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La négociation sociale au service du sécuritaire

Le comité de veille existe depuis 4 ans.

Il s’est donné pour tâche d’analyser, de surveiller l’évolution du travail social dans le cadre de la mise en cause de l’Etat social au profit de l’Etat pénal. Une veille professionnelle et citoyenne.

Il a participé à la lutte contre la loi "prévention de la délinquance" qui visait à transformer les travailleurs sociaux en indics de police.

Aujourd’hui il apporte sa contribution à la lutte contre la démolition par le patronat du secteur de la convention collective la plus importante du travail social.

Derrière la perte des acquis sociaux, c’est le statut professionnel, la conception même d’un travail social au service des personnes en difficultés qui sont mis en cause. C’est un débat éminemment politique puisqu’il touche à la manière dont une société traite celles et ceux que le fonctionnement de cette société laisse de côté ou exclue.

On voit avec "l’appel des appel" se construire un front de résistance et de réponse aux dégâts de la contre-révolution sarkozyste.

L’action du comité de veille se situe bien dans cette perspective dee lutte idéologique contre cette véritable régression intellectuelle qui nie des années de pratique et d’élaborations théoriques.

Quand on dit que Sarkozy fait une "guerre contre l’intelligence" ce n’est pas seulement parce qu’il est peu cultivé mais surtout parce que ceux qui ont le pouvoir veulent éviter que le plus grand nombre ait l’intelligence de ce monde : rendre ce monde intelligible c’est ruiner le pouvoir de ceux qui le dominent.

 

Réforme de la Convention 66 = Mise sous tutelle des travailleurs sociaux

On achève bien les chevaux....

Le monde, disait le MEDEF dans les années 2000, est désormais séparé en deux : Les risquophiles et les risquophobes. Les risquophiles ont effectivement pris tous les risques- s’ affranchissant allègrement du droit- ( mais la loi, on le sait depuis longtemps, n’est pas faite pour eux ). Et puis c’est bête, il y a eu la crise des « subprimes » et le séisme financier que l’on sait.

Oups ! C’est mal, disent les risquophiles en plein flag !!! C’est de la faute de ces trouillards de riquophobes : les salariés aux petits salaires, ou pire les chômeurs, les pauvres quoi !

Et l’Etat relaie l’offensive. Depuis les années 80, et cela s’ accélère, on assiste en France, comme du reste dans tous les pays occidentaux à une montée en puissance des discours et des politiques à la fois néo-libérales et sécuritaires, le tout faisant système.

Désormais, un nouveau vocabulaire s’ impose .

Le terme d’ égalité des chances (obligation de saisir sa chance ) remplace l’idée d’ égalité, notion jugée contre-productive parce qu’ elle ruine les bases de l’ émulation et de la concurrence. Responsabilité s’ écrit : accepter, adolescence : délinquance . L’ Etat, revenant sur le principe structurant de solidarité et de bien public, considère désormais tout un chacun comme seul responsable de sa réussite (économique) ou de son échec.

Le social sous pression

Un système de pression en cascade, des institutions aux « usagers » en passant par les professionnels s’impose, qui se traduit même par des objectifs chiffrés ( !!!) de résultats quand l’ économie, redevenue « réelle »( !) licencie à tour de bras ...pour ne parler que de cela .

En cohérence avec ces objectifs, s’ impose aujourd’hui les contraintes de l’ hyper-gestion . Traçabilité de la prestation (au coup de fil près), zéro stock mais... des flux de pauvres, d’ enfants et d’ adolescents en souffrance .

Les « publics » sombrent, nous on « trace ». Ça occupe et ça permet de ne pas trop voir...

On voit quand même un peu, ou beaucoup ! Alors on traîne un peu les pieds ou on déprime..

Bien « attendrie » ( merveille de la langue française ), la chair est molle. C’est le temps de l’estocade.

Si, mine de rien, on s’attaquait à la Convention de 66 !.

La remise en cause de tous les acquis sociaux (congés, ancienneté, protection sociale, etc...) est connue. Ce qui s’esquisse derrière est plus subtil. On sent une volonté de mise sous tutelle des professionnels. Les outils ? C’est d’abord le principe des accords d’entreprise. Dans la situation de concurrence où les établissements du secteur social se trouvent aujourd’hui c’est la possibilité pour une structure-employeur d’emporter le « marché » en ayant au préalable « négocié » des coûts (du travail) à la baisse avec ses salariés. Nos employeurs anticipent-ils les préconisations des directives européennes visant la marchandisation des services publiques ?

Nouvelle devise :concurrence, individualisation, conformité

Mais c’est aussi l’individualisation des horaires, des missions et des salaires dans le cadre de négociations individuelles. Détruire les collectifs et favoriser la concurrence inter-individuelle est une recette qui a fait ses preuves. Pourquoi s’en priver dans un secteur comme le notre où pourtant on sait tous l’importance du travail d’équipe ?

C’est encore opérer des classements en fonction de l’emploi occupé sans référence obligatoire au diplôme obtenu. Les formations ont ceci de particulier- et peut-être aujourd’hui de dérangeant- qu’elles sont l’occasion de questionner le réel et donc de se forger une opinion sur son environnement. Elles ont pour fonction de donner à la qualification une certaine universalité et non une spécialisation étroite adaptée à un travail précis. On voit en effet le problème !!!!

Quand dans l’article 2 du projet on lit : « Le salarié exerce ses fonctions en conformité avec le projet d’ association » on se demande du coup s’il ne s’agit pas d’un acte manqué réussi.

L’objectif c’est bien de rendre dociles les professionnels, de les soumettre aux logiques d’un système -au reste en faillite.

Au bout du compte les salariés perdront tout statut professionnel permettant l’autonomie dans le travail, leur précarisation permet de s’assure leur docilité au sale boulot que certains veulent leur faire jouer.

►Demandons des comptes aux associations employeurs.

►Quels projets associatifs, quel projet de société défendent-elles ?

►Le projet de réforme de la CC66 est une véritable provocation vis à vis des professionnels comme des usagers, et une trahison de tout ce qui s’est fait dans notre notre secteur

Au nom de ce dont nous sommes garants vis-à-vis des usagers, refusons-la en bloc.

Le Comité de Veille de Basse Normandie

Pour en savoir plus :

-  un 4 pages d’analyse de la démarche des syndicats employeurs : " soumission : abus de langage ou logique de gestion "

-  l’intervention du Comité de veille à l’AG intersyndicale des salariés du social le 5 février

2 mars 2009


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