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Dissolution de la police politique !

 

Dès le 13 septembre 2007 Alliot-Marie annonçait la création de la DCRI « véritable FBI à la française ». Cette fusion de la DST et des RG est devenue opérationnelle depuis le 1er juillet 2008.

La direction centrale du renseignement intérieur( DCRI), une police politique

Dès le départ nous avons pensé qu’il s’agissait là du renforcement d’une police politique au service de l’exécutif et d’un renforcement de l’autonomie d’un service d’espionnage intérieur vis à vis de tout contrôle démocratique.

Ceci s’inscrit dans toute la logique sécuritaire qui va bien au delà de la multiplication des lois de cette inflation législative : le sens de cette inflation est de renforcer les pouvoirs de l’exécutif sur le judiciaire. Mais aussi de faire de la police l’élément central de la politique de répression au détriment de la magistrature jugée trop laxiste, trop formaliste sur les libertés individuelles et publiques.

Le fonctionnement de la DCRI est une caricature de ce glissement autoritaire au mépris des régles de séparation des pouvoirs, au mépris des droits des citoyens ( journalistes et autres).

Quand on sait le nombre d’erreurs considérables dans le fichier STIC cf http://anpag.org/article.php3?id_ar... on ne peut qu’être très inquiets sur ce que fait cette DCRI .

Tarnac revendiqué !

Chacun a bien sur en tête son rôle dans l’affaire de Tarnac,à la source des faiblesses de l’accusation dans ce dossier .

On voyait déjà là des dangers sur les libertés.

Mais tout ceci la directeur de la DCRI l’assume sans aucun problème dans une interview au Point du 12/03/2009 dont voici quelques morceaux choisis significatifs ; « La DCRI surveillait ces individus depuis longtemps. Nous savions ce qu’ils faisaient, avec qui ils étaient en contact - en France et à l’étranger. Assez pour savoir que ce groupe se situait dans les prémices de l’action violente ; le stade où les choses peuvent basculer à tout moment [...] J’assume ce qui a été fengagéeait. Notre mission consiste à détecter les personnes dont le comportement présente des risques pour l’Etat et la société, à les surveiller pour anticiper le moment où elles seront tentées de passer à l’acte et à intervenir pour éviter des drames. »

Ceci tout en disant dans le même temps « Ce n’est pas à la police d’apprécier les qualifications pénales retenues contre ces suspects, mais à la justice ».

Tout les ingrédients d’un détournement des droits sont déjà là : il s’agit bien d’un procès d’opinion qui ne repose sur aucun élément concret qui puisse fonder un délit .

Ce fonctionnaire revendique le droit à la sanction préventive fondée sur l’intention que ses services ont su détecter !

On remarquera aussi que cet individu se livre à l’auto-promotion de son service et à une médiatisation de son action anti terroriste qui ressortent toute les deux d’une intervention politique.

Squarcini récidive !

Ce qui s’est passé ces jours derniers vient confirmer toutes les craintes.

D’abord Bernard Squarcini donne une interview au Journal du Dimanche du 10 septembre sous le titre racoleur Terrorisme : "La menace n’a jamais été aussi grande"

Selon le JDD il ne cache pas son inquiétude pour les "semaines ou les mois" qui viennent.." Il précise : « Nous sommes aujourd’hui au même niveau de menace qu’en 1995. S’il y a des militaires dans les aéroports, des barrières devant les écoles et des sacs poubelles en plastiques, ce n’est pas pour rien. Tous les clignotants sont dans le rouge. »

Diable voilà qui va faire trembler dans les chaumières !

C’est bien un discours politique sécuritaire que tient là ce fonctionnaire et l’on peut craindre qu’une fois de plus, ce type de discours, d’un pseudo-expert auto proclamé soit le prélude à un nouveau durcissement sécuritaire.

Les discours des politiques ne suffisent plus, ils sont discrédités par leur mensonges comme Hortefeux pris la main dans le sac par la publication de sa circulaire du 5 aout en contradiction avec ses discours officiels. Allez voir les circulaires de la Honte sur le site qui les a rendues publiques « Le canard Social » http://www.lecanardsocial.com/Artic...

Ce fonctionnaire a outrepassé sa fonction, il est sorti de l’obligation de réserve. Pire encore en protégeant ces « informations » par le secret défense, il empêche tout débat démocratique sur le sujet.

La DRCI contre les mouchards de la majorité

Mais ce que publie le monde du 13 septembre est encore plus significatif du niveau de dérive de la DCRI.

Cette dernière a mené , en dehors de tout contrôle des juges du judiciaire une enquête sur des faits qui, s’ils mettent en cause le président et ses ministres, ne peut être "mission de protection des intérêts de l’Etat "

Le Monde écrit : « La publication de ces informations, à quelques jours de l’audition de M. Woerth par les policiers, prévue fin juillet a, selon des sources proches du dossier, particulièrement irrité l’Elysée. Selon plusieurs sources interrogées par Le Monde à la Direction générale de la police nationale (DGPN) ainsi qu’à la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), ordre a alors été donné à la DGPN de mettre fin aux fuites qui avaient abouti à la publication de ces informations dans Le Monde.[...)Les services de la DCRI, c’est-à-dire du contre-espionnage français, ont été mis à contribution hors procédure judiciaire, une quinzaine de jours avant qu’une enquête préliminaire ne soit ordonnée par le parquet de Paris, le 4 août. Les identités des personnes ayant contacté ce membre de l’appareil d’Etat ont été remises à la DCRI par un opérateur téléphonique, sous forme d’un listing. C’est à cette occasion que le nom de Gérard Davet, journaliste au Monde, est apparu. La DCRI - qui a assuré au Monde avoir agi dans le cadre de sa "mission de protection des intérêts de l’Etat " - a transmis, courant juillet, ses conclusions à l’Elysée, pensant avoir identifié la source du Monde.  »

Bien sur l’exécutif est mis en cause dans le Monde sans doute à cause de la proxilité entre Squarcini et Sarkozy http://fr.wikipedia.org/wiki/Bernar... L’exécutif, qui a la haute main sur la DCRI, enfreint d’après Le Monde la loi relative à la protection du secret des sources des journalistes, dispositif qu’il avait pourtant renforcé par la loi du 4 janvier 2010 : "est considéré comme une atteinte indirecte au secret des sources le fait de chercher à découvrir les sources d’un journaliste au moyen d’investigations portant sur toute personne qui, en raison de ses relations habituelles avec un journaliste, peut détenir des renseignements permettant d’identifier ces sources".[..]"il ne peut être porté atteinte directement ou indirectement au secret des sources que si un impératif prépondérant d’intérêt public le justifie, et si les mesures envisagées sont strictement nécessaires et proportionnées au but légitime poursuivi".

Squarcini dehors, dissolution de la DCRI

L’Elysée vient de démentir avoir donné de tels ordres. Une éventuelle enquête démontrera ce qu’il en est. Mais, même si Sarkozy n’est pas en cause, un service de l’Etat, dirigé par un fidéle de Sarkozy, s’est permis de violer la loi et s’est livré à un travail qui sert des intérêts partisans .

L’absence de sanction contre ces agissements ne fera qu’accréditer la thèses dejà bien ancrée dans le peuple que le président ne veut pas faire la lumière sur l’affaire Woerth.

Mais on ne peut en rester à faire la lumière sur cette seule affaire là. Ce n’est pas seulement un "coup de main à un ami"

Plus qu’un problème de directeur, plus qu’un problème de soumission partisane, c’est la conception même de ce service qui doit être mis en cause. Il ne doit pas être un outil au service exclusif de l’exécutif, il doit être contrôlé par les représentants du peuple, et l’autorité judiciaire.

Ce service doit être mis hors d’état de nuire aux libertés.Une enquête doit être diligentée rapidement sur qui a fait quoi dans cette affaire et sur ce qui se fait dans l’ombre de ce service contre les libertés.

Dans l’immédiat son directeur doit démissionner ou être renvoyé.

13 septembre 2010


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