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Et la crise ? Et les précaires ? Et les pauvres ? Et tous les exclus du logement ? !

 

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En tant qu’ « Observatoire citoyen et associatif du logement et du mal logement » nous avons été conviés le 26 novembre dernier par CAEN-LA-MER à un séminaire sur le Programme Local de l’Habitat (PLH) :

vous trouverez la présentation de ce P.L.H. sur

http://www.caenlamer.fr/habitat.asp

Pour connaître ce qu’est un P.L.H. voir :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Progra...

Ce P.L.H. (Plan Local de l’Habitat) est un outil de la communauté d’agglomération pour prévoir les besoins et définir les grands axes de la politique de l’Habitat.

Dans ce cadre, les communes restent libres d’appliquer ou pas les dispositifs de ce plan avec, en plus, une dilution des responsabilités. Ceci rend donc plus difficile le contrôle et ne permet pas de sortir des égoïsmes de certaines communes telles BRETTEVILLE-SUR-ODON et MATHIEU qui en sont de parfaits exemples.

Nous aurions préféré l’élaboration d’un P.L.U. d’Agglomération (Plan Local d’Urbanisme) à l’exemple de celui mis en place en 2004 par la communauté d’agglomération de LILLE, lequel impacte 85 communes sur un territoire de 611 km2. Le P.L.U. est un outil de planification plus contraignant mais aussi plus lisible par les habitants donc permettant un débat public plus démocratique.

Ceci dit, nous partageons largement les éléments de bilan et les enjeux avancés dans le document :

-  Le marché du logement reste sous une tension due à l’augmentation des prix du logement ( entre 2004 et 2008 : +50% sur CAEN-LA-MER, avec à noter le double entre dans le secteur « CAEN » et la mer), le nombre des constructions a été divisé par 2 ( 38% sur CAEN) et par 3 pour les logements sociaux. Le parc social a constamment diminué depuis 1999)

-  Derrière l’enjeu démographique (garder des habitants pour garder les moyens de l’agglomération, ce qui devient crucial face à la politique de ruine des Collectivités locales impulsée par l’U.M.P. et Nicolas SARKOZY) nous sommes d’accords avec les objectifs de rééquilibrer l’offre de logement, d’aller dans le sens d’une offre conforme aux revenus des habitants et adaptée aux plus modestes.

Nous sommes intervenus pour dire nos craintes, qu’à partir d’un tel diagnostic, CAEN-LA-MER ne se contente que de combler une partie du retard accumulé par la gestion purement libérale de la majorité précédente.

Le scénario retenu est de réduire des 2/3 le déficit migratoire lié au départ de plus en plus loin de CAEN de personnes qui n’ont pas les moyens de se loger plus près et dans l’agglomération. Mais, ce scénario ne prend pas en compte les effets d’une crise dont on sait qu’elle va durer et avoir des conséquences en matière de coûts du transport.

L’incapacité des personnes à assumer des frais de déplacements de plus en plus élevés, la précarisation de l’emploi qui conduit au développement des temps partiels, voire très partiels, rendent de plus en plus difficile la migration hors de l’agglomération.

De manière plus générale, ce rapport ne tient pas compte de la précarisation de l’emploi que la crise ne va pas manquer d’accroître.

La mise à la porte des 800 intérimaires par Renault Trucks ne signifie pas seulement 800 chômeurs de plus dans l’immédiat : on peut faire l’hypothèse que cela se traduit dorénavant par une précarisation accrue de ces personnes (cette entreprise avait des intérimaires sur de longues périodes). Le "parcours résidentiel", avec ce qu’il suppose de capacité à se projeter dans l’avenir, ne peut se concevoir quand on est précaire. Cet état de fait représente déjà une bonne partie des salarié(e)s.

Cet impact de la précarisation sur le rapport au logement ne concerne pas seulement les salariés précaires, mais a aussi un effet sur une bonne partie des autres travailleurs qui se sentent aussi en situation « d’insécurité sociale et/ou professionnelle  ». Pour tous ceux-là, l’accession à la propriété (voire même la simple accession sociale) est bien éloignée de leurs préoccupations (plusieurs sondages font état de la crainte généralisée dans la population de se retrouver « sans toit »).

Dans ces conditions :

-   Ne planifier seulement que 30% des constructions pour des logements sociaux (tous types confondus) est très insuffisant par rapport à la nécessité de créer les conditions du droit à un logement décent et de bonne qualité environnementale (construire de véritables logements sociaux dans les quartiers qui n’en possèdent pas ou très peu, mettre fin au chauffage électrique dans les H.L.M...).  
-  Prévoir que le privé assurera 50% de la construction des logements neufs, ce n’est pas tenir compte de la nature profonde de la crise financière et c’est penser que le marché du logement peut repartir, même si personne n’habite ces "logements-produits financiers". C’est un pari risqué et peu réaliste. Au cours du débat, les auteurs de l’étude ont d’ailleurs évoqué l’imprévisibilité du privé spéculatif...

Il est d’ores et déjà évident que le programme (1/3 des projets du P.L.H. sur CAEN ! ) des « Rives de l’Orne » (au prix de 200 000 euros pour un F2 ! ) n’est pas de nature à rendre le privé capable de répondre à la crise du logement.   Du coup à l’analyse, l’objectif de 14 000 logements se réduit à moins de 500 pour les logements locatifs sociaux, ce qui nous semble particulièrement faible pour répondre aux besoins.

Sur ces 500, il n’est pas dit de quel type de logements il s’agit et combien de logements supplémentaires, accessibles à ceux qui n’ont pas d’autres solutions, seront effectivement construits...

Les revendications en matière de logement que nous avions posé en juin nous semblent encore, et plus que jamais d’actualité. Il nous semble toujours socialement aussi pertinent (cf. campagne d’opinion auprès des habitants de BRETTEVILLE-SUR-ODON et des Conseillers d’Agglomération) outre d’inscrire dans le P.L.H. l’exigence de réaliser 25% de logements sociaux partout sur le territoire communautaire, d’y faire explicitement figurer une règle (complémentaire) fondée sur une politique de quotas "rectificateurs" comme devant être appliquée à la construction future des logements sociaux.

Cette règle concernant la construction du logement social pourrait s’énoncer ainsi : « Partout et pour toute réalisation future dans les communes et quartiers déficitaires en logements sociaux : construire 50% de P.L.A.I., 25% de P.L.U.S. et 25% de P.L.S. ».

Faire inscrire une telle règle dans le P.L.H. serait un acte social politique fort, car cette règle s’imposerait juridiquement aux P.L.U. des communes déficitaires.

Les élus en ont le pouvoir, nous le savons, alors qu’ils osent ! Car les milieux populaires et modestes les observent avec attention, espoir et méfiance !

8 décembre 2009


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