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La Grèce : Un laboratoire...

...pour les théories ultralibérales en Europe.

 

Les théories ultralibérales définies essentiellement par l’école de Chicago (Milton Friedman), que certains qualifient de néolibérales,font l’objet d’une attention soutenue par de nombreux politiciens de droite et d’extrême droite mais également (et la chose est grave) chez nombre de sociaux-démocrates qui se définissent eux-mêmes comme des libéraux socialistes.

Ces théories, qui n’ont de nouveau que les principes de leurs applications, se réfèrent essentiellement aux théories économiques classiques basées sur l’équilibre des marchés, équilibre qui serait d’autant plus facilement obtenu si l’on parvient à supprimer toutes les contraintes sociales qui seraient autant d’entraves à cet équilibre attendu.

De ce principe, les plus « avancés » des tenants de cette théorie n’hésitent pas à affirmer que des conditions particulières, que l’on peut créer artificiellement, et qui tendent à déstabiliser une population concernée sont autant de facteurs susceptibles de permettre des avancées « décisives » pour parvenir à l’équilibre attendu.

Ces apprentis sorciers n’hésitent pas à affirmer qu’une population concernée soumise à une théorie du chaos perd quasiment toute sa combativité et permet de fait une remise en cause de tous les acquis sociaux antérieurs.

Nous sommes bien, en Europe, face à une analyse de ce type dans laquelle, ou pour laquelle, nos théoriciens n’hésitent pas à prendre le peuple grec pour un ensemble de rats de laboratoire.

Pour le lecteur qui aurait des doutes face à cette proposition analytique, je vous renvoie à la lecture d’un livre passionnant sur ce sujet dans le titre est « la stratégie du choc ou la montée d’un capitalisme du désastre » analyse présentée par la journaliste Naomi Klein.

Cette tentative massive de déstabilisation d’un ensemble social n’est effectivement pas une première, même si en Europe nous n’avions eu que quelques prémices sous la Grande-Bretagne de Thatcher.

En effet cette théorie économique dangereuse et barbare sévit depuis plusieurs décennies au fil des évolutions sociales, du Chili de Pinochet à l’Angleterre de Thatcher en passant par l’Afrique du Sud et la Russie, nombreux sont les peuples qui ont subi cette dangereuse expérience.

Il est particulièrement notable que chaque fois que de tels essais sociaux de « laboratoire » ont été réalisés, pour le plus grand profit du capitalisme triomphant, il s’est agi de broyer un peuple et l’ensemble de ses aspirations sociales pour le passer au moule du libéralisme le plus débridé.

Il est également notable que chaque fois ce sont des décennies d’acquis sociaux qui sont broyés dans la main de fer de ces aventuriers de l’économie.

Chaque fois également la tentative de débordement sur les espaces et pays de proximité a été effectuée.

Ne doutons donc pas que cette expérience reflète pour certains une tentative déterminante de casser les acquis sociaux de la vieille Europe.

C’est la raison la plus déterminante pour laquelle nous devons être solidaires du peuple grec, l’échec de cette nation européenne face à ce postulat ultralibéralisme ne serait que le début d’une longue cascade par laquelle tous les peuples d’Europe seraient successivement concernés.

Notre solidarité envers tous les peuples d’Europe et particulièrement actuellement avec le peuple grec est donc plus qu’un combat de solidarité traditionnelle, c’est la base même de la survie de notre système social et de ses particularités fondamentales telles que la retraite par répartition, la sécurité sociale, l’éducation nationale et toutes choses incompatibles avec un libéralisme économique totalitaire*.

Veynes, le 17 février 2012, J.C Charitat

*La notion de « libéralisme économique totalitaire » est volontairement employée, face à la volonté des tenants de l’économie de marché de « s’abriter » derrière le libéralisme philosophique pour couvrir le tout marchandise d’une « auréole » « démocratique ».

18 février 2012


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