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Malgré les déclarations fracassantes de Borloo, les expulsions se sont intensifiées

Un message du DAL

 

Le témoignage poignant et édifiant de Joêlle, une des responsables du DAL Orléans

Ce soir à 17 heures 30, j’ai été appelé par des copains en urgence à la Préfecture.

Quand je suis arrivée deux hommes s’étaient enchaînés aux grilles avec chacun une bouteille d’acide chlorhydrique dans la main. Le quartier était cerné par la police, des pompiers en nombre étaient également présents.

J’ai essayé de discuter avec ces deux personnes, dont un que nous connaissons au DAL et l’autre qui m’a appelé il y a deux jours. J’ai réussi à discuter avec ces deux hommes qui hurlaient leur douleur. La douleur d’avoir été expulsés de leur logement, pour l’un il y a quelques mois maintenant, pour l’autre il y a quelques jours.

Aucune solution d’hébergement ne leur a été proposée et pour cause, ils ont des chiens. Comme dirait la SPA : "ne faites pas comme eux, ne les abandonnez pas" !!

Les pompiers sont intervenus en combinaison spéciale pour faire tomber les bouteilles d’acide par terre, d’autres pompiers sont intervenus pour arroser tout le monde d’eau pour diluer l’acide. Cela n’a pas empêché l’un des deux hommes de se verser de l’acide sur la tête.

Leurs compagnes qui étaient avec moi n’ont eu aucune information, personne ne leur a parlé, personne ne leur a dit dans quel état étaient leurs compagnons, personne ne les a écoutées, personne ne leur a rien proposé pour dormir.

Ils ont été emmenés au CHRO, et iront ensuite au CHD Daumezon d’après la police, hospitalisés d’office par le Préfet.

Un fait divers ? Non la souffrance de personnes fragiles qui ne comprennent pas ce qui leur arrive et que l’on vire brutalement de leur logement sans même respecter leurs droits.

Les chiens pleuraient, moi j’avais envie d’hurler . Leur idée de départ c’était de s’imbiber d’essence et de se faire brûler, ils ont préféré l’acide, moins facile à neutraliser.

Si les deux hommes vont être hébergés par obligation, leurs compagnes sont toujours dehors. Elles menacent de se transformer en torches vivantes et elles sont capables de le faire !!

Mettre les gens à la rue c’est tellement facile, surtout quand ils ne peuvent pas se défendre. J’en ai assez ! Pour ceux qui n’ont pas encore compris, nous vivons dans une société où les plus fragiles et les plus pauvres sont laminés et les plus riches plastronnent, même quand ils passent en justice pour avoir détourner de l’argent.

Je n’ai pas perdu mon temps rue de Bourgogne, derrière les barrages de police, j’ai rencontré des familles qui vivent sans electricité parce qu’elle leur a été coupée ou qui ne vont pas tarder à ne plus avoir d’électricité ou qui sont menacées d’expulsion.

La rêve hivernale commence le 1er novembre, presque tous les jours, des familles nous appellent au DAL, parce qu’elles vont être expulsées très prochainement.

Nous avons empêché l’expulsion de plusieurs familles depuis le mois de juillet.

Nous ne voulons pas que des enfants connaissent le traumatisme d’une expulsion, traumatisme qu’ils garderont à vie.

Que faut-il faire ? Céer un comité de vigilance expulsions et coupures de courant ? Rétablir le courant à ceux qui n’en ont plus, qui s’éclairent à la bougie et se chauffent au pétrole !! Ca s’appelle de la désobéissance civile, nous avons l’habitude au DAL, nous la pratiquons depuis plusieurs années. Nous allons passé un cran au dessus avec peut être l’aide de tous ceux à qui j’envoie ce mail, rétablir le courant, empêcher les expulsions physiquement s’il le faut !!

Je crois que nous n’avons plus le choix !!=

Joëlle ­DAL orléans

Commentaire :

Malgré les déclaration fracassantes de Borloo, les expulsions se sont intensifiées, encore cette année.

Que peuvent faire quelques déclarations d¹intention et des mesures marginales face à la flambée des loyers, la généralisation de la spéculation, la progression de la précarité.

Plus dure est la chute, quand on a cru en lisant la une du parisien de cet été que les expulsions étaient terminées, avec une interview de Borloo à la clef.

La lutte contre l¹exclusion et la misère est depuis des années caractérisée par des politiques de communications et de replatrage, à défaut de mesures réellement efficaces. Les ministres et gouvernements ont tous utilisé la même grosse ficelle, souvenez vous les premiers plan d¹hiver précarité, à la fin des années 80... Plus les années passent, plus la ficelle est grosse, plus elle convient à ceux et celles qui n¹ont besoin que de ça , un peu de bla bla pour continuer à participer à la production de la misère.

Des actions sont prévues dans les prochaines semaines pour faire connaître ces gros mensonges, à commencer un rendez-vous demain, mercredi à 14h au Sénat avec entre autres les associations de chômeurs, contre le projet de loi de cohésion sociale.

Amitiés

Pour DALfédé JB Eyraud .

30 octobre 2004


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