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Mumia Abu Jamal

 

Deux jours après qu’Amnesty International/USA ait annoncé au cours d’une conférence de presse à New York (17 février 2000) qu’ils rejoignent l’appel à une révision de procès pour Mumia Abu-Jamal, la coordination du Collectif National Américain pour Mumia Abu-Jamal organisait le 19 février dans la même ville une Conférence stratégique d’urgence pour Mumia.

Cette conférence qui a réuni 500 à 700 participants au cours d’une journée entière s’est donné pour but de mettre à jour la situation juridique et l’état des lieux de la mobilisation pour Mumia en vue d’assurer soit sa libération immédiate soit un procès équitable qui mettra en lumière l’innocence qu’il clame depuis le premier jour. Suivent des extraits d’intervenants, appartenant au Collectif, lors de la session plénière et de clôture de cette conférence - ainsi que le message de Noam Chomsky : « Le principe selon lequel le système judiciaire de l’État s’octroie le droit de tuer a été rejeté et condamné presque partout dans le monde. Il se fait bien tard pour que les États-Unis rejoignent cet univers moral. (...) Le cas de Mumia Abu-Jamal en est arrivé à symboliser ces crimes d’État - et cela n’est que justice. »

Extraits de l’intervention de Me Leonard Weinglass à la session plénière.

« En avril, Mumia sera présent au tribunal lors d’une audience au cours de laquelle les deux parties présenteront des arguments oraux majeurs, audience qui fixera les règles qui définiront la manière dont le nouveau juge compte re-examiner cette affaire. Ce nouveau juge entérinera-t-il les énoncés du jugement du Juge Sabo ? Ou acceptera-t-il de fixer une audience supplémentaire pour permettre aux témoins - censurés par Sabo — de revenir à la barre ? Ou bien refusera-t-il de réentendre témoins et preuves dissimulés au jury ? Soutiendra-t-il le Juge Sabo ? Nous sommes à un moment décisif. Je dois dire que depuis les dix-huit années que Mumia a passées dans le couloir de la mort, LES 90 JOURS À VENIR REPRÉSENTENT PROBABLEMENT LA PÉRIODE LA PLUS CRITIQUE. Nous saurons vers la fin avril ou début mai exactement où nous en serons avec le cas de Mumia. (...) Nous verrons en avril si le nouveau juge, le Juge Yohn, rejoindra le petit groupe de juges qui ont décidé que le Congrès ne saurait restreindre leur indépendance, que le Congrès n’a pas le pouvoir de censurer le droit traditionnel à une "cassation fédérale" et à l’Habeas Corpus. [1] Donc ce que vous faites et ce que les réseaux de soutien font en ce moment critique envoie un message aux tribunaux et aux décideurs politiques que nous n’allons pas passivement baisser les bras et laisser passer ces restrictions et l’application injuste d’une nouvelle loi fédérale qui est en ce moment en cours de réexamen à la Cour Suprême des États ». [2]

Extraits de l’intervention de Sam Jordan, Directeur du programme pour abolir la peine de mort d’Amnesty International/USA

Après avoir rappelé les facteurs positifs tels le débat grandissant autour de la peine de mort, l’appel du Gouverneur de l’Illinois pour un moratoire dans son État et le vote du Conseil Municipal de Philadelphie en faveur d’un moratoire en Pennsylvanie,Sam Jordan poursuit :

« Toutes ces initiatives sont une réponse, une réaction à quelque chose de concret dont nous faisons partie. Car il y a eu Seattle et l’OMC. Nous savons qui en sont les organisateurs. Les corporations étaient devenues beaucoup trop arrogantes, trop sûres d’elles. C’était obscène. Seattle a fait une entaille, les a rappelées à l’ordre un tant soit peu. Car ceux qui étaient à Seattle étaient nos alliés. En fait, certains d’entre vous, militants pour Mumia et contre la peine de mort, y étaient. Ce sont nos rangs qui ont agi à Seattle. C’est cela le fond de l’air. Cela a donné à beaucoup de gens l’espoir que le combat est en marche, que le mouvement pour la justice, pour la paix, pour un environnement plus sûr, pour des conditions de travail humaines est vivace, positif et que nous en faisons partie. Le mouvement pour sauver Mumia Abu-Jamal fait partie intégrante de ce courant. Nous sommes en train de créer un phénomène qui conditionne le débat public autour des dérapages policiers qui sévissent partout dans le pays. Nous avons soif de tels débats aujourd’hui et c’est dans le fond de l’air, ici, aujourd’hui. Amnesty a, naturellement, rejoint les rangs de ceux qui demandent une révision de procès pour Mumia. C’est là notre objectif, objectif qui peut se réaliser de diverses manières : grâce à une audition pour les témoins subornés, grâce à un nouveau procès, grâce à sa libération. MAIS NOUS DEVONS NOUS RENDRE COMPTE QUE NOTRE OBJECTIF S’INSCRIT DANS LE TRÈS COURT TERME. ME LEN WEINGLASS NOUS PARLE DE 90 JOURS. NOUS ABORDONS LES 90 JOURS LES PLUS CRITIQUES »

20 février 2000

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Notes :

[1] Me Weinglass fait ici référence à la nouvelle loi dite "pour une peine de mort effective" signée par Bill Clinton le 24 avril 1996, loi qui pour la première fois depuis deux cents ans fragilise la notion fondamentale à une justice humaine : l’Habeas Corpus

[2] le 28 février, plusieurs centaines de personnalités se sont fait arrêter devant la Cour Suprême des États-Unis (dont Angela Davis et Dennis Brutus, le compagnon de cellule de Nelson Mandela) au cours de manifestations de plusieurs milliers de personnes à San Francisco, à Washington etc. pour protester contre la nouvelle loi


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