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L’« affaire Utopia » autour du film israélien : une polémique obscène

Qu’a bien pu faire de mal le réseau des cinémas UTOPIA pour être, depuis quelques jours, la cible des médias bien pensants ?

Pour protester contre les 9 victimes civiles tuées par les commandos israéliens qui ont donné l’assaut à la flottille de paix se dirigeant vers Gaza, le cinéma de Tournefeuille a choisi de déprogrammer provisoirement le film israélien de Léon Prudowsky, "A 5h de Paris", pour le remplacer, toujours provisoirement, par un autre film israélien, "Rachel" de Simone Bitton.

Ce choix est en lien avec l’actualité puisque ce dernier film enquête sur la mort d’une jeune pacifiste américaine de 24 ans, écrasée par un bulldozer alors qu’elle cherchait à empêcher la destruction de maisons palestiniennes.

Rappelons par ailleurs que toutes les salles Utopia programment chaque année plus de films israéliens que n’en verront jamais ceux qui les critiquent aujourd’hui.

La FASE félicite les cinémas Utopia pour « cet acte citoyen et professionnel », comme le dit le cinéaste israélien Eyal Sivan et se tient à leurs côtés face à cet inquiétant déferlement.

 

Les échos du brouhaha autour de la déprogrammation du film « A cinq heures de Paris » par le réseau de salles Utopia - et son remplacement par mon film « Rachel » - me sont parvenus tardivement, plus d’une semaine après le début de cette étonnante polémique. Je suis actuellement au Maroc où j’enseigne à l’école de cinéma de Marrakech, et ne suis bien entendu pour rien dans cette initiative des animateurs d’Utopia, de même que mon producteur ou mon distributeur français , qui me disent avoir simplement remarqué une très légère hausse dans le volume des demandes d’exploitation du film, tant en France qu’à l’étranger, ce qui est tout à fait normal s’agissant d’un film dont le sujet résonne fortement avec l’actualité.

Tout comme Leon Prudovsky (le réalisateur du film déprogrammé), je ne contrôle pas la distribution de mes films , ces choses se passent entre exploitants et distributeurs. Comme lui, il m’est arrivé à plusieurs reprises d’avoir la mauvaise surprise d’apprendre qu’une sortie en salles ou une diffusion télévisée d’un de mes films était annulée ou repoussée afin de laisser place à un autre film, à une rediffusion ou à une émission spéciale suite à tel ou tel événement.

Ce sont des choses désagréables qui arrivent souvent dans notre métier, mais s’agissant de « A cinq heures de Paris », qui bénéficie d’une sortie française sur une cinquantaine d’écrans, cette déprogrammation n’a rien de dramatique, d’autant que le film sera montré dans les salles Utopia un peu plus tard. Une Israélienne remplace un Israélien !

Je ne connais pas Léon Prudovsky, mais j’ai lu quelque part que tout en étant « un peu attristé » par cette mésaventure , il n’en fait pas lui-même un si grand cas, et ce n’est pas lui, ni son distributeur, qui ont initié la polémique un peu grotesque qui voudrait faire de lui la victime d’un terrible acte de censure « antisémite ». Il faut dire que s’agissant d’antisémitisme, il y a plus caractérisé que de remplacer le film d’un Israélien par le film d’une Israélienne !

La suite sur http://www.rue89.com/bitton/2010/06...

14 juin 2010


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