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Projet de texte politique

Version du 30/10/07 pour les assises des 1er et 2 décembre

 

Cette version est le fruit des réécritures successives, par le secrétariat et les rapporteur-ses, à partir ce qui ressortait des synthèses sur le projet de texte politique lors des ateliers des coordinations de septembre et octobre.

Les collectifs peuvent présenter des amendements sur cette nouvelle version jusqu’au lundi 19 novembre à midi à AUsecretariat@ras.eu.org.

Plusieurs amendements ont déjà été présentés et ont pu rencontrer un écho particulier lors des coordinations sans pour autant faire accord et appellent donc un débat plus long et élargi. Ils sont présentés en annexe de ce projet, avec l’indication dans le texte de leur emplacement, en rouge.

Enfin, en conclusion du § 9, la question d’un bilan plus détaillé de la précédente séquence électorale a été posée. Il n’est pas apparu de façon évidente que ce texte en était le lieu. Il a donc été suggéré de procéder par contributions à part, mais là aussi le débat reste ouvert.

[1] La mondialisation capitaliste, étroitement liée aux politiques de domination des pays riches, sème le chaos et menace la planète.

[2] La puissance des marchés financiers, la suraccumulation des profits pour l’enrichissement sans bornes d’une infime minorité, la misère, le chômage et la précarité pour les deux tiers de l’humanité, le productivisme destructeur des équilibres écologiques et des structures quotidienne des relations collectives, la généralisation du règlement des conflits par la guerre appellent une rupture à l’échelle du monde entier. Après avoir étendu l’exploitation du travail à toutes les activités productrices de biens et de services, le capitalisme néo-libéral prétend transformer toutes les activités de la vie humaine en marchandise, la privatisation des services publics, le démantèlement de la protection sociale, l’abolition du droit du travail. [Ici un ajout est proposé par le 1er amendement de Grenoble sud-est]

[3] Il y a urgence à stopper cette logique dévastatrice. Il y a urgence à ce que les peuples interviennent. Dans de nombreux pays, y compris en Europe, la résistance tente de s’organiser. Toutefois, l’actuelle construction européenne, loin de constituer une défense, comme certain-es l’ont cru, participe à cette mondialisation capitaliste. C’est une machine à broyer la souveraineté populaire, qui conforte le pouvoir des firmes transnationales, des fonds de pension, des marchés financiers. En France, la victoire de Sarkozy va se traduire par une tentative d’accentuation systématique de ces politiques.

[4] La victoire de Sarkozy : un projet autoritaire et néo-libéral pour mettre la France au pas à l’heure de la mondialisation

[5] La politique de la majorité de droite, applaudie par le MEDEF, s’affiche pour ce qu’elle est : un projet autoritaire et néo-libéral systématique qui vise à mettre la France au pas à l’heure de la mondialisation. Franchise médicale, bouclier fiscal pour les plus riches, exonération des droits de succession des gros patrimoines, défiscalisation et suppression des cotisations pour les heures supplémentaires, limitations du droit de grève (notamment par l’instauration du service minimum dans les transports), dépénalisation des délits en matière de droit des affaires, xénophobie d’État contre les étranger-es, durcissement du traitement de la récidive, alourdissement du régime pénal des mineurs, privatisation de GDF, TVA sociale, soumission des universités à une privatisation de plus en plus criante, suppression de 11 000 postes dans l’éducation nationale, suppression des régimes spéciaux de retraite, tentative de faire passer la substance du traité constitutionnel européen rejeté, courbettes à Bush : rarement un programme a aussi ouvertement présenté ses choix sociaux : favorable aux plus riches et au patronat, hostile aux plus démuni-es, répressif, réactionnaire, dangereux.

[6] Pourtant, cette victoire n’était pas inéluctable. Notre pays avait manifesté à de nombreuses reprises sont refus du néo-libéralisme. Que s’est-il passé ?

[7] Pour certain-es, « la France est à droite ». Une telle affirmation rend incompréhensible l’histoire politique et sociale de ces vingt-cinq dernières années, y compris les plus récentes. À droite, la France qui soutient les grèves de 1995 et se mobilise pour la défense des retraites ? À droite, le Non à l’Europe néo-libérale ? À droite, la France qui défend les services publics, inflige une cinglante défaite à la droite aux élections européennes et régionales, rejette le CPE ? Cela n’a pas plus de sens de prétendre que la France est à droite qu’il y en aurait à affirmer qu’elle est à gauche : ce qui rendrait la victoire de Sarkozy à son tour incompréhensible. À droite ou à gauche les révoltes des jeunes des quartiers populaires ? Ni l’un ni l’autre évidemment, mais elles traduisaient bien le caractère devenu insupportable de leur situation.

[8] Non. La réalité est plus complexe et instable. Notre pays est confronté à la violence du capitalisme mondial. Presque toutes les couches sociales sont traversées par des mouvements et des aspirations contradictoires. Cela produit une grande nervosité politique. Nombreux-ses sont celles et ceux qui cherchent une issue, d’un côté puis de l’autre.

[9] Sarkozy a gagné sur une promesse de volontarisme politique et d’efficacité. Son habileté et, surtout, l’incapacité de la gauche lui ont permis d’incarner le changement, y compris pour une partie des couches populaires. Cette situation n’a été rendue possible que par la faillite de la gauche. Faillite de sa composante sociale-libérale : il est une fois de plus démontré que l’orientation majoritaire du PS, qui refuse de rompre avec le néo-libéralisme, ne permet pas de mobiliser suffisamment les couches populaires et d’entraîner le pays. La tentation d’alliance au centre aggrave les choses. Échec aussi de la gauche anti-libérale, de la gauche de transformation sociale qui ne pouvait incarner une alternative dans la dispersion.

[10] Rassembler la gauche de transformation sociale

[11] Cette défaite est grave et profonde. Alors que faire ? Il faut immédiatement aider à l’organisation de toutes les formes de résistance à la politique de la droite et du patronat.

[12] Résister, démystifier, convaincre, construire. Organiser bien sûr la résistance aux coups qui vont tomber, avec toutes les forces disponibles. Mais cela ne peut suffire. Le désarroi exige un travail en profondeur. La mystification sarkozyste doit être démontée, y compris sur le plan idéologique. Il faut nous adresser à celles et ceux qu’elle a ébranlés. Cela ne sera vraiment possible qu’avec le rassemblement sur un programme de rupture de la gauche de transformation sociale.

[13] Si la France n’est pas à droite, elle pourrait le devenir. Elle le deviendra si la gauche s’avère durablement incapable d’apporter une réponse crédible aux maux de notre société et aux problèmes des couches populaires. Là est la question centrale.

[14] Cela ne viendra pas des sociaux-libéraux. Face aux mesures de Sarkozy, la direction du PS est aphone. Elle critique la méthode mais peine à se démarquer sur le fond. Loin de tirer le bilan de la période écoulée depuis le 21 avril 2002 et la victoire du Non au référendum, ses principaux responsables proposent une rénovation qui veut dire encore plus d’adaptation à la mondialisation néo-libérale, plus de concessions aux diktats des puissances économiques dominantes. La solution ne peut être de ce côté. Elle ne peut venir non plus d’une reconstitution de l’ex-gauche plurielle. Encore moins d’une ouverture au centre encore plus accentuée.

[15] Dans ces conditions, la responsabilité de la gauche anti-libérale, de la gauche qui ne renonce pas à la transformation sociale, est considérable.

[16] Il est indispensable d’approfondir le débat sur le projet et les propositions. Il faut tirer le bilan du double échec stratégique dont nous héritons. Parmi les tentatives de transformation révolutionnaire, certaines ont dégénéré et d’autres ont buté sur leur isolement. Les sociaux-démocrates qui prétendaient dépasser le capitalisme par une accumulation de réformes structurelles se sont finalement adaptés à lui. Avec la démocratie chrétienne, ils-elles ont été co-auteur-es de la conception néo-libérale de la construction européenne. Ils-elles se sont massivement convertis au social-libéralisme. Nous devons tirer le bilan de ce double échec qui nourrit un doute profond. Nous devons montrer qu’une toute autre politique est possible dans le monde actuel, avec ses mutations, ses dangers, ses défis.

[17] Cela n’a rien d’incantatoire, malgré la victoire de la droite. Nombre des propositions que nous partageons avec toute la gauche de transformation sociale, en lien avec l’expérience du mouvement social, sont déjà majoritaires dans les attentes exprimées par la population : souveraineté populaire, services publics, protection sociale, pour un type de développement prenant en compte à la fois les urgences sociales et l’avenir de la planète, pour une autre Europe, pour une politique de paix et le refus de la soumission à la politique des États-unis.

[18] Mais ce travail ne sera véritablement utile et même ne pourra être véritablement effectué que si se construit une force capable de porter une telle politique de transformation, d’agir et de poursuivre la réflexion et le débat. les perspectives qui paraissent justes ne peuvent s’affirmer, se consolider, devenir une alternative effective sans que les conditions mêmes de l’activité politique changent : il est indispensable que se développent d’amples débats populaires, inséparables des luttes de rejet des mesures de la droite et du patronat. La conviction qu’un autre monde est possible se forgera au quotidien, au cœur des mouvements sociaux. Elle est inséparable d’une perspective unitaire de toutes les forces de la gauche de transformation sociale. Sans une telle force, les meilleures propositions ne pourront créer une dynamique politique majoritaire à gauche et dans le pays.

[19] Voilà pourquoi, malgré l’échec dramatique de l’unité lors des élections, nous ne devons pas et nous ne pouvons pas renoncer à l’objectif que s’étaient fixés les collectifs dès leur origine : le rassemblement durable de toutes les forces de la gauche de transformation sociale dans leur diversité pour déboucher sur une nouvelle force politique que la situation réclame. Les formes de cette nouvelle force restent à définir : nouveau parti, rassemblement d’un nouveau type dans lequel cohabiteraient des regroupements différents, etc. Cela reste à débattre. Voilà pourquoi, lors des Assises, nous décidons de proposer à l’ensemble de ces forces de préparer des États généraux de la gauche de transformation sociale afin de construire ce rassemblement. Quelles sont ces forces ? Il s’agit de forces politiques allant de la gauche du Parti socialiste à l’extrême gauche en passant par la gauche des Verts, le Parti communiste. Mais aussi de réseaux, d’associations du mouvement social et de milliers de militant-es associatif-ves ou syndicaux-les, de citoyen-nes non-organisé-es qui aspirent à la création d’un tel rassemblement. Vu l’urgence politique, il est souhaitable que ces États généraux se réunissent en 2008 afin de lancer cette nouvelle force le plus rapidement possible.

[20] Nous ne partons pas de rien. Des exigences portées par les luttes depuis novembre-décembre 1995 au 29 mai, une possibilité d’alternative aux politiques néo-libérales se dessinait Cela a été traduit en plusieurs temps, par la charte des collectifs du 29 mai puis par les 125 propositions des collectifs unitaires qui font partie de nos acquis et constituent des références fortes et des points de départ. Il faut, oui, avec la même urgence :

[21] Changer l’ordre des priorités : ne pas subordonner la vie de tou-tes et l’avenir de la planète à l’accumulation des profits par quelques-un-es ; combattre tous les systèmes de domination, considérer que la société est la fin et l’économie le moyen ; envisager un nouveau développement plus égalitaire [une réécriture de ce membre de phrase est proposée par le 2e amendement de Grenoble sud-est], dans le respect d’une contrainte forte, celle de la rareté des biens et ressources mondiales, en premier lieu l’énergie. Cela nécessite un changement radical de perspective politique, sociale, culturelle et bien évidemment économique et écologique. Cela implique en premier lieu un emploi et sa stabilité, des revenus suffisants, un socle de droits individuels et collectifs dont l’effectivité est garantie par la puissance publique.

[22] Se doter de moyens pour affirmer une volonté collective et impulser un nouveau type de développement, en remettant en cause [une réécriture du début de ce § est proposée par le 3e amendement de Grenoble sud-est] la spirale des privatisations, en restaurant, en étendant et en démocratisant les services publics, en confortant l’économie sociale et solidaire, en donnant de nouveaux droits aux salarié-es dans les entreprises. L’objectif de la vie économique ne doit pas être la croissance pour elle-même, mais le développement des capacités humaines ; le critère ne doit pas être la rentabilité financière, mais l’utilité sociale des activités et des productions et l’épanouissement de chacun-e.

[23] Changer les priorités économiques et sociales, en produisant autrement, en répartissant autrement les richesses disponibles, en orientant les ressources autrement, pour la satisfaction des besoins sociaux et environnementaux

[24] Reconnaître l’urgence environnementale, en remettant en cause le productivisme du modèle de développement capitaliste, en réaffirmant le lien nécessaire entre justice sociale et préservation de l’environnement, en abordant de façon démocratique et sociale les enjeux et les défis du réchauffement de la planète.

[25] Faire de la démocratie le but et le moyen prioritaires de l’exercice du pouvoir Dans l’immédiat, cela signifie d’ouvrir la voie à une VIe république démocratique et sociale, représentative et participative, laïque et émancipatrice ; en affirmant la primauté des droits, du bien commun et de l’intérêt général ; en cassant la logique de confiscation des pouvoirs, en étendant la logique démocratique au monde de l’entreprise. En reconnaissant tous les droits civiques et politiques aux étranger-es résident-es. [Ici un ajout est proposé par le 4e amendement de Grenoble sud-est]

[26] Changer radicalement la place des femmes, en combattant toute discrimination de sexe, en luttant contre la domination patriarcale, en considérant que l’émancipation féminine, qui ne concerne pas un groupe mais l’égalité dans la société tout entière, est un élément fondamental de la transformation sociale.

[27] Engager véritablement la lutte pour l’égalité, contre toutes les formes de racisme et contre les discriminations héritées du passé colonial.

[28] Changer la donne pour les jeunes, en intégrant la question de leur place, de leur rôle et de leur avenir comme une question politique majeure. Leurs conditions de vie, de travail et d’étude seront sensiblement améliorées, les solidarités intergénérationnelles seront réaffirmées.

[29] Changer la donne du partage des connaissances et des cultures. Combattre les inégalités scolaires, ouvrir à toutes et à tous les arts et œuvres de l’esprit ; permettre à chacun-e de maîtriser toutes les technologies de communication ; développer une démocratie culturelle associant citoyens et professionnels ; promouvoir le principe d’exception culturelle pour tous les peuples, afin de protéger la diversité culturelle en la mettant à l’abri des règles du marché ; se donner les moyens d’une véritable éducation populaire.

[30] Changer la réalité et l’avenir de l’Europe. Nous ne laisserons pas les règles néo-libérales européennes étouffer notre action de transformation. Nous mènerons bataille, en prenant appui sur les autres peuples, pour une transformation profonde de la construction européenne. Nous refusons le nouveau traité, dit "simplifié", dans la stricte continuité avec le TCE.

[31] Changer les relations internationales aussi. Nous voulons que la France joue un tout autre rôle en Europe et dans le monde, en refusant la logique de la guerre économique et de la guerre sans fin et sans limite, en agissant non comme une puissance impériale mais comme un ferment de paix, de justice, de solidarité et de démocratie. Nous voulons qu’elle contribue au développement économiquement et écologiquement responsable de la planète.

[32] Pour nous, la satisfaction des besoins et la création d’emplois stables ne sont pas des coûts ou des contraintes qui s’opposent à l’efficacité économique. Tout au contraire, la justice est la condition de l’efficacité dans un nouveau mode de développement, attentif avant tout aux êtres humains et à leur environnement. L’effectivité des droits pour toutes et tous, l’extension des services publics, les dépenses de santé, éducatives ou culturelles sont des investissements majeurs qu’il ne saurait être question de restreindre.

[33] Avant l’éclatement des possibilités de l’unité pour des candidatures anti-libérales, nous portions des alternatives réelles. Nous ne nous résignons pas et en portons l’actualité.

[34] Regrouper celles et ceux qui portent la perspective unitaire

[35] L’objectif du rassemblement de la gauche de transformation ne saurait être confondu avec notre entreprise immédiate, nos Assises avec les États généraux que nous proposons, ce que nous faisons immédiatement avec ce que nous visons. L’expérience douloureuse que nous venons de connaître conduit à la conclusion suivante : celles et ceux qui portent cette perspective unitaire doivent mieux se coordonner. Nous rechercherons l’unité la plus large de celles et ceux avec qui doit se construire une alternative capable de victoire, y compris les partis. Le plus tôt sera le mieux. Mais nous ne pouvons uniquement dépendre des décisions et refus de ces partis.

[36] Celles et ceux qui portent la volonté unitaire doivent se regrouper. Le mouvement des collectifs issu de ces Assises ne sera pas une gêne pour construire l’unité large. Il constitue au contraire un facteur nécessaire de sa réussite. Il entend être un creuset où toutes les sensibilités poursuivront le long apprentissage du travail en commun, partie prenante du mouvement large et unitaire qu’il faut construire.

[37] Il ne s’agit donc pas de construire un nouveau parti à côté des autres. Il s’agit de se doter des moyens de réflexion et d’action, confrontés à deux risques qu’il nous faut absolument éviter : le club de discussion cartellisé et incapable d’agir ; le nouveau petit parti qui s’ajoute aux autres et renonce en pratique à construire l’unité de toute la gauche de transformation sociale. Nous savons que c’est difficile. [Une réécriture de ce § est proposée par le 1er amendement de Paris 14e-18e]

[38] Notre volonté d’éviter ces deux écueils se traduira dans nos formes de coordination, l’action quotidienne et le travail d’élaboration.

[39] Nous devrons mieux coordonner les collectifs et disposer de capacités d’actions propres. Pour cela, nous cherchons à inventer immédiatement une nouvelle forme de regroupement différente des partis (voir la Charte de fonctionnement).

[40] 1) Un regroupement fédératif de collectifs souverains n’ayant pas nécessairement vocation à répondre de façon unifiée à toutes les questions politiques et sociales. Le collectif de base, structure majeure, n’a pas l’obligation d’appliquer les décisions des instances de coordination.

[41] 2) Les collectifs regroupent des individus, où chacun-e compte pour un-e et peut appartenir à toute organisation de son choix.

[42] 3) Nous voulons rassembler des personnes de cultures différentes qui doivent se confronter, se répondre, pour se dépasser. Les différences et les divergences seront des éléments durables. [Ici un ajout est proposé par le 2e amendement de Paris 14e-18e]

[43] En conséquence, nous recherchons le consensus avant de prendre une décision. L’objectif est de construire les convergences entre sensibilités et expériences proches mais différentes.

[44] Au quotidien, nous commencerons systématiquement par proposer l’action commune des forces de la gauche de transformation sociale, comme nous l’avons fait pour que débute une campagne unitaire contre le projet de nouveau traité européen.

[45] Nous ne prétendons pas à un programme et un projet séparé. Nous travaillerons à la poursuite de l’élaboration d’un projet écologiste, féministe, antiraciste et de transformation sociale. Ses lignes de forces sont connues et largement partagées. Nous proposerons que l’approfondissement de l’élaboration se fasse dans le dialogue avec les mouvements sociaux et toutes les forces de la gauche de transformation sociale.

[46] Dans les mobilisations de ces dernières années comme dans l’expérience des collectifs depuis 2005, des lignes de force s’affirment, les discussions se précisent, les exigences s’approfondissent : convergence entre l’urgence sociale et l’urgence écologique, rejet du sexisme, lutte pour l’égalité, contre les discriminations et le racisme, droits à l’emploi et à la protection sociale, développement des services publics, transformation démocratique des institutions, politique active contre la guerre, Europe sociale et solidaire, nouvelles relations avec les pays du Sud, etc.)...

[47] On ne peut en rester là. La réflexion et l’élaboration doivent être poursuivies pour les compléter, consolider la convergence sur les axes forts de la transformation sociale, préciser le projet et les propositions. Les sujets à approfondir sont nombreux : la politique de Sarkozy et les raisons de sa victoire ; le contexte international, les transformations du capitalisme et les risques de guerre ; l’évolution de la situation économique ; la place du travail et la notion de revenu ; la consolidation des systèmes de protection sociale ; l’appropriation sociale ; la formation ; la situation des femmes, des migrant-es, des jeunes, des retraité-es, des handicapé-es ; l’égalité des droits et la lutte contre le racisme et les discriminations ; la démocratie représentative et participative ; le lien entre enjeux écologiques et sociaux ; le développement et le productivisme ; la construction européenne ; les relations Nord-Sud ; le dépassement nécessaire du capitalisme ; la conception de la représentation politique et la forme parti ; les liens entre l’organisation politique et les autres formes d’organisation sociales qui exprime des alternatives, etc. La liste n’est bien entendu pas limitative.

[48] Nous ne partons pas de rien mais face à l’offensive idéologique néo-libérale, nous devons rapidement relever le défi du travail sur le projet, sur la vision du monde que nous voulons et pouvons produire en commun.

[49] L’alternative : une perspective au quotidien

[50] Il ne s’agit pas seulement de chercher une majorité de gouvernement, mais de mener à bien la transformation des institutions et de la société en lien avec les mouvements sociaux et citoyens. Cette démarche exige que la délégation de pouvoir ne soit plus le carcan des mobilisations dès qu’elles affirment des exigences politiques.

[51] Nous entendons y contribuer en développant les expériences décentralisées liées aux mouvements sociaux, un vrai travail de terrain permettant de nouer des liens avec le tissu syndical et associatif, avec les milieux aujourd’hui insuffisamment représentés dans nos divers groupes : femmes, jeunes, salarié-es du privé, habitant-es des quartiers populaires, migrant-es...

[52] Il existe des collectifs nationaux unitaires coordonnant les luttes de résistance et de refus des politiques de la droite : franchise médicale, services publics, expulsions, lois de délation et de répression des jeunes et des pauvres, droit réel aux emplois et code du travail, Grenelle de l’environnement alternatif et citoyen, collectif contre le nouveau traité européen, etc. Nous y participons. De même, les collectifs s’inscrivent dans la continuité du mouvement alter-mondialiste et participeront dans l’unité à la préparation de ses prochaines initiatives. Nous aidons à faire connaître leurs propositions et, plus largement, celles du mouvement social. Nous nous saisirons des enjeux des municipales et des cantonales dans l’objectif d’y affirmer les perspectives de la gauche de transformation sociale et d’infliger le plus grand nombre possible de défaites à la droite.

[53] Nous appelons les milliers de citoyen-nes qui ne se résignent pas à l’ordre social existant et qui n’acceptent pas la dispersion dramatique de la gauche de transformation sociale à rejoindre les collectifs et en créer de nouveaux.

ANNEXES

I - Amendements présentés par le collectif Grenoble sud-est

1er amendement : § 1

Sur la mondialisation capitaliste

Après ce paragraphe, nous maintenons la phrase comprise dans notre amendement initial :

« Avec la complicité des gouvernements néo-libéraux ou sociaux-libéraux, c’est désormais un ordre supranational qui gouverne le monde par l’intermédiaire du FMI, de la Banque mondiale, de l’OCDE et de l’OMC. » Explication

La mondialisation capitaliste n’est pas constituée que des multinationales sur lesquelles elle repose. Les instances supranationales néo-libérales, auxquelles participent les principaux gouvernements, sont leur instrument politique. Ceux-ci dictent aux États-nations les axes de leurs orientations politiques. Il est donc essentiel de mentionner ces cibles dans le combat qui ne peut être qu’alter-mondialiste.

2e amendement : § 21 (ex-26) « Changer l’ordre des priorités... »

Productivisme, modes de vie marchandisés et « consommatisme »

Après : « la société est la fin et l’économie le moyen ; envisager... » nous maintenons notre amendement :

« une nouvelle organisation sociale et de nouveaux modes de vie plus égalitaires dans un meilleur équilibre entre consommation individuelle et services collectifs, »

Ensuite, reprise : « dans le respect d’une contrainte forte... »

3e amendement : § 22 (ex-27) « Se doter des moyens... »

Après « pour affirmer une volonté collective » nous maintenons notre amendement :

« d’un nouveau modèle social et écologique de production, de distribution et de consommation des ressources naturelles et des produits du travail. L’objectif de la vie en société n’est pas la croissance économique, mais la liberté, l’égalité et la solidarité entre les hommes et les femmes. Le partage des ressources et des fruits du travail dans le respect de la planète est un moyen nécessaire parmi d’autres pour y parvenir. Changer de modèle reviendra à aller vers un mode de vie qui ne vise pas la consommation illimitée et envahissante, ni le repli unique sur la vie privée au détriment des solidarités collectives, mais des usages à la fois satisfaisants, utiles et modérés des biens et des services. Maîtriser démocratiquement l’économie nécessite le partage des biens communs et l’appropriation sociale, non uniquement étatique, des principales entreprises et leur autogestion - salarié-es/usager-es. Pour aller dans ce but, il faut remettre en cause... »

Ensuite, reprise à : « spirale des privatisations... »

Explication

Le productivisme et les modes de vie marchandisés ne sont pas seulement destructeur des ressources naturelles et des écosystèmes. Par l’intermédiaire de la marchandisation généralisée, il a permis d’étendre la domination du capital au-delà du travail directement sur toutes les activités humaines, jusque dans la vie quotidienne des familles et des individus. Productivisme et « consommatisme » forment un système d’ensemble indivisible. Vouloir « gagner plus » veut dire acheter et consommer plus. A fortiori, celles et ceux qui n’en ont pas les moyens, rêvent des marchandises rutilantes étalées dans l’espace public et dans les médias de masse. Loin d’être le moyen d’une libre individualité, le mode de vie consommatiste fabrique la conformité des individus prêts à consommer les produits étalés sur le marché. Il éloigne les citoyens de la participation à la vie collective et politique. Le repli sur la consommation privée est un destructeur de la démocratie. La marchandisation du monde réduit en même temps la diversité mondiale des manières de vivre, des coutumes et des traditions, quand il ne les éliminent pas. Le productivisme et le consommatisme détruisent des traditions de lutte et des cultures sociales accumulées durant des siècles.

4e amendement : § 25 (ex-30)

Sur la démocratie

Après : « Faire de la démocratie le but et le moyen prioritaires de l’exercice du pouvoir », nous maintenons le paragraphe compris dans notre amendement initial :

« Les choix démocratiques sont aussi une condition du partage des biens communs. Les choix et la répartition des ressources énergétiques et des produits du travail sont aussi une affaire de démocratie politique. La démocratie participative et autogestionnaire est un but essentiel de l’émancipation humaine et sociale. Elle signifie la délibération et la participation des peuples à toutes les décisions qui concernent leur vie sociale et individuelle. Que ce soit au travail, à l’école, dans la famille, dans la consommation et dans toutes formes de relations sociales, la liberté, l’égalité et la solidarité se construiront dans les débats et les décisions prises par le plus grand nombre de citoyen-nes. A cette fin, ces dernier-es doivent disposer du temps nécessaire à leur participation à la vie politique (appelant la réduction du temps de travail), par toute forme d’expression directe ou bien par l’intermédiaire des assemblées représentatives à tous les niveaux, à partir du local. »

Explication

Dans les 125 propositions, l’exigence démocratique n’apparaissait qu’à l’occasion de la fondation d’une VIe république. La démocratie va bien au-delà des institutions, elle traverse les luttes, le fonctionnement d’une force nouvelle et le projet de société. Participation et autogestion posent la question du dépassement de la démocratie représentative, de la délégation de pouvoir à des professionnels de la politique, et des formes d’intervention directe des citoyens dans leurs affaires.

II - Amendements présentés par les collectifs de Paris 18e et de Paris 14e

Les amendements portent sur le chapitre (§ 34) Regrouper celles et ceux qui portent la perspective unitaire

1) Nous proposons de réécrire le § 37 (« Il ne s’agit donc pas... ») comme suit :

« Nous ne cherchons pas à construire un nouveau parti à côté ni a fortiori contre les autres. Nos principes de fonctionnement le démontrent. Nous sommes un regroupement fédératif de collectifs souverains ne délégant pas leur pouvoir à quelque direction politique que ce soit. Nous utilisons le consensus comme mode de décision en raison de notre diversité. Il va de soi que les militant-es des collectifs peuvent appartenir également à toute organisation de leur choix (y compris un parti politique). Nous n’avons pas vocation à présenter de candidat-es en concurrence avec d’autres candidat-es de la gauche anti-libérale (À défaut, nous occuperions le même espace et endosserions une nature semblable). À chaque échéance, nous cherchons à reconstruire l’arc de forces de la gauche anti-libérale le plus large possible ou à défaut un rassemblement partie de ces forces. »

2) Après « éléments durables » (§ 42), nous proposons d’ajouter :

« Nous ne sommes en situation de concurrence avec personne, organisations, clubs, réseaux. Nous sommes un segment du mouvement large et réellement unitaire qu’il faut construire. A défaut d’en être le pivot, nous en sommes un des leviers. Pour rassembler le maximum de forces, aujourd’hui dispersées, qui s’étaient organisées dans les collectifs avant la présidentielle, nous affirmons qu’il n’y a aucun préalable, en fonction des bilans liés au passé, pour œuvrer ensemble ce rassemblement. Pour donner toute leur place aux multiples structures, qui dans leur diversité, sont autant d’acteur-rices du mouvement anti-libéral (clubs, réseaux, courants, partis), nous proposons à ces structures de s’inscrire via la participation de leurs militant-es aux collectifs. Nous engageons des concertations permanentes entre les collectifs et ces structures pour co-organiser les États généraux et toutes les initiatives unitaires qui se présenteront et tisser de nouveau les liens permettant de créer le mouvement unitaire dont nous avons tant besoin. »

Explications

1) Des collectifs peuvent présenter des candidat-es si la discussion avec les autres organisations anti-libérales n’a pas abouti et si les collectifs en question ont une implantation et une légitimité reconnues. Aux dernières législatives, nous avons vu des candidatures, notamment à Paris, d’une nature discutable : peu ou pas de discussion avec les autres partenaires et pas de volonté qu’elles puissent aboutir, caractère unitaire autoproclamé alors que ces candidatures étaient portées par les seuls comités Bové. Ces candidatures de témoignage ont obtenu des scores confidentiels révélateurs de leur nature de candidatures de division. Elles visaient à implanter dans le paysage politique un nouveau parti dans la lancée ( ?) de la campagne Bové. La candidature de José Bové pose également problème puisque qu’aucune des conditions fixées par Montreuil à son maintien n’était remplie (retrait des autres candidat-es anti-libéraux-les ou percée significative).

2) Nous sommes plus faibles que nous l’étions à Montreuil. Soyons un peu humbles et réalistes. Nous ne pouvons, en raison de notre affaiblissement numérique et de notre rétrécissement qualitatif, être le pivot ou le creuset de la nouvelle force qui naîtra des États généraux à nous tous seuls. Nous devons en être un levier et travailler inlassablement à retisser les liens qui ont été rompus. Avec les courants politiques qui se sont retirés de la coordination, les collectifs qui se sont éloignés, les animateur-rices de Maintenant, à gauche !, nous devons retravailler à un cadre unitaire accueillant à tou-tes. À ce propos, refuser aux partis politiques la possibilité d’une intervention aux Assises serait un signe négatif de repli frileux.

À propos de la version du texte politique réécrite présentée par le secrétariat le 24 octobre

La version présentée par le secrétariat le 24 octobre est tellement différente de la version initiale que cela rend compliqué la prise en compte des amendements travaillés par les collectifs qui n’ont pu prendre connaissance que trop tard de cette version. Cela pose des problèmes de fonctionnement démocratique. La nouvelle mouture marque des avancées importantes dans le sens de la clarification. Il est important que soit dénoncé comme un « écueil » ou un « risque qu’il faut absolument éviter » « un nouveau petit parti qui s’ajoute aux autres et renonce en pratique à construire l’unité de toute la gauche de transformation sociale ». Mais la clarification demeure insuffisante. Le texte n’aborde pas les conditions de notre participation aux élections. La tactique de présenter des candidatures de témoignage est elle validée ou non ? Nous proposons d’ajouter aux trois conditions du paragraphe qui commence par « Nous devrions mieux coordonner les collectifs » une quatrième qui reprend la dernière partie de notre premier amendement (qui apparaît en gras). Le texte ne reprend pas assez la nécessité de retisser les liens rompus au cours de la dernière période. Nous proposons le maintien de notre second amendement après « une campagne unitaire contre le projet de nouveau traité européen ».

8 novembre 2007


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