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sur les municipales à Caen

Quelques réflexions après le 2ème tour.

 

Une victoire nette au second tour

Le succès important de Duron repose à la fois sur la crise de la droite et sa division (en particulier l’autonomisation du MODEM par rapport à l’UMP, le MODEM ayant fait ici un score non négligeable) mais aussi sur une évolution de la sociologie politique de cette ville qui est comme d’autres villes de l’Ouest profondément modifié dans sa représentation politique.

Si l’on applique les taux de report des voix retenus par les études on peut expliquer ainsi les 3600 voix gagnées par BLB au 2ème tour : près de 90% des électeurs de Duncombe soit entre 2000 et 2200 voix, 30% celles de Lallier soit 800 voix sans doute très peu des autres listes peut être 2 à 300 voix : soit un total entre 3000 et 3300 voix, elle a donc peu bénéficié du vote des abstentionnistes du 1er tour entre 300 et 600 voix sur sans doute plus de 2000 nouveaux votants ( qui pour une part ont remplacé des votant du 1er tour devenus abstentionnistes). Les différences d’augmentation de votants entre les bureaux de gauche où la progression est sensible et les bureaux de droite où elle est plus faible semblent corroborer cette analyse.

Duron lui bénéficie de 5400 voix supplémentaires soit 1500, report de 85% des voix LCR-LO, 1400 ( 50% Lallier) et une bonne partie des voix de Martine Frémont et des noyaux mécontents des listes de droite 500 (en comptant large) : ce sont au minimum 1500 électeurs de gauche absents du 1er tour qui ont assuré une bonne partie des apports. Le second tour confirme le sondage paru dans Liberté qui donnait à la gauche 50% des voix dès le 1er tour.

Ce n’est pas l’alliance au centre qui a fait la victoire de la liste de gauche mais la mobilisation au second tour des électeurs de gauche : la moitié de ces nouveaux électeurs pour Duron n’avait pas voté au premier tour.

Les voix du MODEM n’ont donc pas été déterminantes et il serait erroné de donner au cours de la mandature des garantie au centre au détriment de la gauche, ce d’autant plus que les quartiers populaires sont toujours ceux où la participation est la moins élevée et que la liste de gauche est loin de s’être réconciliée avec les suffrages des plus défavorisés.

Une équipe municipale "classique"

Apparemment Duron mène une politique d’union de la gauche en donnant 2 postes d’adjoints au PC et même un au MRC (la démocratie participative au tenant de la république qui va en manger son chapeau, ou son bonnet phrygien !).

Mais la liste des adjoints incite à plus de prudence : d’abord le verrouillage par l’appareil du PS y compris en confiant des postes d’adjoints à des cumulard(e)s divers(e)s (la vice-présidente du conseil régional devenue première adjointe, le président du groupe PS au conseil général, la présidente de l’Université qui est aussi présidente de commission au CESR...) : cette professionnalisation de la politique n’est pas une bonne chose.

Ensuite en donnant au PRG, le courant le plus à droite de la gauche, une surreprésentation et des postes stratégiques comme celui du logement. Remarquons au passage que Citoyens à Caen a visiblement oublié ses bonnes intentions initiales (des élections précèdentes) puisque son groupe désigne aussi 2 cumulard(e)s (Cauchy qui est responsable de la coopération au conseil régional et Touzé président de commission au CESR).

Enfin la nomination de 21 adjoints ressemble plus à un dosage partisan qu’à une nécessité de changer vraiment la manière de faire de la politique.

Hélas tout ce que nous avions écrit concernant le caractère politicien de cette liste se vérifie dans ces premières décisions, ce que nous avons écrit aussi sur la dérive à droite également. Nous écrivions fin janvier : «  Le PS reste enfermé dans une pratique discréditée de combinaisons réservant les places, à des partis reconnus. Les grands discours sur la participation des citoyens cachent par un système de délégation qui laisse tout le pouvoir aux « spécialistes » de la politique : pour eux faire de la politique c’est avoir des postes et du pouvoir. »

Il y a là une situation qui rappelle 2004 et le succès aux régionales d’un PS qui se voyait déjà balayer la droite aux présidentielles d’après et qui l’a cru encore longtemps avec le "verdict de sondages" pour Royal.

C’est une image très traditionnelle que donne ici la gauche, image qui ne fait que creuser l’écart entre les changements à l’oeuvre dans nombre secteurs du mouvement social et la représentation politique offerte par cette gauche.

Notre tâche reste plus que jamais de peser sur la modifications d’un champ politique qui ne bouge pas en interne.

6 avril 2008


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