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Demain on continue.

propos d’un lendemain de fête

 

27 ou 200 000 ?

Pour préparer la suite il faut mesurer le succès de la mobilisation d’hier dans toute son ampleur et ne pas se contenter des chiffres.

Ces derniers donnent lieu bien sur à polémiques. Le sujet est particulièrement sensible et donne lieu à une opération de minorisation de la part des pouvoirs publics et des chiffres rendus publics par la police ( qui différent des chiffres comptés).

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Ce qui est nouveau, c’est la minoration des chiffres par le presse surtout dans les récapitulations nationales : un journal comme Le Monde donne pour Caen un chiffre « de source syndicale  » qui est en fait celui de ouest france ( moyenne chiffre organisateurs et chiffre police).

J’ai tendance à penser que le chiffre de plus de 3 millions avancé par Solidaire est le plus proche de la réalité : on notera le décalage avec celui de la CFDT (500 000 d’écart).

Mais par delà ces querelles tout le monde s’accorde sur le fait que la mobilisation du 7 est bien au delà de celle du 24 juin et même la presse la plus pro-gouvernementale (comme antenne 2) le dit.

Pourtant la seule prise en compte des chiffres ne suffit pas à mesurer le niveau de la mobilisation d’hier.

La date, quelques jours après la rentrée, ne facilitait pas les choses même si par ailleurs l’annonce est largement publique depuis longtemps. Le gouvernement misait sur une attitude plus prudente de celles et ceux susceptibles de manifester : il était possible en effet que beaucoup fussent tentés d’attendre pour voir.

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L’ampleur du rejet de la réforme et du rejet du gouvernement et de Sarkozy fait que cette tentation de différer n’a pas fonctionné.

Elargissement de la mobilisation

Pour analyser ce qui s’est passé hier, il ne suffit pas d’en rester aux grandes villes et à Paris comme le fait si couramment la presse.

Sur notre région, mais plus généralement dans l’Ouest d’après notre journal officiel, et peut être aussi ailleurs, les petites villes affichent des scores importants.

Le département de la Manche est celui qui a donné lieu au plus grand nombre de manifestations et les plus de 1000 manifestants à Avranches manifeste le succès des actions de proximité.

Ceci devrait inquiéter le gouvernement et nous encourager pour la suite : quand dans des petite villes des nombres aussi importants défilent, c’est bien que l’objet de la manifestation est populaire, reconnu bien au delà de ceux qui manifestent.

Qu’une petite ville comme Quimperlé voit défiler l’équivalent de 40% de sa population n’est pas tout à fait du même ordre que le même pourcentage sur Caen. Dans ces petites villes il faut beaucoup plus de détermination pour s’afficher ainsi que pour défiler dans une capitale régionale parmi des dizaines de milliers de personnes.

Elargissement (2)

Un autre aspect de la mobilisation a été décrit sans qu’il y soit porté l’attention que cet aspect mérite : les manifestants du 7 ne sont pas tout à fait les mêmes que ceux du 24 juin.

Le secteur privé était bien plus présent avec des banderoles d’entreprises que l’on avait pas vu depuis longtemps. Il ne s’agissait plus de délégations d’entreprises comme on l’a connu mais de salariés qui ont débrayé avec des représentations non négligeable pour certaines entreprises.

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photos résistance Caen

Voir défiler le syndicat autonome de PSA ou les routiers de la FNCR est pratiquement une première dans une manifestation organisée par les confédérations.

Autre changement significatif et lourd de menace pour la droite : la forte présence des cadres dans les manifestations.

Il n’en reste pas moins qu’il y a eu des absents, les salariés de ces entreprises sans présence syndicale (certains appelaient la veille pour savoir comment faire grève) ont encore hésité à franchir le pas, celles et ceux des PME où la grève est interdite sous peine de licenciement ( et toutes ces entreprises sont de plus en plus nombreuses), celles et ceux des TPE où la pression personnelle est forte.

Le mouvement syndical doit chercher le moyen de leur offrir les moyens de participer puisque c’est une demande sociale.

La presse, les militants ont noté la présence, même si elle est encore faible, d’artisans dans les manifestations : si ceci devait se vérifier cette donnée signifiait un singulier affaiblissement de la base du sarkozysme et devrait nous interroger sur ce qu’il faut faire.

Enfin chacun aura noté que les retraités sont venus de façon beaucoup plus importante que la fois précédente, par solidarité et pour la défense d’une certaine conception d’une société solidaire.

L’absence des chômeurs et des jeunes ( c’est souvent la même chose) est sans doute le point noir de cet élargissement. C’est pourquoi le collectif « exigences citoyennes pour nos retraites » s’est donné pour objectif d’agir, d’être présent dans les quartiers populaires là où sont massivement les chômeurs.

Et maintenant ?

L’intersyndicale va sans doute appeler à de nouvelles journées d’action, et la grande difficulté sera de convaincre tout le monde d’agir en même temps.

C’est pour quoi il est essentiel de poursuivre le travail de terrain, non pas seulement pour dire que cette réforme est injuste, prendre l’argent du plus grand nombre pour le donner à une toute petite minorité de possédants.

Mais aussi pour dire que cette réforme peut être mise en échec, que toute mobilisation accentue la crise du sarkozysme qui est déjà fragilisé malgré les proclamations du matamore de l’Elysée.

Pour cela il faut nous convaincre nous même de la possibilité d’agir, renoncer dans nos têtes à la théorie du rouleau compresseur néolibéral qu’on ne peut arrêter.

Bref il nous faut croire vraiment à ce que nous disons sur les contradictions d’un régime capitaliste en crise et surtout que ce sont les mobilisations populaires qui font l’histoire.

Mettons nos actes en conformité avec nos paroles !

8 septembre 2010


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