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Présentation des modificatons du texte politique

Coordination nationale du 27octobre 2007

 

La nouvelle mouture, datée du 24/10, a été orientée par plusieurs considérations .

Plusieurs collectifs demandent une inscription plus détaillée dans l’actualité. Le texte politique qui sera adopté lors des Assises n’est pas un document sur la situation politique. C’est un document d’orientation. Certes, il n’a pas une espérance de vie séculaire. Il ne faut pas pour autant un faire un texte sur la conjoncture. Nous verrons aux Assises si la situation nous dicte d’adopter en plus une ou des résolutions sur tel ou tel sujet d’actualité.

Bien des propositions d’amendements ou des demandes d’amélioration portent sur des points d’analyse ou programmatiques. Nous avons été très prudents. Nous ne devons pas démentir dans la pratique ce que nous proclamons en général : notre diversité et notre volonté de faire de la politique autrement. L’une et l’autre nous commandent de prendre le temps.

Dès que l’on approfondit l’analyse, que l’on précise tel point théorique ou que l’on avance une nouvelle proposition programmatique, il y a généralement divergence. Nous avons reçu par exemple des amendements caractérisant la mondialisation. Nous savons bien qu’il y a des approches différentes de la mondialisation. Pour certains les marchés financiers ont établi un ordre mondial dans lequel les Etats n’ont plus de capacité d’action ; pour d’autres, ce sont les USA qui dirigent le monde sans contre-pouvoir ; pour d’autres il y a une dialectique entre les forces économiques de la mondialisation et l’action des Etats qui laisse à ces derniers la possibilité de choisir une autre politique. Nous n’allons pas régler cela d’ici les Assises et il ne serait pas juste de cliver celles-ci sur un tel sujet.

Il en est de même sur le projet et les propositions. Nous avons mis des mois à écrire la charte des comités du 29 mai et plusieurs mois encore pour les 125 propositions. Avec de très nombreux amendements des collectifs, plusieurs réunions nationales dans chacun des cas. Et pourtant, bien des collectifs ont alors estimé n’avoir pu pleinement s’impliquer. Nous n’allons pas adopter à la va-vite telle ou telle nouvelle proposition qui ne fait pas immédiatement consensus, même au motif de l’urgence. Nous devons prendre le temps de vérifier ou de construire l’accord. D’autant plus que, comme l’a rappelé la camarade de Bordeaux ce matin, nous ne sommes pas destinés à être les simples porte-voix des mouvements sociaux. Nous faisons connaître leurs analyses et propositions. Quant aux nôtres, elles peuvent être différentes parce qu’un point de vue politique, donc général, sur la société ne conduit pas toujours aux mêmes réponses que celles d’un mouvement de lutte particulier.

Nous n’avons pour autant aucun sujet tabou. Mais il faut prendre le temps de les traiter, d’approfondir des sujets sur lesquelles nous n’avons souvent qu’un vue superficielle, de tenter de dépasser les désaccords qui nous partagent. Cela fera partie du travail des collectifs, des groupes de travail et des coordinations après les Assises.

Voilà pour ce que nous n’avons pas changé. Venons-en aux modifications.

Dans le débat que nous menons, il me semble qu’il y a une source importante de confusion. Lorsque l’on ne prend pas soin de distinguer l’objectif (le rassemblement de toutes les forces de la gauche de transformation sociale) et le but immédiat (regrouper, au sein de ces forces, ceux qui veulent porter cet objectif) ; ce qui doit sortir de futurs Etats généraux et ce qui doit sortir des Assises. Dès lors que l’on ne distingue pas soigneusement l’un de l’autre, la discussion devient incompréhensible. Prenons l’exemple de ce fameux débat : voulons-nous construire un nouveau parti ? Il n’a évidemment pas le du tout le même sens si l’on parle des Assises ou des Etats généraux. Beaucoup de camarades souhaitent que le rassemblement à venir devienne un parti et sont tout à fait hostiles à la création d’un nouveau parti au sortir des Assises. Si l’on confond les deux, la discussion n’a aucune chance de progresser. Nous avons donc introduit des modifications destinées à mieux différencier les deux niveaux.

Vient ensuite la discussion sur ce que nous voulons construire à partir des Assises. Ce matin un camarade a dit : deux lignes s’affrontent. Je ne suis pas d’accord avec cette approche. Il n’y a pas deux lignes mais une contradiction réelle avec deux dangers qu’il nous faut éviter. Entre Charybde et Scylla le passage est difficile.

La contradiction est d’abord politique en ce qui concerne l’objectif : nous voulons que se rassemblent toutes les forces de la transformation sociale pour sortir de l’impuissance tragique de la dispersion, mais ces forces ne sont pas aujourd’hui disposées à ce rassemblement. On peut en déduire qu’il faut renoncer à l’objectif ou que l’on doit se borner à les faire dialoguer pour qu’avance l’idée du rassemblement. Nous voulons éviter ces deux erreurs opposées. Cela se décline concrètement. Nous voulons être à la fois un cadre de débat et d’action. Nous ne voulons pas ajouter un petit parti à la liste déjà trop longue, mais nous devons pouvoir peser sur la situation par nos initiatives propres si l’unité est refusée. Voilà pourquoi par exemple, nous sommes en désaccord avec l’amendement qui tend à interdire de nous présenter à une élection s’il y a compétition avec d’autres candidats anti-libéraux. Il n’y a pas plus lieu de poser le principe d’une présentation systématique identitaire que celui d’une non présentation systématique. Les collectifs apprécieront au cas par cas.

Nous refusons à la fois la forme de cartel que nous avons connue dans les CUAL et la réduction à une seule sensibilité, même si elle est composée de hors partis. Nous voulons éviter ces deux dangers en conservant, voire en élargissant la diversité des origines et des cultures dans les collectifs, à la condition qu’il partagent la volonté de rassemblement large. Voilà pourquoi, d’une part, nous préférons le terme « creuset » et, d’autre part, nous n’avons pas repris la proposition interdisant certaines responsabilités à ceux qui appartiendraient à un parti. Leur octroyer un statut de sous-membres n’encouragerait pas l’élargissement et pousserait dehors ceux qui sont là. Comme le disait le représentant de Béziers : « nous sommes un regroupement de femmes et d’hommes libres, c’est à dire, déjà, libres d’appartenir aux organisation de leur choix. On retrouve la contradiction de départ pour le fonctionnement avec les deux dangers de la centralisation excessive et de l’atomisation.

Il n’y a donc pas deux lignes qui s’affrontent : l’impuissance cartellisée et le nouveau petit parti ; mais deux dangers à éviter, c’est à dire entre lesquels nous cherchons les meilleurs dosages, les meilleurs équilibres sur chaque sujet. Il n’y a pas deux lignes, mais un spectre continu de positions, de propositions de dosages et d’équilibres. C’est une toute autre façon de poser les débats entre nous. Certes, le « ligne contre ligne » est bien plus confortable ; bien plus classique aussi. Trouver les meilleurs équilibres, c’est plus difficile, cela implique plus d’écoute, plus de soin.

Ces équilibres nous les cherchons immédiatement, dans la rédaction des textes politique et fonctionnement. Mais le problème se posera en permanence. « Charybde et Scylla » est une histoire maritime. Nous devons éviter l’une et l’autre, mais nous savons aussi que les courants seront forts. Nous avons introduit des modifications substantielles dans le texte pour préciser ces points et comment nous entendons éviter les deux dangers.

En affirmant d’abord que nous ne prétendons pas représenter toutes les forces à réunir ni être le pivot de ce futur rassemblement : c’est pourquoi nous disons « un creuset » et « non le creuset » et nous proposons la co-organisation des futurs Etats généraux. En ne partant pas de l’idée que nous avons vocation à porter un projet ou un programme différent des autres. Nous sommes tous très hétérogènes. Dans l’action, en commençant toujours par proposer l’unité aux autres. En cherchant à ce que les élaborations soient partagées, sans nous limiter, s’il y a accord entre nous, à ce qui sera accepté par toutes les forces de transformation sociale.

Nous avons résumé aussi, dans le texte politique, ce que notre démarche générale induit pour le fonctionnement. les collectifs regroupent des individus qui pèsent également : rupture avec la cartellisation. Les collectifs sont souverains, sans obligation de mettre en oeuvre les décisions des coordinations. Notre diversité nous conduit à toujours rechercher le consensus avant une décision. Ce n’est plus le consensus qui prévalait dans les CUAL, règle de décision dictée par la cohabitation d’organisations. Nous ne pouvons le maintenir comme tel : cela conduirait à la paralysie. En revanche, la recherche du consensus demeure comme démarche et objectif politique précédant toute décision. Nous ne prétendrons pas avoir une réponse unifiée sur tous les sujets, ni même une position sur tous les sujets. Ces trois éléments sont des différences fondamentales avec le fonctionnement classique d’un parti.

2 novembre 2007


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