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Pour une assemblée unique du refus

Robert GUEDIGUIAN

 

Pour la première fois de ma vie, je ne voterai pas communiste... Ni pour le Parti communiste, ni pour la Ligue communiste. Tous les arguments, les bons et les mauvais ont été développés ces jours-ci. N’en ajoutons pas. Soyons tranchants.

Les collectifs du non, seuls, ne sont rien. Le parti communiste, seul, n’est plus rien. La ligue, seule, ne sera plus rien demain.

Ces trois forces là réunies, auxquelles s’ajouteraient, à l’évidence, les écologistes persuadés que la gauche et la droite n’ont pas, par essence, le même rapport à l’intérêt général (genre Noël Mamère), et les socialistes qui, pour citer Jaurès, comprennent le réel, sans oublier leur idéal (genre Jean-Luc Mélenchon), formeraient la représentation politique de tout le mouvement social qui dit non.

Non à l’expulsion des enfants sans papiers, non aux contrats précaires, non à la liquidation du statut d’intermittent du spectacle, non à la constitution européenne (dans la version proposée jusqu’à alors)...

Je continue à croire que ce mouvement d’opposition constitue le quart de la population française. Pardonnez moi ce chiffre mais dans cette période électorale et « sondagière », il faut en passer par là pour se faire entendre.

Ce peuple est uni grâce à une culture du refus du réel tel qu’il est, autrement dit une culture de l’engagement permanent et grâce à une volonté de partager les richesses. Entre parenthèses, il est sûr que le SMIC demain à 1.500€ brut ne changerait pas d’un iota les lignes générales de l’économie française. Il s’agit de morale et pas de rationalité économique. Encore que, la consommation augmenterait... et ainsi de suite.

Pour cette assemblée du refus et du partage, il ne s’agit pas de prendre le pouvoir, il s’agit de prendre du pouvoir, du poids. Il s’agit de peser dans le rapport des forces que le pouvoir sera contraint, comme de toute éternité, de gérer.

La ligue et le parti ont un capital qui fond à vue d’oeil. Ils vont à la faillite depuis longtemps. Combien de temps leur faudra-t-il pour comprendre qu’ils doivent se retirer, se déclarer eux-mêmes faillis, pour pouvoir conserver leurs actifs, c’est-à-dire pour que leur histoire, leur tradition se perpétuent dans une forme nouvelle.

Je sais que, sans les forces de ces deux partis, les collectifs du non n’auraient pas existé. Mais, sous leurs bannières, ils n’auraient pas existé non plus. C’est un paradoxe qu’il faut avoir le courage et l’intelligence de dépasser sous peine de mort annoncée de toute la gauche.

Olivier Besancenot et Marie-Georges Buffet doivent se retirer au profit de n’importe quel autre candidat... On pourrait aller jusqu’à imaginer que le (la) candidat(e) choisi(e) soit en permanence accompagné(e) d’un autre prétendant non retenu... Pourquoi pas ?

C’est le seul moyen de poursuivre le processus de réinvention d’une gauche radicale.

C’est aussi le seul moyen pour que ces deux partis survivent.

Robert GUEDIGUIAN

14 décembre 2006


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