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Pour Kamel

 

Conférence de presse du 31 mars 2005

Bourse du travail Paris.

Relaxe pour Kamel Belkadi

Daewoo arrive à Mont St Martin en 1994.

Les premiers essais de production de la nouvelle usine interviennent en octobre 1995.

L’usine sera inaugurée le 13 juin 1996 par le ministre de l’aménagement du territoire Jean Claude Gaudin.

Cette usine est une grosse unité du groupe Daewoo. Elle est conçue pour assembler des tubes cathodiques. Elle compte un peu moins de 600 ouvriers et ouvrières qui travaillent en 4x8 en 5x8 et une quinzaine en 2x8.

Elle fait suite à l’installation de l’usine Daewoo de Villiers la Montagne également à côté de Longwy spécialisée dans la production de micro ondes, et de celle de Fameck spécialisée dans l’assemblage des téléviseurs.

Ne perdons jamais de vue que dans ce dossier l’ensemble des annonces cumulées en terme d’emplois faites par les pouvoirs publics et Daewoo se chiffrait à l’horizon 2000 à plus de 2000 postes de travail. Le tout dans un espace régional d’une soixantaine de Km de côté.

La droite venait de remporter les élections législatives avec comme mot d’ordre la lutte contre « la fracture sociale ».

Cette usine de 600 ouvriers à été conçue en Corée pour la Corée pour assembler en France des tubes cathodiques.

L’inspection du travail ne cessera de souligner le défaut de conception même de cette usine qui n’a jamais intégré pour son fonctionnement les normes réglementaires sur le plan de la sécurité existantes en France.

Les machines importées sont aux normes coréennes, les notices ne sont pas complètement traduites, tout comme les références sur certains produits et le personnel d’encadrement du moins dans un premier temps est exclusivement coréen et ne parle pas ou très peu le français.

Ce qui fait qu’au démarrage de l’usine, lors de la visite préalable l’Inspection du travail et le service de prévention de la CRAM feront remarquer à la direction qu’il existe un certain nombre de règles qui doivent être respectées concernant les équipements de travail, les produits chimiques, les obligations constructives ... En tout ils relèveront quelques 3000 points dans leur procès verbal relatifs à la sécurité qui devront être améliorés.

Fait révélateur de cette distance si l’on peut dire de la direction de Daewoo vis à vis de la réglementation du travail existant en France : le 22 août 1996 : le directeur financier de l’entreprise s’opposera à l’entrée dans l’usine d’un ingénieur contrôleur de la CRAM et ce en infraction avec l’article L 243 11 du Code de la sécurité sociale.

Il faudra attendre l’accident mortel de l’ingénieur Monsieur Joung Jong KIM dans la nuit du 9 au 10 octobre 1996 sur un équipement industriel (un carrousel) dénoncé plusieurs fois par l’inspectrice du travail comme non conforme, pour que des poursuites en matière de sécurité soient enfin engagées contre la direction de Daewoo Mont St Martin.

Juste avant le jugement en première instance du Tribunal de Briey, le 8 avril 1997, un nouvel accident, cette fois non mortel mais toujours sur le même appareil intervient le 2 mars 1997.

Pour la mort de cet ingénieur Daewoo sera reconnu coupable et condamné à 400 000 F d’amendes et placé sous surveillance judiciaire pendant deux ans pour permettre à l’inspection du travail de contrôler la mise en œuvre du processus de régularisation en matière d’hygiène et sécurité.

En appel l’amende sera ramenée à 300 000F et la mise sous surveillance judiciaire levée !

En Corée la réglementation sociale permet aux patrons de faire travailler leurs ouvriers en moyenne 57 heures par semaine notamment dans l’électronique et l’automobile.

Difficile pour ceux de Daewoo à Mont Saint Martin d’admettre ne serait ce que l’idée d’une réduction du temps de travail même si le système prévu par les lois Aubry leur donne la possibilité de pouvoir toucher à nouveau de nouvelles aides de façon pérenne.

L’usine sera paralysée 15 jours en 1999 par la grève. Les ouvriers essayerons d’arracher un accord correct sur la réduction du temps de travail.

Mais déjà dès 1998, soit deux ans après son inauguration, toutes les autorités du département et plus largement sans doute étaient convaincues que Daewoo allait fermer ses unités sur la région.

Le Président directeur général est rappelé en Corée et le staff qui l’entourait se sent sur la sellette. Les conditions d’hygiène et de sécurité ne s’améliorent pas bien au contraire.

Les risques sérieux et imminents pour reprendre la terminologie hygiène et sécurité perdurent tant dans l’utilisation des équipements que dans la manipulation des acides fluorhydrique, nitrique, chlorhydrique, fluonitrique, fluorhydrique, sulfamique, que dans celle de l’amoniac anhydre, fluorique, hydroxyde, oxalate monhydrate...que du trichlorethylène, du dichlorobenzene que du plomb ou de l’amiante...que de l’acetylène, de l’azote, de l’acétone, du cyanure ou de l’hydrogène...

En 1999 on relève 93 accidents de travail et en 2000 108.

Ces deux chiffres ne donnent qu’un aperçu très relatif des conditions de travail qui régnent dans cette usine.

Nous espérons qu’un jour les services de l’inspection du travail de Meurthe et Moselle pourront témoigner de la réalité du système Daewoo en matière de conditions de travail. Réalité qu’ils n’ont cessé de dénoncer dans leurs rapports et dans leurs interventions.

Quelques exemples :

Pendant des années il n’y a eu qu’un seul type de masque, qu’un seul type de gant pour les risques liés à la manipulation des produits chimiques cités.

Pas de combinaisons jetables.

Pas de prise en charge de nettoyage par l’entreprise des vêtements de travail avec lesquels les ouvriers manipulaient certains produits mutagènes cancérigènes ou à base de poussière de plomb voir d’amiante.

Il a fallu attendre 2000 pour qu’une passerelle remplace les planches posées au dessus des cuves d’eaux usées qui contenaient une partie des produits tout à fait sympathiques dont nous avons parlés !

Le 11 mai 2000 la production d’un atelier s’arrête pour plus d’un an du fait d’un danger grave et imminent suite à une fuite d’acide fluorhydrique...

Ce ne sont que quelques exemples. Nous savons que l’inspection du travail a écrit des pages et des pages sur les dangers que Daewoo faisait courir à ses ouvriers pour produire des tubes cathodiques revendus à perte à sa filiale de Pologne.

En 2001 Daewoo Mont Saint Martin cesse de payer ses cotisations sociales en direction de l’Ursaaf.

Cette usine est bien une « énigme économique » comme l’a si bien qualifiée maître Behr dans la plainte qu’il vient de déposer contre KIM Woo Chong pour complicité de banqueroute frauduleuse.

Mais sur un autre plan, avec un regard extérieur, bien qu’averti, en essayant de cerner les caractéristiques des conditions de travail de cette usine à partir de la réalité du process de production, des témoignages et de documents du comité d’hygiène sécurité et des conditions de travail...nous sommes obligés de réfléchir à cette autre énigme : « comment cette usine classée a t’elle pu avoir l’accréditation pour fonctionner et ce jusqu’à l’incendie de 2003 ? »

Suite à cet incendie du 23 janvier qui heureusement sera circonscrit par les pompiers et ne détruira qu’une partie de l’établissement, dans ses conclusions la Présidente relèvera :

Que le système de sprinklers au dessus de la partie de l’usine qui a pris feu était hors service du fait de la fermeture de la vanne qui alimentait le circuit en eau.

Que l’alarme ne s’est pas déclenchée tout de suite.

Que les extincteurs étaient vides et qu’il n’y avait plus de pression dans les lances à incendie.

Certes, mais elle ne soulignera pas qu’un des grévistes aura le courage de pénétrer dans l’usine pour couper l’arrivée principale de gaz.

Par contre elle notera comme si cela allait de soit, comme si cela était courant et normal : « compte tenu du contexte social, l’usine n’était plus assurée contre les risques d’incendie depuis le 1er janvier 2003 ».

Pourquoi ce lien entre le « contexte social » et l’assurance ? Qui a dit formellement au cours de l’instruction que l’assurance avait été résiliée du fait « du contexte social » ? Quel rapport entre « le contexte social » et la résiliation de l’assurance ?

Cette résiliation ne serait elle pas plutôt en lien avec l’impossibilité ou/et le refus de Daewoo de faire face à ses obligations en matière de sécurité ? Voir de difficultés sérieuses en perspectives si un incendie maintes fois évoqué par l’inspection du travail se déclarait (« le risque d’incendie et d’explosion est présent dans tous les ateliers ») ?

Mais une chose est sure : cette usine conçue pour un taux d’exploitation imposé par les Kim Woo Choong aux ouvriers Coréens, reconnue comme très dangereuse a permis de drainer toutes sortes de subventions et de crédits au bénéfice de Daewoo.

Quand elle part en fumée c’est la justice française qui en guise de solde de tout compte condamnera UN ouvrier qui s’est battu pour défendre ses intérêts et ceux de ses camarades à 30 000 euros d’amendes et à 18 mois de prison ferme !

Relaxe pour Kamel !


Liste des signataires de l’appel pour soutenir Kamel Belkadi. Cette liste restera réservée aux informations concernant le procès de Kamel Belkadi. Page web :

Pourquoi un collectif de soutien à Kamel Belkadi ?

1) Parce que kamel est innocent : la plaidoirie de maître Behr a amplement montré que l’enquête a été bâclée, que les policiers n’ont privilégié qu’une seule piste, utilisant des moyens de pression inacceptables sur les témoins.

2) Parce que cette affaire est emblématique de la façon dont nos gouvernants et le patronat tentent de régler les conflits sociaux, en criminalisant les salariés qui luttent pour faire valoir leurs droits les plus élémentaires.

3) Parce que nous sommes indignés par la différence de traitement entre les travailleurs et les patrons voyous. Pour les uns, c’est la prison et les lourdes condamnations financières, pour les autres, ce sont les subventions, la légion d’honneur et la villégiature sur la côte d’azur, malgré un avis de recherche d’interpol.

Le collectif de soutien regroupe des milliers d’individus, des centaines d’associations, organisations syndicales ou politiques, y compris étrangères qui ont compris que le combat de kamel, par delà son cas personnel, est le combat de tous pour une société plus juste et plus digne.

Conférence de presse du 31 mars 2005

Bourse du travail Paris.

Relaxe pour Kamel Belkadi

ion du travail existant en France : le 22 août 1996 : le directeur financier de l’entreprise s’opposera à l’entrée dans l’usine d’un ingénieur contrôleur de la CRAM et ce en infraction avec l’article L 243 11 du Code de la sécurité sociale.

Il faudra attendre l’accident mortel de l’ingénieur Monsieur Joung Jong KIM dans la nuit du 9 au 10 octobre 1996 sur un équipement industriel (un carrousel) dénoncé plusieurs fois par l’inspectrice du travail comme non conforme, pour que des poursuites en matière de sécurité soient enfin engagées contre la direction de Daewoo Mont St Martin.

Juste avant le jugement en première instance du Tribunal de Briey, le 8 avril 1997, un nouvel accident, cette fois non mortel mais toujours sur le même appareil intervient le 2 mars 1997.

Pour la mort de cet ingénieur Daewoo sera reconnu coupable et condamné à 400 000 F d’amendes et placé sous surveillance judiciaire pendant deux ans pour permettre à l’inspection du travail de contrôler la mise en œuvre du processus de régularisation en matière d’hygiène et sécurité.

En appel l’amende sera ramenée à 300 000F et la mise sous surveillance judiciaire levée !

En Corée la réglementation sociale permet aux patrons de faire travailler leurs ouvriers en moyenne 57 heures par semaine notamment dans l’électronique et l’automobile.

Difficile pour ceux de Daewoo à Mont Saint Martin d’admettre ne serait ce que l’idée d’une réduction du temps de travail même si le système prévu par les lois Aubry leur donne la possibilité de pouvoir toucher à nouveau de nouvelles aides de façon pérenne.

L’usine sera paralysée 15 jours en 1999 par la grève. Les ouvriers essayerons d’arracher un accord correct sur la réduction du temps de travail.

Mais déjà dès 1998, soit deux ans après son inauguration, toutes les autorités du département et plus largement sans doute étaient convaincues que Daewoo allait fermer ses unités sur la région.

Le Président directeur général est rappelé en Corée et le staff qui l’entourait se sent sur la sellette. Les conditions d’hygiène et de sécurité ne s’améliorent pas bien au contraire.

Les risques sérieux et imminents pour reprendre la terminologie hygiène et sécurité perdurent tant dans l’utilisation des équipements que dans la manipulation des acides fluorhydrique, nitrique, chlorhydrique, fluonitrique, fluorhydrique, sulfamique, que dans celle de l’amoniac anhydre, fluorique, hydroxyde, oxalate monhydrate...que du trichlorethylène, du dichlorobenzene que du plomb ou de l’amiante...que de l’acetylène, de l’azote, de l’acétone, du cyanure ou de l’hydrogène...

En 1999 on relève 93 accidents de travail et en 2000 108.

Ces deux chiffres ne donnent qu’un aperçu très relatif des conditions de travail qui régnent dans cette usine.

Nous espérons qu’un jour les services de l’inspection du travail de Meurthe et Moselle pourront témoigner de la réalité du système Daewoo en matière de conditions de travail. Réalité qu’ils n’ont cessé de dénoncer dans leurs rapports et dans leurs interventions.

Quelques exemples :

Pendant des années il n’y a eu qu’un seul type de masque, qu’un seul type de gant pour les risques liés à la manipulation des produits chimiques cités.

Pas de combinaisons jetables.

Pas de prise en charge de nettoyage par l’entreprise des vêtements de travail avec lesquels les ouvriers manipulaient certains produits mutagènes cancérigènes ou à base de poussière de plomb voir d’amiante.

Il a fallu attendre 2000 pour qu’une passerelle remplace les planches posées au dessus des cuves d’eaux usées qui contenaient une partie des produits tout à fait sympathiques dont nous avons parlés !

Le 11 mai 2000 la production d’un atelier s’arrête pour plus d’un an du fait d’un danger grave et imminent suite à une fuite d’acide fluorhydrique...

Ce ne sont que quelques exemples. Nous savons que l’inspection du travail a écrit des pages et des pages sur les dangers que Daewoo faisait courir à ses ouvriers pour produire des tubes cathodiques revendus à perte à sa filiale de Pologne.

En 2001 Daewoo Mont Saint Martin cesse de payer ses cotisations sociales en direction de l’Ursaaf.

Cette usine est bien une « énigme économique » comme l’a si bien qualifiée maître Behr dans la plainte qu’il vient de déposer contre KIM Woo Chong pour complicité de banqueroute frauduleuse.

Mais sur un autre plan, avec un regard extérieur, bien qu’averti, en essayant de cerner les caractéristiques des conditions de travail de cette usine à partir de la réalité du process de production, des témoignages et de documents du comité d’hygiène sécurité et des conditions de travail...nous sommes obligés de réfléchir à cette autre énigme : « comment cette usine classée a t’elle pu avoir l’accréditation pour fonctionner et ce jusqu’à l’incendie de 2003 ? »

Suite à cet incendie du 23 janvier qui heureusement sera circonscrit par les pompiers et ne détruira qu’une partie de l’établissement, dans ses conclusions la Présidente relèvera :

Que le système de sprinklers au dessus de la partie de l’usine qui a pris feu était hors service du fait de la fermeture de la vanne qui alimentait le circuit en eau.

Que l’alarme ne s’est pas déclenchée tout de suite.

Que les extincteurs étaient vides et qu’il n’y avait plus de pression dans les lances à incendie.

Certes, mais elle ne soulignera pas qu’un des grévistes aura le courage de pénétrer dans l’usine pour couper l’arrivée principale de gaz.

Par contre elle notera comme si cela allait de soit, comme si cela était courant et normal : « compte tenu du contexte social, l’usine n’était plus assurée contre les risques d’incendie depuis le 1er janvier 2003 ».

Pourquoi ce lien entre le « contexte social » et l’assurance ? Qui a dit formellement au cours de l’instruction que l’assurance avait été résiliée du fait « du contexte social » ? Quel rapport entre « le contexte social » et la résiliation de l’assurance ?

Cette résiliation ne serait elle pas plutôt en lien avec l’impossibilité ou/et le refus de Daewoo de faire face à ses obligations en matière de sécurité ? Voir de difficultés sérieuses en perspectives si un incendie maintes fois évoqué par l’inspection du travail se déclarait (« le risque d’incendie et d’explosion est présent dans tous les ateliers ») ?

Mais une chose est sure : cette usine conçue pour un taux d’exploitation imposé par les Kim Woo Choong aux ouvriers Coréens, reconnue comme très dangereuse a permis de drainer toutes sortes de subventions et de crédits au bénéfice de Daewoo.

Quand elle part en fumée c’est la justice française qui en guise de solde de tout compte condamnera UN ouvrier qui s’est battu pour défendre ses intérêts et ceux de ses camarades à 30 000 euros d’amendes et à 18 mois de prison ferme !

Relaxe pour Kamel !


Liste des signataires de l’appel pour soutenir Kamel Belkadi. Cette liste restera réservée aux informations concernant le procès de Kamel Belkadi. Page web : http://nancy-luttes.net/soutien.kamel.daewoo

4 avril 2005


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