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Budget dogmatique et libéral

Intervention sur le débat d’orientation budgétaire conseil du 19 novembre 2007

 

Nous sommes en période préélectorale, et il ne faut pas effrayer les électeurs. Ce n’est portant pas à cela que se résume ce budget qui a le mérite de la cohérence avec les budgets précèdent et qui ne brille pas par son originalité.

Reproduire tous les ans les mêmes erreurs n’est pas un signe positif. Cette cohérence , cette obstination d’année en année, traduit une incapacité à prendre en compte les changements qui se produisent autour de nous, prendre en compte l’évolution des besoins sociaux et même les modifications du contexte dans lequel ce budget est fait.

C’est un budget dogmatique comme les autres, mais dont le dogmatisme est de plus en plus pesant, et lourd de conséquences.

Stabilité, stabilité, stabilité des taux,

Vous continuez à faire votre communication sur « la modération des taux d’imposition » comme si c’était là un objectif en soi, comme si le rôle de la collectivité locale se résumait à faire faire des économies à ceux qui payent les impôts locaux.

Ce n’est d’ailleurs pas parce que les taux restent fixent que les contribuables caennais payent moins d’impôts et que grâce à cela leur pouvoir d’achat augmente. Même si les impôts ne progresseront que de 1.5 % , beaucoup commence à trouver que c’est cher payer votre immobilisme.

En fait cette publicité sur les taux sert à faire passer, à cacher le désengagement financier de l’Etat organisé par votre majorité : le produit de la fiscalité sur les ménages augmente beaucoup plus que les dotations de l’Etat qui ne seront pas au niveau de l’inflation ; à moins que vous preniez comme argent comptant les prévisions fantaisistes de la cycliste Lagarde !

Parce que l’idéologie gouvernementale est à la réduction des dépenses publiques, au mépris du service public comme vous le dirons demain des milliers de nos compatriotes, pour baisser les impôts sur le revenu des plus privilégiés, l’Etat met à contribution les collectivités locales pour imposer aux villes de baisser aussi leur propres dépenses.

Dans le même temps, le désengagement se fait aussi par le retrait de l’Etat d’activités qui sont transférées aux collectivités locales.

Bien sur je comprend que vos amitiés politiques vous empêchent de dénoncer ce transfert sur les impôts locaux, plus injustes que ceux sur le revenu.

Mais vous ne pouvez pas ignorer qu’à terme, rapidement même, cette mécanique placera de façon encore plus poussée les communes devant le choix de limiter leurs dépenses ou d’augmenter les impôts : à moins d’envisager le partenariat avec le privé, la privatisation accrue des services publics qu’évoquait tout à l’heure Luc Duncombe ! il est vrai que l’heure de vérité sonnera après les élections !

A la poursuite du désendettement

La «  poursuite du désendettement » est l’autre grand pilier de votre com : à grands coups de diagramme dans la presse elle peut laisser croire que l’endettement est en passe d’être supprimé alors que c’est loin d’être le cas.

« ne dépenser que ce que l’on a » comme le dit notre collègue Detey nous met-il en capacité de répondre aux défis d’aujourd’hui ?

Peut on construire l’avenir avec les seules ressources du présent ?

Vous allez comme tous les ans essayer de nous apitoyer sur la dette que nous laissons à nous pauvres enfants.

Mais est-il préférable que ceux-ci héritent, parce que nous n’aurons pas pris les initiatives nécessaires, d’un environnement invivable et d’une ville où les jeunes ont de moins en moins de place ?

Nous mêmes payons les dettes que ce qui nous ont précédé, mais ils nous ont aussi laissé équipements collectifs, systèmes de solidarité dont tous profitent aujourd’hui.

Et à part ceux qui veulent, pour leur plus grand profit, détruire tout ce qui est collectif nous ne nous plaignons pas. Pourquoi les générations futures auraient elles des réactions différentes ?

En fait tout ce discours ne sert qu’à masquer votre manque d’imagination , votre manque de prospective et votre adhésion à l’idéologie de baisses des dépenses publiques.

Un dernier mot sur cette question : je vous l’ai déjà dit les années précédentes : pour réduire la charge de la dette on peut certes la réduire mais on peut aussi la renégocier. On pourrait aussi ne pas se contenter de paroles contre le comportement quasi mystique de la BCE qui fait le jeu des rentiers par ses taux.

Vous reconnaissez vous mêmes l’effet de la hausse des taux en 2006. Avec une forte mobilisation d’emprunt elle a conduit à une hausse des charges financière qui montre que le désendettement n’est pas la solution miracle.

La montée du % des taux variables dans les emprunts est inquiétant pour l’avenir ; n’y-t-il pas de votre part une sous estimation de la crise financière.

Mais tout ceci trouve une explication dans vos politiques prioritaires dont je retiendrai 2 : la solidarité et le développement durable :

Solidarité logement ?

Face à la crise du logement que subissent durement nombre de nos concitoyens et appelle, nous l’avons vu tout à l’heure, des réponses urgentes.

Même si la police met presque autant de zèle et de rapidité à confisquer les tentes qu’a chasser les enfants étrangers le problème des SDF demeure. Il n’est pas marginal, le mal logement devrait nécessiter des actions conséquentes.

Qu’avez vous prévu dans vos orientations budgétaires ?

L’imposition des logements vacants qui permet une « évolution dynamique des bases d’imposition » mais ne répond pas aux besoins de logement.

On dirait même que vous prenez votre parti de l’existence de logements vacants quand beaucoup sont à la rue ou mal logés.

Imposer c’est bien, réquisitionner ce serait mieux !

Le prêt à taux zéro est présenté comme votre réponse phare sur le logement. Je ne reviendrai pas sur le fond mais avec 0.0007 % du budget peut on vraiment parler d’une priorité ?

Avec entre 50 et 100 personnes concernées par an, c’est une goutte d’eau dans la mer des demandes de logement et aussi par rapport au nombre des jeunes qui partent vers d’autres communes ?

Dur le développement durable !

Avec la campagne présidentielle, le « grenelle de l’environnement » l’avenir de la planète était, parait-il, au centre des préoccupations de tous.

Qu’en est-il des moyens que vous prenez pour rendre effective cette priorité ?

Bien sûr, vous nous annoncez des actions « vitrines » : école de la Haie Vignée et le velib à la mode de Caen.

Sur ce dernier il aurait été bon d’accompagner cette mise en place rapide par une révision des pistes cyclables dont beaucoup bous disent qu’elles sont inadaptées aux besoins des cyclistes et peut être encore plus des occasionnels qui utiliserons le velib. Ce réaménagement a un caractère d’urgence qui devrait être une des priorités d’étude et de réalisation pour s’inscrire non dans le spectacle mais dans un vrai changement des modes de déplacement.

La politique d’économie d’énergie est trop vue sous l’angle budgétaire : contrer l’augmentation du prix de l’énergie.

Je ne sais pas, faute de détail si les politiques actives permettront d’atteindre la baisse fixée. J’ai quelques doutes dans la mesure où les gouvernements ne font rien et nous laissent subir la loi des grands groupes pétroliers qui accumulent les profits en spéculant à coeur joie sur un marché à terme totalement dérégulé !

Mais le développement durable va bien au delà des recherche d’économies : pour une ville cela implique de réduire l’usage de la voiture dans les déplacement urbains mais en compensation d’offrir à toutes et à tous des moyens de transport public collectifs à la hauteur du transfert souhaité....

Au moment où même votre gouvernement propose, par exemple, un plan tram que proposez vous en termes d’investissement, réponses à l’urgence écologique ?

Vous avez prévu « des crédits d’études pour préparer l’avenir ».

Pour étudier une ligne de tram, un nouveau système de bus en site propre, pour préparer le PDU de demain qui devrait se mettre en place sans tarder ?

Non le seul investissement lourd indiqué est le parking des fossés St Julien , c’est à dire de favoriser encore l’usage de la voiture individuelle en ville.

C’est cohérent avec ce que vous avez voté la dernière fois sur l’extension de Carrefour.

Mais c’est contradictoire avec l’avenir.

Monsieur le premier adjoint, félicitations. Vous avez réussi à faire encore pire que les fois précédentes : un budget du passé, crispé sur vos préjugés idéologiques et les acquis des lobbies, refusant l’ouverture sur l’évolution du monde et de la demande sociale.

Reste à espérer que votre budget du passé appartienne bientôt aux temps anciens et ne soit qu’un objet d’étude pour les historiens.

21 novembre 2007


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