PÔLE EMPLOI FAIT CONDAMNER
UN INTERMITTENT A 35 000 EUROS
POUR AVOIR EXERCÉ SON MÉTIER !
Le SYNAVI a pris connaissance avec consternation du jugement du TGI de Caen condamnant M. Christophe Lehodey à 35 447 euros et exprime son entière solidarité avec cet artiste intervenant.
Ce jugement témoigne de la méconnaissance des métiers des artistes aujourd’hui.
Les artistes et les structures - de la plus modeste des compagnie indépendante à la plus prestigieuse des institution - qui les emploient interviennent de plus en plus pour initier différents publics aux pratiques artistiques.
Ils participent par là au développement des arts vivants et à la démocratisation culturelle dans tous les secteurs de la société : milieu scolaire, universitaire, rural, populations exclues ou en difficulté (chômeurs, handicapés, personnes âgées, hôpitaux, prisons, quartiers, etc).
Ces activités font pleinement partie de nos professions et sont des démarches artistiques à part entière. Les re-qualifier d’« enseignement » pour les exclure des activités de « création » ouvrant droit aux allocations chômage aut titre de l’intermittence relève de l’ignorance, de la malhônnéteté intellectuelle ou du mépris ou des trois à la fois !
En aucun cas les artistes ne remplacent les professeurs, les éducateurs ou les animateurs - quant à eux diplômés et qualifiés - dans le cadre de ces activités !
Ils interviennent de leur place, de leur statut, de leur fonction, de leur point de vue d’artistes. Leur méconnaître ou nier ce droit a pour conséquence la remise en cause de toute l’éducation artistique dans ce pays.
A terme, c’est la condamnation de toute activité de création avec des publics amateurs qui est de mise ! L’artiste « professionnel » n’y aura plus droit de citer ! Alors que les collectivités, les théâtres, les associations, les politiques eux-mêmes lui demandent de plus en plus d’intervenir sur le terrain ! On croit rêver, mais c’est un cauchemar !
Voilà pourquoi le SYNAVI estime cette condamnation extrêmement grave et l’atiitude de Pôle Emploi intolérable ! Non content d’interpréter abusivement et restrictivement le protocole,
l’administration harcéle un artiste qui n’a fait qu’exercer son métier. Les contôles abusifs se multiplient aussi bien sur les personnes que sur les structures.
Le SYNAVI lutte pour la reconnaissance de ces activités au sein des conventions collectives et plaide pour un moratoire afin qu’une réflexion et des négociations entre partenaires sociaux puissent s’ouvrir autour de cette question.
Nous appelons donc l’ensemble de la profession à se mobiliser pour soutenir Christophe Lehodey et défendre son intérêt et son droit légitime à travailler avec et pour tout les publics !
Synavi Basse-Normandie
Y’en à marre !
Un intermittent condamné à rembourser 35447E ! assorti
de 1000e d’amende et aux dépens ! C’est du massacre !
Demain ? À qui le tour ?
Camarades intermittents ! Structures employeuses d’intermittents le tribunal de grande
instance de Caen vient de prendre une très grave décision : il a condamné un intermittent à
rembourser plus de 34500E d’indemnités, soit disant, trop perçues !
En réalité notre
camarade s’est vu contesté, sur trois ans, le bénéfice de l’annexe 10, au prétexte qu’il aurait,
dans cette période, donné des cours à des enfants et donc enseigner le théâtre !
C’est sur
cette interprétation très contestable des activités de notre camarade que le tribunal s’est
basé pour le condamner. Pour l’essentiel, il s’agit d’interventions concernant les enfants en
milieu scolaire ou extrascolaire. N’a pas été pris en considération que les enfants étaient
appelés à donner des spectacles ni qu’en matière d’enseignement des diplômes sont requis.
Notre camarade intermittent ne peut que produire des actes de création poétique, à l’instar
de ce que l’on peut attendre de tout intermittent ...
La gravité de ce jugement, c’est qu’outre
la suspicion dont sont désormais frappés tous les intermittents, il n’est plus possible de créer
avec des enfants et par ce biais assurer une éducation artistique digne de ce nom.
Ce
jugement entérine que l’enseignement artistique à la différence de tout autre enseignement
peut être dispensé par des personnes non qualifiées ! Tout le monde est lésé dans cette
affaire ! Les professionnels du spectacle comme les enseignants et éducateurs.
Y’en à marre de cette liquidation pernicieuse des intermittents !
Y’en à marre de cette censure et de ce chantage permanent sur l’activité des
artistes !
Y’en à Marre de voir à travers ce cas de figure, remis en cause une liberté
essentielle : La liberté d’expression !
Y’en à marre de voir l’art défini -à quel titre !- par un tribunal ! Où va-t-on avec de
pareille dérive ... Aucun artiste n’a été invité à s’exprimer sur cette affaire !
Y’en a
marre de cette surdité et de cet aveuglement !
Y’en à marre de jugement de valeur porté sur nos activités par des non
professionnels ! Il n’a été fait aucune expertise du travail de notre camarade !
Y’en à marre que sur des suppositions, des doutes, des interprétations et en jouant
sur le sens des mots, un intermittent soit gravement condamné !
Où est le bénéfice
du doute ? Qu’en est-il de la présomption d’innocence ?
Y’en à marre du dédouanement permanent de la puissance publique qui exploite
l’intermittence pour ne pas réellement financer sa politique culturelle
Le tribunal n’a pas voulu le savoir, mais le camarade intermittent condamné est par
ailleurs, père de deux enfants, et ne dispose pour vivre que du RSA ; environ 500E par
mois ! Outre le remboursement des 35000E, le tribunal l’a condamné à une amende de
1000e et aux dépens. Jugement immédiatement exécutable. Il est donc sous la menace
d’une saisie immédiate et n’a plus que la rue pour tout horizon. Il s’agit bien d’un honteux
massacre social à multiple victimes comme hélas cette société en secrète régulièrement.
Nous appelons tous les artistes, de toutes disciplines et les intermittents plus
particulièrement, à discuter et prendre conscience des enjeux consécutifs à ce
jugement !
C’est un grave précédent ! Nous devons nous exprimer collectivement et
fermement sur la place de l’art dans notre société !
Réagissons au plus vite ! C’est pour beaucoup d’entre nous le droit de travailler qui
est en cause et le droit à une éducation artistique dispensée par des artistes !
Il y va
de l’intérêt général car au bout du compte c’est le lien social de l’artiste à nos
concitoyens qui est remis en cause.
JP Dupuy ADADA 8 février 2011