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Quand les blés sont sous la grêle

 

Bonne année à toutes et tous,

Je vous livre cet ode à l’unité, poème didactique d’un communiste aujourd’hui disparu

Quand les blés sont sous la grêle

fou qui fait le délicat

fou qui songe à ses querelles

au coeur du commun combat

En guise de voeux voici ma contribution au débat entre Gérard Blanchet, Raoul-Marc Jennar et d’autres mais aussi sur l’appel proposé par Rémy.

Je crois que l’ensemble des réactions après la candidature de Marie-George Buffet révèle une réalité que le fonctionnement antérieur des collectifs dans un cadre plus ou moins cartellisé avait plus ou moins caché : un mouvement politique nouveau est en train de naître.

Si l’on s’en tient aux chiffres ce sont plusieurs milliers de personnes qui ont participé aux collectifs à un moment ou à un autre. Comme d’autres je n’ai pas mesuré l’importance de ce phénomène : hors période de lutte politique intense (en dehors d’une campagne), après des échéances perdues (celle du 30 mai) il se trouve encore des citoyennes et des citoyens pour faire de la politique.

Localement, la signature massive du premier appel était un signe. Puisque nous n’avons pas retrouvé une partie significative des 600 signataires dans les collectifs, nous en avions peut être trop vite déduit que le mouvement ne prenait pas. Une autre hypothèse peut être aujourd’hui envisagée : nos signataires manquants n’ont peut être pas jugé utile de participer à une construction qui leur apparaissait plus proche d’un cartel d’organisations (dont ils se sentaient pas partie prenante ou auquel ils faisaient confiance par délégation). Agréablement surpris par les possibilités de travail avec les militants communistes, nous nous sommes peut être trop enfermés dans ce tête à tête accessible aux seuls cercles militants.

D’autres signes pourtant indiquaient qu’il se passait quelque chose : personne n’a résilié son abonnement à la liste d’info , aucune réaction négative n’est remontée, tout au plus certains qui après les décisions du PC ont rappelé leur réserves. Mieux, le meeting du 28 novembre montrait que nous étions bien au delà de l’écho même des collectifs pour un non de gauche : la participation presque 2 fois plus importante, est déjà un indice compte tenu de la « discrétion » de la presse. Mais ce qui s’est passé avant, dans les contacts pendant les distributions de tracts , dans les initiatives de la journée sont autant de signes de l’écho de notre démarche : la rencontre ce quartier « abandonné » de Caen, déserté par la gauche et le réseau militant, est à mon sens exemplaire : nous avons senti ce besoin de politique.

Dans la préparation de la réunion du 20 janvier la première étape devrait être d’apprécier la réalité de notre courant, non seulement à partir de ceux qui y sont déjà, et c’est loin d’être négligeable, mais aussi de l’écho populaire plus large : ce serait utile que chacun avec rigueur fasse état de ce qu’il représente au travers d’un certain nombre de critères ; qui participe ? en quantité et en qualité, à quoi ?aux réunions de collectifs ? aux débats publics ?

Nous aurions ainsi une vision collective de ceux qu’il faut organiser, car je crois que Gérard a raison, il faut se doter rapidement d’une organisation, faute de quoi les camarades qui se sentent isolés localement risquent de baisser les bras. A ma connaissance, toutes les structures locales demandent une organisation nationale pour continuer leurs propres chemins.

Le détour par la reconstruction à la base n’est plus possible si n’existe pas un relais national visible : nous avons existé sur la scène publique, une disparition totale de cette scène serait assimilée à une fin. Regardez ce qui se dit dans la presse : elle a mis bien du temps à nous voir et cherche à nous enterrer le plus vite possible pour que la gauche antilibérale ne soit qu’un mauvais cauchemar vite oublié. Si nous disparaissons du champ politique, y compris pour les prochaines échéances, nous accréditerons l’idée que notre démarche est impossible : nous sommes contraints d’exister sur la place publique.

Il nous faut sortir de la réunion du 20 janvier avec une association nationale ouverte aux individus et aux groupes de toutes sortes qui se reconnaissent dans cette démarche. Mais une association nationale qui ne se construit as comme un centre mais appelle à créer des espaces locaux d’organisation, qui propose une fédération souple de ces espaces dans des coordinations départementales et/ou régionales qui ont tant manqué jusqu’à présent.

L’objet de cette association devrait être double :

-  animer un espace des débats, des ateliers sur les débats de fond qui sont restés ouverts sans l’être vraiment du type rapport mouvements sociaux et politique, quelle est la place du politique si on veut sortir d’une démarche délégataire.. ou encore social et écologie comment reconstruire ou construire une écologie sociale qui ne fasse disparaître aucune de ces deux dimensions. Bref se doter d’un espace où l’on puisse continuer à débattre au fond sans se soucier des contingences des échéances politiques. Il va sans dire que pour ne pas tourner à la réflexion en chambre cet espace travaille en partie sur commande de la coordination.
-  animer coordonner, construire des outils communs pour des campagne politique : je l’ai déjà dit à Nanterre les 125 propositions sont un début nécessaires, elles ne font pas un cadre de campagne politique pour des échéances électorales où il faut mettre en avant des priorités commune à toutes les forces, construire ensemble un ordre de priorité voire définir une calendrier prévisionnel des mesures à prendre. C’est dans ce lieu qu’il faut définir quelle type de campagne commune, répartir les forces disponibles pour animer cette campagne localement etc...

Mais sans doute faut il deux lieux différents : pour la première tâche, l’animation des ateliers de débat un conseil qui pourrait s’inspirer du conseil scientifique d’ATTAC ou de la fondation Copernic et pour la seconde un conseil d’administration où devrait être représenté des sensibilités, mais surtout des groupes locaux et des coordinations territoriales.

Et pour ce faire il faut dégager des moyens, matériels et financiers pour permettre aux camarades de province d’être présents avec une diversité suffisante. Et pour cela il faut de l’argent et créer rapidement une association qui permette ce financement dans la plus grande transparence, qui permette aussi de légitimer les outils existants comme le site.

Les statuts proposés par Gérard sont un début, ils partent de ce qui a été fait jusqu’à présent, par contre ils devraient explicitement prévoir les niveaux locaux sous peine de repartir dans un système trop centralisé. il faudrait aussi y rajouter une dimension que nous avions posé dans la charte de CCAG sur le caractère obligatoirement évolutif de notre organisation, peut être sous forme d’obligation périodique de révision des statuts. Sans doute aussi faudrait ’il rajouter aux statuts les tâches des ateliers et de coordination avancées plus haut dans la partie « objet ».

Dernier point : la place des échéances politiques de 2007 dans notre construction. A priori, je pensais qu’il fallait faire une croix sur les présidentielles : je ne suis pas persuadé que cette année la prime au succès à la présidentielles surdétermine les législatives. La crise de représentation peut faire voter royalement utile aux présidentielles sans pour autant entraîner un adhésion totale au PS pour la suite : il peut rester un espace pour la gauche antilibérale une fois Sarkozy battu.

Si nous devons mener campagne aux présidentielles, c’est parce que nous estimons que cette campagne est nécessaire à l’occupation du champ politique que j’évoque ci-dessus : c’est parce que nous estimons que pour faire bouger le champ politique il faut un score électoral aux présidentielles qui batte en brèche le défaitisme dans nos rangs et ouvre d’autres possibilités.

Dans ce cas, et c’est ce que dit l’appel de Remy, il n’y a qu’un seul candidat possible c’est José Bové.

4 janvier 2007


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