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Pecresse et la monnaie de singe

Un milliard pour l’université ou 5 fois moins ?

Une fois de plus les médias se sont distingués. Tous ont repris, pour discréditer les étudiants et lycéens, les "augmentations" de budget claironnées par Valérie Pécresse.

Pourtant un minimum d’attention et de calcul élémentaire leur aurait permis de se rendre compte qu’en fait de milliard c’est seulement 183 millions.

Alors incompétence, nullité ou servilité ?

Sans doute les 3

 

Madame la Ministre : votre milliard est postiche, votre autonomie de carême, vos promesses de Gascon

Par Henri Audier, le 28 novembre 2007

http://www.sauvonslarecherche.fr/sp...

Où l’on verra pourquoi l’affirmation qu’il y aurait cette année un milliard de plus cet année pour les universités est une tromperie.

Madame la Ministre,

Quel que soit le brillant de vos interventions, rien ne vous autorise à mentir délibérément à la communauté que vous êtes censée défendre, et au-delà à tout le pays. "Le milliard de plus pour l’université" que vous annoncez dans tous les médias est inexistant, fictif, postiche.

En effet, le site de votre ministère annonce 922 millions (M€) de plus pour l’enseignement supérieur en 2008.

Vous calculerez facilement que pour les 12,5 milliards de crédits universitaires, une augmentation de 2% (dus à l’inflation) représente 250 millions ; la croissance en euros constants n’est plus que de 672 M€.

Si vous lisez le "jaune" du budget, préparé par vos services, vous vérifierez que 289 M€ sont embolisés pour "financer l’évolution de la masse salariale en 2007" et que 200 M€ de la ligne "constructions universitaires" sont un simple rattrapage de crédits de paiement sur quelques chantiers. S’il est bien que l’Etat paye ses dettes, il ne s’agit en rien de mesures nouvelles.

Celles-ci s’élèvent en réalité à 183 M€ (+1,4 %), et non pas un milliard (2). Pas de quoi pavoiser quand on connaît le retard, et quand on voit que notre voisin britannique prévoirt des augmentations annuelles de 10%.

Ce d’autant qu’un calcul similaire conduit pour la recherche publique, sans laquelle il n’y a pas d’enseignement de haut niveau à une croissance strictement nulle, qui se traduira, compte tenu de l’inflation et des réserves obligatoires (rarement restituées), par une diminution nette !

C’est donc une autonomie de carême que vous avez octroyée aux universités : zéro emploi créé, des crédits de recherche qui ne suivent pas l’inflation et une misère pour améliorer le premier cycle.

Alors, comment vous croire quand vous affirmez, sans création d’emplois, que la dépense par étudiant des universités sera portée au niveau de celle des grandes écoles ? Par des heures supplémentaires, en diminuant plus encore, le temps de recherche des enseignants-chercheurs ? Où sera la disponibilité, pour un suivi individualisé, d’enseignants croûlant sous les heures de cours ? Où sera la modernité de leur enseignement s’ils n’ont plus de temps pour faire de la recherche ?

Et comment vous croire, Madame la Ministre, quand vous annoncez un milliard de plus par an jusqu’en 2012, 15 milliards "en cumulé" (c’est la même chose, mais cela fait plus riche) quand "le milliard 2008" ne vaut en réalité que 183 millions ?

Pour être crédible, Madame la Ministre, il serait temps de négocier avec ceux qui enseignent, avec ceux qui cherchent, avec tous ceux qui font marcher journellement l’université, et pas seulement ceux qui y étudient ou ceux qui l’administrent.

Ce sont plus de cent mille professionnels que vous ignorez superbement. Il suffirait de décréter un moratoire sur la loi LRU, de mettre tout le monde autour de la table, sans séparer enseignement et recherche, et de remettre à plat tous les problèmes.

Nous y sommes prêts. Et vous ?

Henri Audier

29 novembre 2007


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