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Le “modèle” électrique français : l’entêtement le plus stupide du monde !

A propos des déclarations du chef de l’état à Fessenheim :

 

Pourquoi la France a-t-elle tant de difficultés à équilibrer production électrique et consommation en hiver, et plus particulièrement en fin d’après-midi et début de soirée ?

 La réponse est connue et même archi- connue : c’’est un problème de consommation de pointe non dû à une insuffisance de production nucléaire, mais à la spécificité française du presque tout électrique et au chauffage électrique.

Dès 1988, Monsieur Syrota , qui fut à la tête de la direction générale de l’énergie et des matières premières avant de devenir le chef d’AREVA, mettait EDF en cause pour la “promotion du chauffage électrique, un particularité française que rien dans la structure du parc de production d’EDF ne justifie.”Il ajoutait que “ compte-tenu de la surcapacité nucléaire d’EDF acquise sans aucun doute pour des nombreuses années, le parc nucléaire peut assurer dans les faits une partie des consommations de chauffage ; mais qu’il s’agit dans ce cas d’un nucléaire sous utilisé, économiquement inadapté et “on ne peut souhaiter que cette situation se perpétue...”...

” Le développement du chauffage électrique en France résulte principalement de la volonté d’expansion d’EDF ; l’établissement a mis la puissance que lui confère un monopole quasi absolu et tout à fait spécifique à la France, au service d’une politique tarifaire et commerciale adaptée à cette fin...” ”...Le chauffage électrique bénéficie en outre d’un avantage relatif en matière du coût d’équipement du logement...Le montant de l’investissement est en effet, nettement moins cher pour les convecteurs électriques...Le plus souvent, le choix du modèle de chauffage n’est pas le fait de l’usager mais celui du promoteur...Les problèmes de dépenses d’énergie et de “l’inadaptation économique de l’outil nucléaire aux utilisations courtes n’étaient pas pris en considération...

Une centrale nucléaire est très lente à démarrer, à ralentir ou à accélérer sa production, alors que le recours à du thermique classique, à de l’hydraulique, ou aux éoliennes est beaucoup plus rapide.

On ne met donc pas en marche une centrale nucléaire pour quelques heures par jour, à la rentrée du travail le soir et à la préparation du dîner.

Aujourd’hui, la France a encore trop de production nucléaire en base dont elle brade une partie à l’étranger ( 15% environ soit la production d’une douzaine de réacteurs) surtout à la Grande Bretagne, à l’Italie et à l’Espagne.

Par contre, elle importe, bon an, mal an, 3% d’électricité à l’étranger, dont la plus grande partie pour fournir les pointes, les soirs d’hiver, parce que la part des centrales charbon, fuel et gaz ( ce dernier, moins polluant) et le recours à l’hydro-électricité ont fortement diminué ( Et on envisage la suppression des barrages sur la Sélune dans le Sud Manche ! ), alors que la part des énergies renouvelables reste réduite à la portion congrue.

La conjonction de la tendance vers le tout électrique et le quasi tout nucléaire est la plus grande stupidité d’EDF qui achète en urgence jusqu’à 10 fois plus cher du Kwatt / heure électrique produit par des combustibles fossiles, fauteurs de gaz à effet de serre , à l’étranger par des” contrats dits à bien plaire” , qu’elle revend.

Il en résulte par ailleurs une injustice : “ une partie notable du coût du chauffage électrique est en fait supporté par les autres usagers d’EDF...EDF vend chaque Kwatt/heure pour le chauffage à environ la moitié de son coût comptable...”Qui plus est, “...Le chauffage électrique rend l’ensemble du réseau électrique commun à tous les usagers de plus en plus vulnérable aux aléas climatiques...

Et Monsieur SYROTA proposait d’introduire “un tarif saisonnalisé”.

Qu’a-t-on fait depuis 24 ans pour remédier à cette stupidité du presque tout nucléaire joint au quasi tout électrique ?

Aujourd’hui,
-  On veut relancer le nucléaire avec la construction de l’EPR et prolonger la durée de vie des vieilles centrales.
-  On ne respecte pas les engagements pris devant l’Union européenne quant au développement des énergies renouvelables.
-  On continue de promouvoir le chauffage électrique.
-   On conseille même, en période de grands froids aux usagers de réduire leur consommation d’électricité, les rendant responsables de cette situation. EDF paie même des industriels pour qu’ils arrêtent momentanément leur production.

La politique énergétique française , pour perdurer dans ses erreurs, s’appuie sur le mensonge d’État.

Pour le Crilan,  Didier ANGER

10 février 2012


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