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Où les ministres vont-ils rechercher leurs expertises

avant de prendre des décisions ?

 

Le plan algues vertes décidé par le conseil des ministres a pour but de d’abaisser fortement le taux de nitrates des rivières concernées à 10 mg/l ( Politis du 11 février) en réduisant le flux de nitrates de 30 à 40% au moins à l’échéance 2015.

Un rapport très détaillé de l’INRA( Institut National de la Recherche Agronomique) conclu que la cause du développement important des algues vertes n’est pas lié à la richesse excessive des eaux de rivière en nitrates mais en phosphates ( courrier de l’environnement de l’INRA n°48, février 2003).

Pour se développer, les algues vertes ont besoin de deux nutriments majeurs : les phosphates et les nitrates. Si les nitrates sont en concentration insuffisante dans l’eau par rapport aux phosphates, les algues peuvent synthétiser l’azote de l’air en nitrates pour se développer. Si l’on réduit la concentration de l’eau en nitrates, les algues vertes peuvent quand même proliférer si la concentration en phosphates est élevée. C’est en limitant les apports de phosphates dans le lac Leman et le lac du Bourget que l’on a réussi à stopper le développement des algues vertes. C’est, semble t-il, le même type de processus qui se retrouve en milieu marin.

D’où viennent les phosphates qui se retrouvent dans les rivières ?

De diverses sources :
-  Agricoles : les apports excessifs d’engrais phosphatés mais surtout des lisiers de porcs et de volailles qui en sont très riches ( déjections provenant d’animaux nourris essentiellement avec des céréales) Ces lisiers sont également riches en nitrates. Industriels : produits servant à nettoyer les surfaces des usines ( il ne semble pas qu’on ait trouvé de substitut à ce jour)

-  Particuliers :l’interdiction des phosphates dans les produits de lessives domestiques ne concerne que les lessives pour le linge mais pas celles destinées à d’autres usages, les lave-vaisselle par exemple.

Une partie de ces phosphates d’origine industrielle et ménagère se retrouve donc au niveau des stations d’épuration et est souvent rejetée dans les rivières. Une autre partie provenant des rejets non traités collectivement( assainissement individuel des habitations isolées) se retrouve, à terme, également dans les cours d’eau.

L’objectif de réduire plus radicalement les apports de nitrates par les agriculteurs sur leurs terres permettra à terme , espérons le, d’obtenir une eau plus potable certes mais, selon l’INRA, n’aura pas permis de limiter la prolifération des algues vertes.

En réalité, le pouvoir politique se trouve confronté à une bataille d’experts au niveau des deux instituts publics qu’il contrôle : d’un coté l’INRA( ministère de l’agriculture) et de l’autre L’IFREMER : Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer( ministère de l’environnement et de l’aménagement du littoral). L’IFREMER affirme lui que les excès de nitrates sont la cause du développement des algues vertes (les marées vertes en Bretagne, la responsabilité des nitrates, juin 2003).

Les ministres concernés ont privilégié la thèse des nitrates, elle ne remet pas en cause les autres acteurs de la pollution que nous sommes tous, électoralement c’est peut être moins risqué ?

Les agriculteurs sont donc de nouveau la seule cible privilégiée car les actions que certains ont entrepris apportent peu de résultats quant à la reconquête de la potabilité de l’eau. Il est vrai que les efforts d’une majorité d’agriculteurs ont été réduits par l’autorisation de plans d’épandage supplémentaires de lisier, de porcs surtout, liés à l’extension d’autres élevages dans certains bassins comme vous le soulignez.

3 mars 2010


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