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Quand le peuple peut...

Déclaration de la Coordination nationale des collectifs unitaires sur le vote en Irlande

Suivi d’un communiqué sur l’attitude de la presse. Le 19/20 de France 3 a fait fort dans la désinformation..

 

Quand le peuple peut donner son avis sur l’Europe ... Il ne veut pas de la leur : il veut une autre Europe. Sur cette prévision, Sarkozy ne s’était pas trompé : la démocratie le disqualifie.

Après les Français et les Néerlandais, les Irlandais. Les commentateurs et les responsables politiques rivalisent d’ardeur pour dénoncer le NON des Irlandais. Nous ne disposons pas des études permettant d’analyser tous les ressorts de ce vote. Mais les premières indications sont nettes. Go raibh maith agat, merci au peuple irlandais, aux classes populaires qui d’après les résultats dans leurs circonscriptions, ont voté non. Go raibh maith agat, quand on voit le rejet de cette Europe dans les quartiers et zones populaires qui ne voulaient pas d’une Europe intégrée à l’OTAN...

Go raibh maith agat aux camarades de la coalition de gauche en Irlande qui ont su convaincre pour faire vaincre le Non. Une chose est sûre : à nouveau, un peuple consulté dit NON à la façon dont est menée aujourd’hui la construction européenne.

Voici quelques mois, les gouvernements de l’Union européenne se sont entendus pour éviter toute consultation populaire sur le nouveau traité, frère jumeau du traité constitutionnel. Nicolas Sarkozy et une majorité de parlementaires de droite, du centre et de gauche se sont donné la main pour revenir sur notre vote du 29 mai 2005. Que reste-t-il vraiment de légitimité à l’adoption sans débat populaire de février dernier ?

Voici quelques jours, les gouvernements se sont entendus sur un projet de directive qui autorise 65 heures de travail hebdomadaire. Le ministre français a voté pour. Les gouvernements se sont entendus sur un projet de directive très dur sur la rétention et l’expulsion des étrangers. Le ministre français a voté pour.

Il est temps de comprendre que l’Union européenne menée sans l’avis des peuples ou contre l’avis des peuples est une impasse. Il est temps de comprendre que l’Europe libérale, la mystique du marché, la mise en concurrence toujours plus intense des uns avec les autres est une folie. Il est temps de comprendre que l’Europe forteresse est une illusion mortifère.

Il est d’autant plus nécessaire de lutter pour une autre Europe, démocratique, sociale, écologique. Toutes les forces de la gauche antilibérale, de la gauche de transformation sociale ont déjà fait de nombreuses propositions traduisant cette autre Europe. Nous devons, dans les mois qui viennent, notamment à l’occasion de la présidence française, faire entendre cette autre voix.


Vote des irlandais : toujours le mépris et le refus officiel !

Ce 13 juin au soir, pour commenter le vote des irlandais, le seul porte parole favorable au NON à cette constitution ou Traité européen, sur les chaines publiques, a été Jean-Marie Le Pen.

Cette manipulation est connue. Elle n’a rien à voir avec le vote de la grande masse des irlandais. Elle est étrangère à l’ensemble des forces qui ont mené la campagne pour une autre Europe, sociale, démocratique, écologique, antiraciste.

Cette utilisation des moyens de communication traduit, certes, la gène d’un pouvoir qui a refusé la consultation des divers peuples d’Europe.

Notre protestation ne peut que s’accompagner d’une proposition, que nous aurions faite si la manipulation de l’opinion d’était pas d’usage quotidien : que se tienne, enfin, un ample débat pour préparer une constituante européenne. Que les peuples d’Europe soient consultés, au cours d’un débat approfondi, sur les principes communs qu’ils veulent voir inscrits dans les textes définissant leur vie en commun et leur avenir.

Nous voulons, comme tous les peuples d’Europe un avenir débattu et choisi en commun.

Voilà la façon démocratique de sortir, démocratiquement de l’impasse dans laquelle les apprentis sorciers de la manipulation des opinions ont mis les institutions et les peuples de l’Europe.

Yves Salesse

Coordination nationale des collectifs unitaires pour une alternative au libéralisme

13 juin 2008


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