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Le Monde, la Corse et le MEDEF

Quand la mise en cause du droit du travail et du principe d’égalité sont soutenus par le journal "Le Monde"

 

Mr Colombani, directeur du Monde, est corse, il est favorable à une large autonomie de la Corse, c’est son droit.

Que le Monde au nom d’une certaine vision des intérêts des corses soutienne l’accord entre le STC [1] et la SNCM [2]en consacrant une page entière à cet accord [3]c’est un choix rédactionel . Les lecteurs apprécient...

Mais 2 articles de cette page tiennent de la désinformation pure et simple qui met gravement en cause le code du travail, tout à fait dans le sens de l’éclatement souhaité par le MEDEF.

Le premier intitulé “ Entre la CGT et le STC, des divergences plus politiques que syndicales”, outre le fait qu’il reprend les clichés les plus éculés sur la CGT (monopole qu’il faut combattre "à coups de poing"), ignore une réalité : ce sont plusieurs syndicats ( CGT, CFTC et FO) qui se sont opposés à l’accord. Et la base de cette opposition n’est pas une quelconque opposition politique sur le problème corse mais la défense du droit du travail, du service public.

Mais on peut comprendre cette "erreur" du rédacteur de l’article si on lit l’article non signé en dessous “la Corse n’est pas la seule à favorsier l’emploi local”.

Nous avons là un article non signé qui se présente comme purement informatif, un complément technique rédigé par des techniciens du droit. Cet article “sort” du débat qui agite le monde politique et syndical sur l’interprétation de la légalité de l’accord et dit en gros il n’y a rien de nouveau. Et de citer d’autres exemples dont la similitude est discutable pour de nombreux juristes.

Pour une argumentation complète je vous renvoie à l’article de Jacques Le Goff [4]qui montre bien la différence avec les autres discriminations dites “positives”.

Mais dans les autres cas, et c’est la différence fondamentale, c’est la loi qui organise la légalité de ces mesures avec l’accord du conseil constitutionel qui veillait qu’elles soient compatibles avec le principe d’égalité.

Dans le cas de la SNCM, il s’agit d’un "relevé de conclusions" [5] négocié avec un syndicat minoritaire.

C’est un accord contractuel qui déroge aux principes généraux du Droit.

Ca ne vous dit rien ce genre de choses ?

C’est la ligne directrice de la Refondation antisociale du MEDEF qui veut une nouvelle constitution sociale pour la France dans laquelle des syndicats minoritaires font la loi avec le patronat .

Bien sûr c’est dans la ligne de Sarkosy au moment où il veut contraidre la CGT, majoritaire à Perrier, à renoncer à son droit d’opposition pour plaire à Nestlé qui veut faire la loi.

Mais il y a derrière celà un autre aspect qu’évoque Le Goff : c’est la mise en cause du principe d’égalité et d’indivisibilité de la République.

Nos “syndicalistes” du STC sont pour des règles particulières à la Corse, pour la substitution d’un compagnie corse (privée ou publique ?) au service public national qui assure la continuité territoriale. Et on leur donne raison.

Ces “lois régionales” sont un des changements de taille apportés par les lois de décentralisation qui permettent la fin du principe d’égalité sur tous le territoire (modification de l’Article 1 de la constitution) permet des dérogations locales à la loi (expérimentation ou droit de réglementer localement).

On comprend maintenant la colère de Raffarin contre ses minsitres qui mettaient en cause l’accord.

C’est le grand projet de Raffarin qui est mis en cause . La réaction des syndicats de la SNCM a mis en échec aussi la décentralisation Raffarin.

Qu’ils en soient remerciés. Ils nous montre que la lutte peut encore payer, quand elle répond à de grands principe qui fondent un projet de société : lé défense de l’égalité en est un.

24 septembre 2004

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Notes :

[1] syndicat des travailleurs corses

[2] société nationale Corse Meditérannée

[3] LM jeudi 23 septembre page 15

[4] dans Ouest France du 24 septembre (page 6)

[5] C’est pire puisqu’un accord d’entreprise pourrait être contesté par les syndicats majoritaires


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