Accueil > Penser Global > retraite à 60 ans à taux plein !

Questions après le 7

 

La décision de l’intersyndicale de n’appeler à une nouvelle journée d’action que le 23 septembre soulève bien des critiques et des interrogations.

Le débat sur cette décision est nécessaire, loin de démobiliser il ne peut que contribuer à une nouvelle mobilisation.

Apportons donc notre contribution à ce débat.

Il serait contradictoire avec notre démarche -qui vise à mettre en cause la subordination du syndicat et des autres mouvements sociaux au parti- de prétendre donner des leçons d’action syndicale.

Par notre expérience des responsables syndicaux, nous savons que, face à un mouvement social d’une telle ampleur, les formules simplificatrices, les procès d’intention sur le grand air de la trahison n’ont pas d’intérêt. La prise en compte de la diversité du salariat pour construire l’unité nécessaire, savoir gérer la diversité, les contradictions , n’est pas chose facile.

Pourtant nous ne pouvons pas nous taire sur les interrogations que les décisions de l’intersyndicale suscitent dans de nombreux secteurs de l’opinion militante. Mais aussi au delà, chez celles et ceux qui sont neufs dans l’action.

Beaucoup ont le sentiment que la dynamique du 7 septembre risque de ne pas survivre à une telle programmation de l’action dans le temps.

Car il y a bien une dynamique du 7 et au delà des mobilisations et de leur réussite, c’est l’opinion dans son ensemble qui bouge : plus de 60% de la population appelle à la poursuite de l’action, voilà aussi un résultat de la journée.

Nous comprenons bien les enjeux de la prochaine mobilisation et la nécessité de bien préparer pour « faire mieux ». Mais n’est ce pas là s’enfermer dans une conception trop classique de la communication syndicale ? Celle qui, nous le savons bien, prend du temps pour redescendre dans les fédérations les syndicats ou les sections. Le succès de la journée d’action du 7 ne montre t-il pas que la mobilisation passe aussi par d’autres canaux plus immédiats ?

Il y a dans ce pays une attente sociale qui ne comprend pas nécessairement les délais de fonctionnement de la mobilisation syndicale d’entreprise, espérons qu’elle se détournera pas de l’action pour autant.

Avant la réunion intersyndicale, la proposition d’une journée de manifestation un samedi ou un dimanche a circulé. C’est une modalité qui a déjà été expérimentée avec succès en novembre et décembre 1995, elle permet la participation des « exclus de l’action syndicale en semaine », les salariés de ces déserts syndicaux que sont les petite boites et certains secteurs où le syndicalisme est banni. Pourquoi ce type d’action n’a pas été retenu ?

Il serait bon de s’expliquer là dessus si l’on ne veut pas que toute cette population ouvrière, précaire se sente mise à l’écart :c’est un enjeu stratégique fondamental de la rallier à notre cause sur les retraites, c’est là que sont les premières victimes de cette réforme.

Mais c’est aussi l’occasion de réaffirmer que le syndicalisme est ouvert à toutes et à tous et pas seulement à celles et ceux qui le peuvent. Cet appel symbolique là, il ne faut pas le manquer !

Par rapport à la guerre éclair du gouvernement, ce calendrier est incompréhensible à priori, et il faudrait que les confédérations s’expliquent mieux sur leurs choix. Pourquoi ne pas avoir maintenu la pression pendant le débat à l’Assemblée nationale ? Nous avons pris note de certaines déclarations qui font du Sénat une Assemblée moins soumise que les godillots parlementaires. Mais cela ne change rien au fond : si le gouvernement fait du passage de la réforme des retraites le point obligé de la vie politique, c’est bien l’Assemblée qui aura le dernier mot.

Les syndicats doivent être clairs là dessus, expliquer leur stratégie à tout le monde et ne pas laisser dans l’ombre les informations nécessaires.

L’incompréhension de ce calendrier conduit nombre de citoyennes et citoyens , de militantes et de militants, de salariées et de salariés à douter des objectifs des syndicats : veulent-ils vraiment contraindre le gouvernement à revoir sa copie ?

Toute une presse joue sur cette suspicion qui frappe aujourd’hui toutes celles et ceux qui sont en situation de responsabilité, toute une presse cultive la thèse de la complicité des élites et des négociations sécrètes obligées.

Le syndicalisme a retrouvé une crédibilité dans l’action, il peut le perdre aussi vite, il n’est pas immunisé contre la méfiance qui frappe les politiques. Ce serait une catastrophe pour la démocratie et ouvrirait la voie aux solutions autoritaires de la droite.

Oui il faut ouvrir un débat public, ouvert à tous et à toutes, sur ce qu’il faut faire. Il faut faire confiance à l’intelligence de celles et ceux qui veulent changer les choses. Qu’il y ai des avis, des positions différentes c’est normal et sain que ces différences s’expriment : ce ne peut être un réel obstacle à une construction en commun.

Voilà ce que nous avons voulu engager par ce texte.

Nous espérons que notre craintes seront injustifiées et que le 23 soit un grand jour de mobilisation, ouvrant la voie au retrait de ce projet d e loi néfaste et injuste

11 septembre 2010


Format imprimable

Format imprimable