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Nous ne voulons pas être réduits à faire de l’humanitaire pour les personnes précaires

Lettre aux élus des salariés du secteur de l’insertion

 

Lettre ouverte à Mesdames et Messieurs les Elus,

Le travail social, c’était permettre aux personnes en difficulté de retrouver une place dans la cité.

AUJOURD’HUI, NOUS N’EN SOMMES PLUS LA :

-  Quand il n’y plus de logements pour les pauvres,

Le département du Calvados a financé 61000 nuitées d’hôtel en urgence en 2004 et 73000 en 2005 faute d’autres solutions pérennes.

Tous les dispositifs d’hébergement sont saturés. Les listes d’attente s’allongent du fait des séjours qui durent car le logement social ne répond plus à ces demandes-là.

Au final, des SDF de plus en plus nombreux et un dispositif social complètement engorgé.

-  Quand les structures ne peuvent plus accueillir les personnes qui en auraient le plus besoin,

Le manque de solutions à la sortie de nos structures empêche un turn-over rapide. Pendant ce temps, d’autres personnes attendent beaucoup trop longtemps et s’enfoncent davantage dans la précarité. Parallèlement, pour accéder à une quelconque aide, le passage par les services sociaux devient quasiment obligatoire ce qui encore un peu plus les services (par exemple, les « nouveaux travailleurs pauvres »)

-  Quand un marché du travail exclut et renvoie des personnes vers nos structures,

La précarisation des contrats de travail, l’hyper sélection à l’embauche, le faible niveau de rémunération conduisent nombre de personnes dont beaucoup de jeunes vers nos structures alors qu’elles auraient toute leur place dans notre pays.

-  Quand les structures n’ont plus d’issues à proposer,

Parce que les politiques font d’autres choix financiers (baisse des impôts, augmentation des exonérations aux entreprises,...) que d’aider les personnes les plus en difficultés.

Parce que l’activité économique est insuffisante.

-  Quand les financements sont conditionnés à faire du chiffre sur des objectifs irréalistes et contradictoires,

Il n’y a aucune cohérence dans la lutte contre la pauvreté. Chaque financeur ne voit que « son public », au risque d’exclure les autres. L’évaluation des services et l’obligation de résultats quantitatifs sont établis dans un but de réduire les financements sous couvert d’un meilleur service

-  Quand les travailleurs sociaux eux-mêmes sont dans la peur du lendemain,

Des salariés sont trop souvent en situation de précarité pour accueillir des personnes en difficultés : contrats aidés (CAE/CAV), CDD, crainte de pas voir le renouvellement des conventions. Nous fonctionnons « à vue » avec gel des postes.

Quand tous ces éléments sont réunis,

Comment ne pas s’étonner que les personnes accueillies dans les services se sentent de plus en plus insécurisées car sans perspective, avec l’idée de n’avoir leur place nulle part.

La précarisation de l’environnement favorise l’insécurité et provoque encore plus de mal-être (problème de santé, petite délinquance,...).

Les personnes sont de plus en plus fragiles, ne réagissent plus. Elles sont désabusées, désespérées.... Et culpabilisées par la vindicte publique de ne pas trouver un travail qui n’existe pas !!

Mesdames et Messieurs Les élus,

Nous, salariés des secteurs de l’insertion (services de tutelle, CHRS, ateliers d’insertion, services sociaux de secteur, FJT, mission locale, accueil d’urgence, services judiciaires, ....)

vous alertons sur la gravité de la situation.

Agissez, prenez vos responsabilités, mais ne dîtes que vous ne savez pas !!!

30 mai 2006.

Contacts : Yves MACE - 0630131238 / Lysiane DREAN - 0664756443

28 juin 2006


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