Accueil > Penser Global

Chômage : un accord contre les chômeurs

La CFDT sévit encore

 

L’accord UNEDIC que signe la CFDT aujourd’hui n’est pas le pire de ceux qu’elle a signé ( par exemple l’accord de 1992 qui créait la dégressivité sanctionnant les chômeurs qui ne trouvaient pas d’emploi alors qu’il n’y en a pas moins de 50 offres pour 1000 chômeurs ou la suppression du statut des intermittents).

Ce n’est pas le pire, mais...

Il est mauvais parce que s’il fait bénéficier de l’indemnisation quelques dizaines de milliers de chômeurs [1] (et pas quelques centaines de miliiers [2]comme le disent la CFDT et le MEDEF avec un bel ensemble) il réduit les droits d’autres qui sont aussi parmi les plus vulnérables. Dans la précédente convention : 16 mois de travail = 23 mois d’indemnisation. Dans l’accord signé par la CFDT : 16 mois de travail = 16 mois d’indemnisation. En période de hausse du chômage, est-ce bien conforter les droits de chômeurs ?

La réduction des durées d’indemnisation -ou la non augmentation de ces durées pour prendre en compte les nouvelles contraintes de la crise- va conduire en particulier pour les salariés dits âgés (au dessus de 50 ans !) à de vrais drames puisque le chômage ne permettra pas de "tenir" jusqu’à la retraite.

Tant que le patronat n’avait pas pris des mesures concrètes pour garantir l’emploi de ces catégories, il fallait exiger des revenus garantis pour elles, revenus de l’assurance chômage à laquelle beaucoup d’entre eux ont largement cotisé.

De même les « nouvelles catégories indemnisées » connaissent et vont connaître des difficultés supplémentaires : les précaires, par exemple, subissent avant les CDI le chômage en cas de réduction d’activité et seront réembauchés plus tard. La CFDT n’a pas demandé l’abolition préalable de la défiscalisation et des exonérations sur les des heures supp qui rendent plus simple leur usage par rapport à l’embauche de précaires (on constate une hausse des heures suppsimultanément à la baisse des intérims).

Un accord "ringard" pour une CFDT "moderne"

En fait les « avancées » de cet accord sont mesurées comme si les choses restaient ce quelles étaient « avant la crise  ».

On ne peut qu’être surpris d’une telle incapacité à analyser ce qui se passe.

Ayant accepté, intégré, l’idéologie libérale et le fonctionnement du marché comme indépassables, la CFDT est devenue incapable d’analyse économique.

Cette incapacité intellectuelle ce sont les chômeurs qui la paieront.

Les avantages nouveaux de l’accord sont loin d’être à la hauteur des besoins de ceux qui vont subir les dégâts d’une crise dont ils ne sont pas responsables (au contraire on voit aujourd’hui que les efforts des salariés , précarité, bas salaires n’ont servi à rien pour sauvegarder l’emploi).

Est ce le rôle d’un syndicat ?

Mais la CFDT fait encore plus fort : elle satisfait les revendications du MEDEF. Le patronat, lui, gagne du solide dans cet accord : la baisse de ses cotisations

Est ce le rôle d’un syndicat de salariés que de faciliter la baisse des cotisations des employeurs ? Est le rôle d’un syndicat que de permettre au MEDEF de réduire ses risques en cas de crise en les reportant sur les salariés et les chômeurs ?

Ceci illustre de maniére caricaturale la stratégie "signer à n’importe quel prix" mise en oeuvre depuis des années. Nous allons entendre qu’il fallait signer pour empêxcher le gouvernement de décider à la place des partenaires sociaux.

Il reste fondamental pour les dirigeants de la CFDT de sauvegarder l’apparence d’une négociation et d’un droit négocié pour éviter le recours à l’Etat. Si cette position trouvait un certain écho dans la période triimphante du libéralisme, elle parait aujourd’hui extrèmement ringarde dans une période où le retour à l’Etat...

L’idéologie syndicaliste-libérale contre les chômeurs

Que les chômeurs soient sacrifiés sur l’autel de négociation entre partenaires sociaux ne m’étonne pas de la part d’un syndicat qui a refusé l’organisation des chômeurs en son sein et qui, de" ce fait ne connait rien à la situation réelle de demandeurs d’emploi qu’il n’organise pas.

La CFDT préfère, contrairement à son discours, défendre les intérêts immédiats des salariés qui ont un « bon emploi » et qui peuvent cotiser, ceux qui trouvent que les chômeurs sont des fainéants payés par ceux qui se lèvent plus ou moins tôt.

En fait la CFDT a intégré dans sa pratique, tous les présupposés idéologiques libéraux sur les chômeurs "responsables de leur chômage".

La complexité des accords permet de masquer cette réalité et rend le contrôle des "experts confédéraux" extrémement difficile

Chérèque a beau quelques fois se montrer critique vis à vis de Sarkozy, il partage avec lui une même vision du monde : tant pis pour les chômeurs ! Quelles contreparties pour la CFDT ?

9 janvier 2009

----------------

Notes :

[1] 70000 estimés par l’UNEDIC

[2] 300000 !


Format imprimable

Format imprimable