie-Jeanne Gobert l’a dit dans son intervention. Mme Le Brethon aurait pu chercher à savoir, autre hypothèse, si un policier de la brigade des étrangers, ou un autre fonctionnaire de police, stationne en permanence dans les locaux de l’état civil pour attendre les étrangers en situation irrégulière. Ce n’est pas si absurde : les policiers sont trop mobilisés, aux dépends de leurs autres missions, dans une chasse aux sans papiers.

C’est Mme Le Brethon qui a transformé cette phrase en mise en cause du personnel municipal. Pourquoi ? Il ressort de la communication du maire que le personnel aurait agi sur ordre du procureur de la république. Mais j’écris cela avec réserve puisque Mme le Brethon a tellement compliqué l’affaire en évoquant des projets de mariage antérieurs, qui n’ont rien à voir avec la déclaration de paternité que nous n’avons pas eu de réponse claire à un fait précis : pourquoi la déclaration n’a pas pu se faire ce jour-là, pourquoi ont ils attendu autant, alors qu’elle s’est faite le samedi suivant sans problème en présence de l’avocat de Mr Bénomari ? Au bout du compte nous ne savons pas ce qui s’est passé. Mais nous savons que des lois de ces dernières années instrumentalisent les mairies et les services municipaux dans la recherche des étrangers. Mais tout cela, le débat de fond, Mme le Maire ne veut pas le mettre sur la table et par une manœuvre politicienne, elle a fait semblant de croire que notre question visait le personnel de l’état civil et elle-même.

"Ou de nous dire si la dénonciation d’étrangers en situation irrégulière est une décision politique de votre part."

Ce n’est pas un problème de personne dont les qualités de coeur seraient mises en cause : ce n’est jamais ma manière de poser les problèmes. Les qualités personnelles ou les défauts ne font pas une politique. Mais je continue à penser que les caennaise et les caennais ont besoin de savoir ce que leur maire pense de la chasse à l’enfant déclenchée par un « ministre-chef de parti-candidat » qui se fait ainsi une publicité électorale à bon marché.

Il avaient besoin de savoir si la municipalité UMP était partie prenante active de cette politique : nous avons eu une réponse négative nous en donnons acte à Mme le Brethon. Et ça aurait été plus simple de le dire sans s’effrayer du mot dénonciation : la loi de prévention de la délinquance, le comportement antirépublicain de Sarkosy sur l’indépendance du pouvoir judiciaire, sont lourds de menaces. La soumission des secteurs de la santé de l’éducation et du travail social à la logique sécuritaire et policière créé bien une logique de dénonciation. L’atmosphère xénophobe générée par les lois en vigueur depuis des années, et par l’attitude du ministre a imprégné toute la société française.

Que Mme Le Brethon n’en veuille pas, c’est son droit et c’est tout à son honneur.

Mais, pour être vraiment crédible, il faut que la droite républicaine, dont elle fait partie, mette un coup d’arrêt à la logique de droite extrême de Nicolas Sarkosy.

En espérant avoir répondu à vos intérrogations, recevez , Monsieur, mes salutations

Etienne Adam

7 octobre 2006


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