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Pour sauver la création et le patrimoine audio-visuels malgré le démantèlement de l’ACCAAN

Pour l’Alternative citoyenne, s’associer à une telle démarche c’est aussi participer à la construction d’une alternative, en s’opposant concrètement à la marchandisation d’un bien collectif.

 

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Pour ceux qui sont attachés à la création audio-visuelle indépendante, variée, à risque, ouverte sur les problèmes du monde,

Pour tous ceux qui croient à la nécessité des films d’auteurs qu’ils soient documentaires ou de fiction.

Pour tous ceux qui aiment le cinéma de qualité, la liquidation de l’ACCAAN est une perte considérable pour notre région dont on ne se rendra compte trop tard, seulement après l’avoir perdu.

Dans le cadre de cette liquidation, les citoyens, qu’ils soient ou non attachés à la production audio-visuelle, ont de quoi se révolter.

Au moins pour deux raisons :

D’abord, il faut absolument que se poursuive dans notre région une création vidéo et cinéma à l’opposé des produits formatés et démagogiques qui envahissent de plus en plus nos écrans.

Ensuite parce que tout le patrimoine constitué en près de 30 ans par l’ACCAAN ne doit pas tomber dans n’importe quelles mains.

Le 24 juin 2005, le tribunal doit statuer sur les offres de reprise de l’ACCAAN.

C’est curieux : l’œuvre accomplie par l’ACCAAN et son patrimoine (matériel, films, immobilier, compétences...), très décriés d’un côté, attirent pourtant intérêts et convoitises notamment du privé.

Des sociétés de production privées se sont positionnées pour reprendre de l’actif, les outils et l’œuvre accomplie, pour des prix parfois dérisoires. ( Par exemple, la reprise des 58 films les plus cotés de l’ACCAAN est inférieure au prix de revient d’un seul de ces films)

Laisserons nous privatiser un patrimoine et un outil de production financés en grande partie sur fonds publics et donc par nous ?

Soucieux de sauvegarder leur outil de travail, soucieux de pérenniser l’œuvre et l’esprit de l’ACCAAN, soucieux de conserver à l’usage de tous le patrimoine constitué, des professionnels de l’audio-visuel ont créé une nouvelle association, le GPA-BN (Groupement des Professionnels de l’Audiovisuel Bas Normand). Sur leurs deniers propres, en partie avec des emprunts, ils ont fait une proposition de rachat du patrimoine (sur la base d’un projet culturel disponible auprès de leur association). Cette proposition lourde pour des particuliers, reste insuffisante par rapport à celle de sociétés privées de production.

Faut-il baisser les bras ? Accepterons nous de laisser un patrimoine collectif de 30 ans enrichir le bien privé ?

L’ACCAAN, c’est d’abord 500 films (dont 58 proposés à la reprise commerciale sur la base de la rentabilité économique et de la seule valeur marchande)..

Pour sauver leur patrimoine, leurs films, et ne pas les remettre dans les mains d’une société de production commerciale, les auteurs ont un droit de préemption à condition qu’ils paient une somme au moins équitable à celles proposée par les repreneurs (de 100 à 3000 euros par film selon les films).

La plupart des auteurs souhaitent effectivement racheter leurs propres réalisations, leurs propres films, leur propre travail.

Leur intention est de les confier ensuite à l’association GPA-BN pour qu’ils soient diffusés dans le respect de leur intention première et pour permettre de générer des ressources pour un projet culturel d’utilité collective et sociale.

Pour certains réalisateurs, en situation précaire, ce rachat pose problème.

Ils ont souvent pris des risques personnels pour faire ces films, leur statut d’intermittent est menacé, voire disparu. Il ne leur est même pas possible de « racheter leur œuvre ».

L’ACCAAN c’est ensuite du matériel, un parc audio-visuel constitué patiemment pendant près de 30 ans pour être mis au service des réalisateurs, mais aussi des associations, des quartiers, des collectivités locales, des établissements scolaire, du spectacle vivant, etc.

Un tel outil permettrait au GPA-BN de poursuivre l’action de production d’auteurs et par ailleurs de poursuivre des partenariats avec les structures culturelles de notre région et au-delà.

Rappelons que le parc matériel a été constitué majoritairement sur subventions provenant des collectivités. Accepterons-nous de laisser le privé s’approprier des biens publics que finalement nous avons tous payés.

Nous pensons, avec les membres de l’Association régionale pour le développement de l’Economie Solidaire, ARDES que nous pouvons empêcher que soient bradés un patrimoine et un parc matériel audio-visuels publics.

Nous pensons que nous pouvons favoriser la poursuite d’un secteur de création en région.

Nous proposons donc une souscription financière d’abord pour aider les réalisateurs à racheter leurs propres films (et les confier au GPA-BN) et ensuite pour participer à l’offre de reprise globale.

Si notre souscription est suffisante, additionnée au financement déjà acquis par le GPA-BN, notre proposition de rachat « associative » peut être concurrentielle à celle du privé ;

Rappelons que le tribunal ne juge pas que sur l’argent mais aussi sur le projet.

Une force populaire peut empêcher le privé de capter à son profit des biens publics et peut faire bouger les choses auprès des élus.

On peut faire l’hypothèse que si les 58 films sont préemptés et achetés par les auteurs, le repreneur sera moins intéressé et qu’il y aura place pour une autre offre de reprise et un autre projet.

Les sommes que vous enverrez seront libellées à l’ordre du GPA-BN qui les centralisera. Armelle Vannière (trésorière) se chargera de cette gestion .

Dans un premier temps les souscriptions permettront donc d’aider les réalisateurs à racheter leurs films sélectionnés.

Dans un second temps elles permettront de faire une offre de reprise globale plus étoffée.

Si celle-ci est acceptée par le tribunal, vous deviendrez membre de l’association GPA-BN et participerez si vous le souhaitez à la mise en oeuvre d’un projet culturel, où les citoyens auraient une place dans la production culturelle.

Vous participerez à la création d’une activité économique basée sur de la solidarité et non sur la seule entente des producteurs.

♦ Si elle est refusée par le tribunal, l’association vous restituera de l’argent. La somme totale de l’achat des films sera déduite de la somme totale récoltée et une répartition se fera au prorata de votre souscription. Vous pouvez aussi, bien évidemment, décider de laisser votre don à l’association.

Au moment ou nous sommes nombreux à craindre la marchandisation de la culture ou son instrumentalisation par les pouvoirs publics, nous avons une bonne occasion de montrer concrètement qu’on peut construire un autre monde dans lequel ce n’est pas l’économie qui guide tout mais la volonté collective des citoyens, la valeur qu’ils accordent à la culture. Nous avons la possibilité de transformer des déclarations, des votes, des prises de positions en acte concret et en création collective innovante.

Que faisons nous ensemble ?

Les membres de l’association GPA-BN

6 rue Jean Marot

14000 Caen

11 juin 2005


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