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Pour ouvrir le débat sur les prochaines échéances électorales : 2008 cantonales et municipales

Texte pour la ccordination des collectifs

 

Les enjeux des élections locales pour les collectifs.

Nous souhaitons fédérer, associer mouvements sociaux et citoyens aux batailles politiques. Pour ce faire, nous ne pouvons sous-estimer l’importance des prochaines élections locales.

Pour la gauche traditionnelle elles ne sont que trop souvent des bases de départ et d’appui pour les carrières politiques et l’extrême gauche traditionnelle n’y voit que l’occasion de faire de la propagande.

Ces conceptions sont victimes de la « centralisation » du système politique français : les seules élections importantes, déterminantes seraient les élections nationales qui peuvent modifier le gouvernement et peser sur l’Etat central. C’est faire preuve d’une absence d’analyse concrète de l’appareil d’Etat, du système politique et de la construction de l’hégémonie politique et du champ du débat public.

Si l’on veut faire de la politique autrement, il faut se sortir de cette conception centralisée qui favorise la délégation en politique : les niveaux locaux sont ceux où l’association des citoyens aux décisions publiques devrait être le plus accessible à cause de la proximité. (Celle-ci n’est pas une garantie absolue : voir le caractère « présidentiel », antidémocratiques des collectivités locales contre lequel il faudra aussi se battre, des dispositifs comme les communautés d’agglo constituent un désaisissement du pouvoir démocratique). C’est peut être le niveau où l’association des citoyens à la gestion de l’espace public est sans doute le plus accessible, apparaît une perspective moins lointaine pour une majorité de gens.

Dans la tradition politique les élections locales ne sont pas considérées comme « réellement politiques » mais comme gestionnaires et administratives.

Nous devons combattre cette conception dépolitisante des affaires publiques qui conduit à exclure les citoyens des décisions publiques au profit d’une prise en mains par les experts. Le libéralisme dans son hégémonie politique s’appuie aussi sur cette gestion purement technique pour justifier par ce réalisme gestionnaire sa légitimité : notre objectif est bien de repolitiser les débats locaux et de proposer des alternatives au quotidien qui sont des supports à notre lutte idéologique contre le libéralisme.

Enfin ce qui se joue dans les élections locales c’est aussi notre capacité d’être en relation avec la société, de vérifier nos propositions en les confrontant au peuple, de dire ce que l’on veut dans la société. C’est aussi faire prendre le risque de mettre à jour des divergences au sein des collectifs largement masquées par les discours généraux qui parlent du national. Mais en contrepartie c’est l’occasion de problématiser, de gérer nos différences et d’avancer dans des réponses communes

Les 4 axes possibles pour une stratégie d’intervention dans ces élections

L’intervention des collectifs dans les élections locales quelle que soit la forme (présentation de listes, participation à des listes d’union, ou non participation) pourrait reposer sur 4 axes stratégiques à mettre en œuvre et à expliciter entre nous pour fonder notre stratégie dans ces élections :

-  compte tenu du calendrier électoral elles peuvent être une légitimation supplémentaire du sarkozysme ou contribuer à révéler que la crise de représentation politique persiste (ce qui est le cas). Un échec cuisant de la droite rouvre une crise de représentation : c’est une bataille politique essentielle que de contribuer à cette crise de légitimité, de reposer la question de la légitimité et de contribuer à offrir une traduction politique à la mise en cause de cette légitimité déjà faite par les mouvements sociaux. Comment participer à cette bataille, pour ne pas laisser les forces de gauche traditionnelle s’en charger seuls et conforter ainsi leur seule légitimité : c’est aussi une bataille pour l’hégémonie à gauche.

-  la déconstruction idéologique de la droite au pouvoir, la bataille idéologique (que nous avons trop négligé dans la période antérieure) contre le sarkozysme passe par notre capacité à répondre à des positions politiques qui ont fait son succès stratégique y compris auprès de certains salariés en jouant des divisions salariés occupés-chômeurs.

Le traitement des pauvres par les collectivités locales participe très largement à la construction (et bien sûr à la déconstruction) de la notion d’assistance opposée à la valeur travail à la mode sarkozyste. C’est dans le fonctionnement concret du RMI, de l’aide sociale que passe le discours idéologique sur les chômeurs coupables de leur état : sortir du discours libéral nécessite de proposer dans la gestion des conseils généraux des alternatives radicales à ce qui est proposé. (voir le texte du camarade du Gard).

De la même façon la gestion de l’aide à l’enfance par les conseils généraux ou de la prévention de la délinquance par les maires participe à la construction et au fonctionnement du libéralisme sécuritaire. Il y a là une bataille politico-idéologique à proposer aux mouvements sociaux et citoyens que nous sommes sans doute les seuls à pouvoir mener.

C’est tenir compte des contradictions possibles dans les appareils d’Etat et les appareils politiques et vouloir peser sur ces contradictions non pas de l’intérieur (avec des élus exemplaires qui en subvertiraient le fonctionnement) mais en y associant les mouvements sociaux et les mobilisations citoyennes. Nous devons pour cela approfondir ensemble l’analyse du fonctionnement des appareils d’Etat et politiques.

-  c’est aussi l’échéance où la question des quartiers populaires, peut être posé autrement qu’en termes abstraits mais en faisant participer les habitants de ces quartiers à partir de ce qu’ils veulent : de ce fait c’est la possibilité de donner une place autre que symbolique aux représentants des populations issues de l’immigration. Dans le même domaine de changement de la culture et de la pratique politique, la place des femmes doit être réaffirmée, la parité officielle n’a pas tout réglé (dans les villes de 3500 ce n’est pas une obligation, il nous faut des listes paritaires). Cet objectif de démocratie visant à une juste représentation nous oblige à poser comme une exigence le refus du cumul et le statut de l’élu(e). -une de nos faiblesses, c’est notre manque de crédibilité comme acteur politique y compris auprès de ceux qui nous regardent avec sympathie : les élections locales sont donc aussi l’occasion de montrer, de faire la démonstration que d’autres choix sont possibles, que l’on peut faire autrement que la gestion libérale des villes et des départements et que des alternatives solidaires existent, proposer d’autres solutions plus efficaces, plus économes écologiquement et socialement etc. C’est l ’échéance politique dans laquelle il est le plus facile de lier social et environnement.

Il ne s’agit pas de surestimer les marges de manœuvre des élus municipaux, mais des propositions existent de la petite enfance à la politique de transport, de l’aménagement du territoire à l’urbanisme et au logement qui permettent de changer concrètement la situation des habitants.

Ce doit être l’occasion de mener un véritable travail d’éducation à un autre possible.

Un objectif est essentiel, celui de l’expérimentation démocratique, pour montrer qu’un autre fonctionnement politique peut exister que le présidentialisme entrepreneurial de Sarkozy ou l’esprit de boutique à gauche.

Le fil rouge de notre intervention doit être la démocratie pour proposer une réappropriation de la ville par les citoyens, c’est aussi accroître les possibilités de faire des alternatives ne s’appuyant sur les citoyen et non sur la délégation et les seul pouvoir (largement illusoire) des élus

Comment mettre en commun ces propositions, comment les hiérarchiser et les lier à une autre vision du monde ? Tel devrait être l’objet d’un groupe de travail issu de notre réunion des collectifs. Il faudra également réfléchir au travail en direction de la population et des associations et donc dans notre groupe de travail comment faire participer certaines associations ?

Il ne s’agit pas de fournir à tous un programme municipal ou départemental clefs en mains mais de fournir des outils qui peuvent être utilisés dans le cadre des stratégies locales qui ont des priorités différentes que doivent se fixer démocratiquement les collectifs. En particulier, la hiérarchie des priorités ne peut être semblable si on veut prendre en compte les mouvements réels de mobilisation sur les territoires.

Définir une stratégie nationale serait une erreur pour notre propre construction : si notre volonté est de fédérer, d’associer mouvements sociaux et citoyen aux batailles politiques, nous avons plus à proposer une démarche coordonnée autour des grands objectifs tels ceux ci-dessus qu’une stratégie politique au sens traditionnel (ce d’autant plus que nous affirmons laisser ouvert le débat stratégique dans notre proposition d’assises et que nous reconnaissons que nous n’avons pas de stratégie qui nous constituerait en organisation politique classique).

Ce que nous avons dit précédemment fourni le cadre d’une intervention politique dans les campagnes à venir, mais ne règle pas les formes que peut prendre cette campagne : participation (et de quel type ? pour présenter des candidats ou pour avoir des élus ?) ou non.

Quelques questions pour avancer ensemble sur la tactique électorale :

Aller aux élections locales est ce se situer dans notre logique de fonctionnement et de constitution des collectifs ? Est-ce une bonne manière d’assurer la continuité de leur intervention à un niveau électoral qui correspond mieux au caractère décentralisé de notre démarche ?

De plus, les élections législatives ont montré l’intérêt pour les formations politiques d’un ancrage local. Sommes nous d’accord pour assurer cet ancrage local et cela passe t’il par des élus ?

Cela mérite de réfléchir à la tactique en tenant compte du type d’élection.

Pour les municipales, soit que nous présentons des listes partout où nous le pouvons mais selon l’importance de la commune cela veut dire des élus ou pas d’élus du tout.

Soit que nous acceptons d’avoir des représentants dans des listes d’union mais alors sur quels thèmes et quelle sera notre autonomie ? Imaginons une liste PC/PS/verts et des candidats issus des collectifs quelles garanties que nous ne suivrons pas la pente de la gestion ?

Soit nous nous en tenons à l’affirmation de la gauche antilibérale et prenons comme option la constitution de listes antilibérales mais que faisons nous au second tour où il n’y a pas d’accord purement technique ?

Pour les cantonales, il est bien évident que nous ne pourrons être présents partout : quels choix faisons nous, quels types de coalition unitaires suscitons nous selon les endroits ? le cas est extrêmement différent selon la possibilité de participer à la majorité ou pas.

Le champ politique local, ou les champs politiques locaux, semblent plus à portée de petites organisations comme les nôtres que les échéances nationales qui mettent en jeu des moyens que nous n’avons pas. Au niveau local le poids des médias est différent, celui des réseaux de proximité aussi, à priori nous y avons plus d’espace y compris au sein de toute la gauche antilibérale. Pensons-nous être plus audibles dans ce type de scrutin ?

Il est illusoire de définir une stratégie nationale pour des élections qui se situent sur des champs politiques, dans des configurations politiques extrêmement diverses dont nous savons depuis les présidentielles que nous devons en tenir compte. Comment concilier entre nous références communes et tactiques locales différenciées ?

Des repères généraux tels que battre la droite sans accepter l’alliance avec le MODEM sont ils opératoires ?

Le groupe de travail sera chargé aussi d’animer ces débats, de susciter des témoignages ( en particulier d’élus et de militants sur les terrains du logement, des quartiers..., de faire la synthèse des réponses.

Quelques propositions à débattre :

-  Nous appelons l’ensemble des collectifs à intervenir dans le débat public à l’occasion des élections locales sur le thèmes évoqués plus haut dans ce texte et de rappeler d’ores et déjà que ces élections sont aussi un moment (avec les mouvements sociaux) pour remettre en cause la légitimité de cette droite dure.

-  Compte tenu de la diversité de situations locales,il appartient à chaque collectif de définir sa stratégie d’intervention et d’alliance quant à la présentation de candidats aux élections locales. Une autre attitude serait contradictoire avec notre démarche.

-  les système électoral pour les municipales et la composition des conseils rend possible une alliance avec les autres partis de gauche qui maintienne notre autonomie et ne nous place pas dans uns situation de caution ou de dépendance politique. La limite que nous mettons à ce type d’alliance est le refus d’une alliance au centre avec le MODEM.

22 novembre 2007


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