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Manifeste " La vie de l’art est un art de vivre"

Du possible, sinon j’étouffe !

Manifeste très parlant tant il est vrai qu’il s’agit d’un art de vivre de nous ensoleiller, nous éblouir, nous émouvoir ou nous faire rire qu’il parle de liberté, que tous dès l’école doivent y avoir accès........

 

MANIFESTE

LA VIE DE L’ART EST UN ART DE VIVRE !

Le Syndicat National des Arts Vivants est né en 2003, produit de la crise de l’intermittence. En effet à la précarité des artistes : acteurs, musiciens, danseurs fait écho la précarité des petites entreprises qui massivement les emploient. Il devient urgent de penser une nouvelle politique culturelle qui recouvre mieux les besoins et s’inscrive dans une perspective de changement inévitable des modes de développement actuels sur les quels se fonde notre société.

1) DU POSSIBLE SINON J’ETOUFFE ! Pour les budgets et finances consacrés à la culture...C’est la stagnation ou la récession condamnant au chômage artistes et techniciens quand ils ne sont pas appelés à grossir les rangs des RMIstes ! Condamnant à la faillite tout autant, des milliers de petites entreprises et compagnies qui sont les forces vives du spectacle vivant. Il en naît autant qu’il en meurt et celle qui disparaît ce jour renaîtra de ces cendres demain ! Alors prendra-t-on enfin la mesure du problème ? Répondra-t-on enfin à cette aspiration nouvelle qui va croissante de liberté d’expression, à cet appétit nouveau qui se manifeste de toutes les manières de vivre autrement ? Le temps de la culture étroitement assimilée aux beaux arts est révolu...La formidable explosion de créations artistiques de toutes sortes nous indique autre chose. C’est cela qui demande a être pris en compte, c’est cela qui appelle la mise en œuvre d’une politique culturelle nouvelle. Cela implique que les moyens nécessaires soient déployés : la précarité de nos situations en témoigne. Nous étouffons sous les mesures antisociales et antidémocratiques (réforme de l’intermittence, augmentation des contrôles des petites compagnies, diminution ou stagnation des budgets). Sous prétexte de faire des économies, les dirigeants politiques ont décidé de purger notre secteur. Nous avons urgemment besoin d’un mouvement de balancier inverse ! Donner aux artistes moyens d’existence et d’entretenir leur capacité de travail : c’est aujourd’hui, un enjeu considérable pour définir une démocratie moderne et un monde plus juste et plus vivable.

2) POUR UNE CULTURE NON RENTABLE ! Oui, nous réclamons un investissement massif dans le secteur des arts vivants et, non contents de cela, nous affirmons qu’il ne faut pas en attendre de plus value financière ! Nos activités ne relèvent pas du secteur marchand : le théâtre, la musique non enregistrée, les arts de la scène sont produits à perte ! Oui, la culture coûte chère, trop chère pour ceux qui ne voient le monde qu’à travers le prisme de l’argent. Où qui n’en mesure que la portée économique quand ce n’est pas prendre l’art comme support publicitaire et promotionnel pour en justifier la raison d’être ! Et cette raison d’être, elle est ailleurs : dans la gratuité, la capacité de l’art à n’être au service de personne, ni d’une cause, ni de quoi que ce soit ! pas même de s’affirmer à son propre service : que crèvent les artistes ! Oui, nous portons d’autres valeurs, à travers les liens et les interactions que nous tissons avec les publics ! Nous aspirons à être créateurs et porteurs de l’utopie vivante, inventer le monde ; Et sans le partage de cette capacité d’invention ( confirmant par là : la disparition inévitable des artistes en tant que tels !) il est fort à craindre que le monde aille à sa perte. Au même titre que l’éducation et la santé, l’accès à l’art doit être reconnu d’utilité publique, c’est l’intérêt général qui doit primer. Ainsi la culture peut prendre tout son sens.

4) POUR EN FINIR AVEC LE JUGEMENT DE (donne) DIEU ! Nous remettons en question le système d’évaluation des œuvres et des artistes par les dispositifs et procédures mis en place. Nous rejetons la notion d’ « excellence » ( telle chose serait dite de « qualité » . De qualité pour qui ? et pour quoi ? et souhaitons que soit identifiés des critères variés d’ordre aussi bien subjectif qu’objectif, même si en dernière instance la subjectivité l’emporte. Nous n’entendons pas confondre le « jugement de Dieu » (forme d’excellence stigmatisée par Antonin Artaud) et les jugements de (donne) Dieu de Vabre ou de ses serviteurs.

3) POUR L’EDUCATION POPULAIRE ! A-t-on une quelconque idée des changements que pourrait provoquer une éducation artistique généralisée ? Aucune ! La juste réponse passe par un véritable développement des arts vivants qui doit trouver son expression dans une série de mesures frappées du sceau du bon sens. A commencer par la mise en œuvre d’une éducation artistique pour tous les enfants, dans le cadre de l’Education nationale. Une Education mise en œuvre par les artistes eux-mêmes. ( Et on pourrait alors découvrir avec stupeur qu’il n’y a pas assez d’artistes pour un tel programme. Pas assez « formés » pour une telle mission : ce n’est pas douteux !) A désirer ensuite mettre les prestations artistiques au cœur de la vie des gens... En finir avec une vision de l’art archaïque, exemptée de vérité pratique. Mettre en œuvre pour toute la population une politique d’éducation artistique à l’identique de celle proposée aux enfants. Les artistes, les créateurs sont là pour accompagner les changements et mutations inévitables du monde moderne. Leur rendre la vie impossible : c’est se priver et priver les gens, des outils nécessaires pour qu’ils réfléchissent et pensent leur vie et qu’ils se donnent un avenir. Ceux qui pensent qu’il y a trop d’artistes se trompent lourdement, ils ne perçoivent pas combien la réalité du monde dans lequel nous vivons évolue et se transforme. C’est le travail des artistes que d’anticiper et d’être porteur de visions nouvelles et de permettre à chacun de s’y adapter. Il faut donc revoir les équilibres financiers sur quoi a pu être bâtie la politique culturelle. Fortifier et encourager le secteur des petites structures indépendantes. En finir avec la collusion de la culture et du prestige et du tape à l’œil. Aller résolument à contre emploi de certaines industries culturelles qui n’ont pas d’autre objet que d’abrutir et dégrader les gens. Redonner place et valeur à la cause plus que jamais actuelle de l’éducation populaire !

Syndicat national des arts vivants de Basse Normandie Caen

2 février 2007


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