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Une mobilisation qui dure, qui se politise ?

Non à la politique de la peur !

 

Au sein des organisations syndicales, au sein des salariés, dans la population la date de la prochaine journée nationale d’action interprofessionnelle fait débat.

Pas pour avoir choisi le 1er mai mais pour son éloignement du 19 mars. La fête des travailleurs est un jour férié qui peut permettre la mobilisation de secteurs que la répression patronale bloque jusqu’à présent : il n’y a en effet que les politogues libéraux qui ignorent qu’il n’est pas si simple de faire grève dans le privé, surtout dans les petites boites où les menaces de la hiérarchie ou du patron sont monnaie courante.

Réussir un 1er mai unitaire, organisé par l’ensemble des syndicats reste un plus pour le rapport des forces : c’est un vrai changement, la pression des mobilisations fait rompre avec des dizaines d’années d’habitudes de division.

Pour l’instant la plate forme syndicale tient toujours malgré les annonces de division dans les médias avant pendant et après chaque réunion intersyndicale.

Les dirigeants syndicaux sentent bien qu’ils jouent gros et ne peuvent se permettre de ne pas répondre à la demande d’action qu’un récent sondage mettait encore en évidence : un majorité de personnes et plus encore chez les salariés veulent une suite au 19 mars.

Communiqué commun Paris, le 30 mars 2009

L’augmentation du nombre de chômeurs, la baisse significative de la consommation, l’incertitude grandissante sur l’activité des entreprises témoignent de la gravité de la crise qui frappe un nombre croissant de salariés sans que nul ne puisse aujourd’hui en prédire la durée.

Les mobilisations viennent d’obliger le gouvernement à agir sur les stock-options et les rémunérations exceptionnelles des dirigeants d’entreprise lorsque ces dernières ont reçu des aides publiques directes. Sur la question de la redistribution des richesses produites, le décret annoncé bien qu’insuffisant est un début de remise en cause du système actuel.

Elle laisse cependant de côté l’essentiel des revendications du 5 janvier 2009 portées par les mobilisations du 29 janvier et du 19 mars 2009.

 Gouvernement et patronat doivent rapidement mettre en œuvre les mesures déjà prises et engager les négociations et les concertations pour répondre à l’ensemble des revendications.

C’est pourquoi, dans la suite des journées du 29 janvier et du 19 mars et dans ce contexte exceptionnel, les organisations syndicales s’entendent pour faire du 1erMAI un nouveau temps fort de mobilisation pour peser sur le gouvernement et le patronat.

Elles appellent leurs organisations locales à rechercher les modalités appropriées pour réussir cette journée de revendication syndicale en tenant compte des situations locales.

Pour préparer le 1er Mai, elles conviennent de faire du mois d’avril un mois de mobilisations ponctué d’initiatives visant à soutenir les actions engagées et à organiser les solidarités.

 En fonction des réponses du gouvernement et du patronat, les organisations syndicales débattront lors de leur prochaine rencontre des nouvelles initiatives (grève interprofessionnelle, manifestations, mobilisations un samedi...)Une prochaine réunion est d’ores et déjà fixée au 27 avril.

En dehors des organisations syndicales les appels à la mobilisation se multiplient.

Ils sont bien sur encouragés par ce qui s’est passé en Guadeloupe. Mais ceci montre aussi que de nombreux secteurs sont entrés dans une mobilisation permanente contre les effets de la politique de ce gouvernement.

Chacun voit que dans l’enseignement supérieur, les reculs de Darcos et Pécresse sont jugés insuffisants même s’ils représentent des acquis partiels qui montrent que ce gouvernement est sur la défensive et qu’il est possible de le faire reculer.

Dans les entreprises les actions se multiplient, rompant avec le train-train habituel et une exigence monte de plus en plus ; le refus des primes, parachutes et autres pour les dirigeants surtout quand les mêmes entreprises licencient pour « préparer l’avenir des profits ».

Il nous faut prendre la mesure du changement : ces actions, ces revendications sont une rupture avec la chape de plomb que faisait peser l’idéologie libérale. Derrière l’indignation causée par le comportement provocateur des patrons, le discours libéral ne passe plus.

Sarkozy en est lui même conscient quand il annonce vouloir « moraliser le capitalisme ». Le dernier décret sur les rémunérations patronales pris sous la pression, vient encore d’apporter des arguments à ceux qui disent qu’il faut ne plus laisser les grands groupes faire ce qu’ils veulent parce qu’ils sont les possesseurs du capital.

Mais il met à jour les limites de la « moralisation » et la volonté du patronat de continuer à développer les inégalités au profit de quelques uns.

Nous avons donc aujourd’hui tous les éléments d’une politisation des mobilisations sociales, un demande de politique dans les manifestations, ou des demandes politiques des différents mouvements.

Et ceci même dans des secteurs où la tradition de lutte sociale et politique n’est pas la plus importante.

En investissant des secteurs qui jusqu’à présent échappaient à la marchandisation et à la logique de gestion libérale, le capitalisme détruit des identité professionnelles, des savoirs et des savoirs faire professionnels.

Des milliers de personnes se sentent attaquées jusque dans leur être par ces remises en cause de leur travail, de leur statut.

Sur cette base se crée une politisation qui donne naissance à de mouvements sociaux éminemment politiques.

Un exemple nous est donné de cette nouvelle forme de politisation pour le communiqué cidessous :c’est une proposition du collectif «  non à la politique de la peur   » pour que convergent les talents et les efforts de celles et ceux qui s’opposent aux avancées sécuritaires et autoritaires du gouvernement, qu’elles se déploient sur un terrain général ou sur le champ professionnel.

Le texte ci-dessous et ci-joint a été communiqué le 22 mars à l’Appel des appels, à Montreuil. Il a d’ores et déjà reçu un accueil favorable du «  Collectif de défense des services publics  », des «  Etats généraux de la justice pénale  », de la «   Nuit sécuritaire  », ainsi que de la Fondation Copernic, du Syndicat de la magistrature. Le PS a également manifesté son intérêt lors de son Zénith «  printemps des libertés   ».La LDH a largement participé à cette construction des convergences et invite ses sections à y prendre toute leur place. Toute collaboration, toute participation est la bienvenue et la LDH mettra tout en œuvre pour les susciter et élargir encore ce rassemblement.

Arrêtons le massacre ! Ensemble contre la casse sociale et le sécuritaire

  Là où nous sommes, nous sommes divers. Chacun de nous a ses engagements, son métier, son éthique de professionnel et de citoyen. Chacun des collectifs, chacune des organisations associatives, syndicales, politiques a ses orientations et ses priorités.

Mais nous sommes confrontés au même rouleau compresseur, à la déconstruction des rapports sociaux, des services publics, des garanties des libertés. Opposer les individus les uns aux autres, exploiter la peur, organiser la surveillance, la délation, l’intimidation, traquer les diffuseurs de solidarité, c’est préparer la « guerre de tous avec tous ».

Pour nous, l’Etat sécuritaire n’est pas la solution, mais le problème.

Nous refusons cette destruction du lien social qui attise tous les conflits et qui est porteuse de violences d’Etat comme de violences sociales. Nous refusons le populisme sécuritaire qui désigne des boucs émissaires à la colère des victimes de la « pwofitasyon ».

Nous voulons en finir avec ces « contre-réformes » qui, loin de répondre à la crise, en aggravent les effets délétères sur le vivre ensemble. Pour les remplacer par les vraies réformes, urgentes et nécessaires au retour du progrès social et de l’état de droit.

Nous appelons à la construction, face à la crise sociale et aux contre-réformes sécuritaires, d’une société de solidarités, d’égalité et de garanties effectives des libertés individuelles.

Nous en appelons à une conception du Politique qui, au lieu de se nourrir de la fragmentation sociale, place au cœur de l’éthique démocratique la construction de nouvelles solidarités sociales et citoyennes.

Nous appelons tous les citoyens qui partagent cette volonté et cet espoir à se rassembler dans la matinée du vendredi 1er mai, devant l’Assemblée nationale et devant les préfectures de tous les départements, pour porter leurs revendications communes.

Quelle invitation à l’action politique !

1er avril 2009


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