Accueil > Agir Local > Basse Normandie

Les sujets interdits

sur les retraites

Intervention au meeting du 27 mai 2010 du collectif "exigences citoyennes "

 

Le gouvernement louvoie mais fait du recul de l’âge du départ à la retraite, légal ou de fait, sa seule variable d’ajustement.

« des ressources supplémentaires ce n’est pas le cœur du dispositif, c’est d’abord la démographie, parce que le régime par répartition, c’est de la démographie » dit Woerth dans une interview à LCI.

Voilà une conception qui traduit une inculture certaine de notre ministre du travail qui oublie que la retraite par répartition est le résultat d’un compromis social et politique à la Libération.

Au nom de cette règle soi disant scientifique, pourtant fort discutable, ils veulent nous enfermer dans un débat « technique  ».

Ils veulent ainsi nous imposer comme cadre indépassable, la partage entre profits et salaires qui prévaut aujourd’hui, le fonctionnement d’aujourd’hui du capitalisme néolibéral, le règne des inégalités nécessaires.

Tout ceci pour éviter les débats de fond, les débats de société

Un projet de société solidaire, un développement soutenable, à la fois social et écologique, implique d’autres débats, aujourd’hui «  interdits   » dont les 4 que je veux évoquer maintenant :

-  1.La pub gouvernementale qui envahi nos écrans TV nous dit : "nous sauvons notre système de retraite par répartition".

Est ce aussi sur ? Sarko promettait de ne pas toucher à ,la retraite à 60 ans http://www.dailymotion.com/video/kr.... Nous savons ce que valent ses promesses.

Les mesures prises, dans la suite de Balladur de 1993, baissent les retraites, recréent des retraités pauvres et rendent « indispensable  » la capitalisation .

Elles ne pourront financer le système [1] qui, dès, lors est condamné.

Le MEDEF ne s’y est pas trompé, qui propose pour commencer par « un p’tit bout » de capitalisation, aidé par l’Etat bien sûr, donc en concurrence avec la répartition ! Peut on mettre en doute la volonté du gouvernement de sauver un régime honni par ses amis ?

-  2.La part des richesses affectée aux retraites doit elle rester la même ou peut elle faire l’objet d’un débat public ?.

Certains considèrent qu’il faut augmenter la part des richesses consacrées aux retraites. Pourquoi ne pas discuter de cette proposition ? Bien sûr, c’est réduire la part du spéculatif parasitaire qui refuse d’en discuter.

Pourquoi n’écouter que ceux qui veulent en récupérer le montant pour leur profit, les assurances et les banques ? et ceux qui ne veulent pas de nouvelles cotisations, le MEDEF ?

-  3.Cessons de considérer les retraites comme des coûts qu’il faudrait réduire, en augmentant les temps d’activité ! pourquoi ne pas être plus longtemps à la retraite quand la durée de vie augmente ? Pourquoi cette forme de RTT devrait elle être abandonnée ?.

Sans les retraités, certaines activités sociales indispensables ne seraient plus, aux dépens souvent des plus fragiles, un rapport récent du CESR de Basse Normandie montre clairement l’importance des retrtaités, et des jeunes retraités en particulier, dans les activités caritatives. [2] .

La forme salariale n’est elle pas trop étroite pour mesurer la valeur de toute activité sociale ?

Les retraités font peur aux néolibéraux : grâce à un revenu socialisé, les retraités échappent à la subordination salariale et son travail contraint. Ils décident de ce qu’ils font de leur temps libéré de la pression du management : ce«  mauvais exemple » de gens libres de leur temps est-il un danger ?

Et si ça donnait à tous l’idée de libérer le travail des contraintes du capital ? Serait-ce un mal ?

4.Est il normal de se satisfaire d’un chômage de masse « incompressible », d’une masse « d’inutiles au monde » dans cette société ?

Tout le monde sait bien pourtant que le chômage et la précarité obèrent le financement des retraites. Cette source d’inégalités conduit nombre de jeunes aujourd’hui à penser qu’ils n’auront pas de retraites.

Est-il normal d’accentuer les inégalités et d’abord , il faut le rappeler sans cesse, aux dépens des femmes qui ont les carrières les plus précaires et les moins bien payées ?

Ne faudrait il pas développer la solidarité et combattre vraiment chômage et précarité pour sauver vraiment les retraites pour toutes et tous ?

Posons les partout, ces questions qui les gênent !

Nous avons réussi à imposer dans le débat public la question du financement. Ce gouvernement est sur la défensive si nous parvenons à transformer le refus majoritaire des projets gouvernementaux dans ce pays en exigences citoyennes.

Le rouleau compresseur des grands médias cherchent à nous imposer la réformette irréaliste de Sarkozy comme inévitable- irréaliste pour sauver les retraites du moins, faite pour plaire aux « marchés »-.

Une majorité n’y croie pas et aspire à pouvoir débattre d’autre solutions (voir le sondage des Echos d’hier et l’Huma d’aujourd’hui [3] ).

A nous tous ici d’agir pour mobiliser . Il n’est pas trop tard mais il ne faut pas tarder. Nous pouvons par notre mobilisation changer les choix pour les retraites !

28 mai 2010

----------------

Notes :

[1] les mesures prévues ne permettent de couvrir d’après les études du COR que la moitié des déficits !

[2] je précise ici que les activités sociales auxquelles participent les retraités prennent des formes diverses et que peu de "jeunes retraité(e)s" même usé(e)s par de dures années d’usine n’ont pas une activité sociale que nous devrions mettre en avant

[3] quelques chiffres de ces sondages : 41% pense qu’on doit allonger la durée de vie au travail quand l’espérance de vie augmente 57% pense qu’il faut maintenir les 60ans, pourcentage qui monte à 74% chez les ouvriers et les employés. 66 % demandent un référendum même si les « partenaires sociaux se mettent d’accord : ceci montre que nous avons affaire à une opinion publique qui n’est pas complètement intoxiquée par les médias


Format imprimable

Format imprimable