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Retraites : sarkozy ne veut pas être un cochon !

mais il risque bien de l’être quand même.

 

L’obstination du gouvernement à vouloir faire de la démolition de notre système de retraites « la mère de toutes les réformes » paraît incompréhensible.

A première vue il s’agit de reprendre la réforme Fillion de 2003 en l’aggravant, au moment où il apparaît que cette «  réforme » n’a rien réglé et n’a pas sauvé le système par capitalisation : même les analyses du COR le montrent clairement.

Des mensonges qui passent mal

Depuis les mesures Balladur de 1993 la situation des retraités, et encore plus des retraitées ne cesse de se dégrader. Beaucoup commencent à se rendre compte que ces décisions loin de sauver les retraites par capitalisation, les détruisent petit à petit.

On voit réapparaître les discours sur les retraites par capitalisation disparus suite à la faillite d’Enron, qui avait entraîné la ruine des retraités.

Les mensonges du gouvernement « nous voulons sauver notre système de retraite  » sont de moins en moins crédibles.

Mais surtout se fait dans l’opinion un lien entre retraite et emploi. Pourquoi augmenter le durée de cotisation quand une majorité de salariés n’est plus au travail quand ils font valoir leurs droits à la retraite ?

Quel est l’intérêt pour la société de payer des allocations chômage plutôt que des retraites ? Celui des réduire à la misère des centaines de milliers de plus de 55 voire 50 ans virés des entreprises ?

La réduction des droits des chômeurs, le développement des fins de droits sans ressources ( et ce ne sont pas les pseudos mesures prises récemment qui y changeront quelque chose) voilà de quoi faire des économies !

La situation de « l’emploi des séniors » rend absurdes les modifications prévues et difficile pour le gouvernement et le MEDEF la justification d’une telle régression. Ce d’autant plus que les résultats de la bourse , les rémunérations des patrons du CAC 40 vient démontrer que ce n’est pas la crise pour tout le monde.

Dans sa propagande le gouvernement se heurte à une autre difficulté, moins visible, moins affirmée publiquement : la crise de la « valeur travail » ou plus précisément les effets sur les salariés de la gestion libérale de la main d’œuvre qui les pousse à « fuir le travail ».

Ce n’est pas un phénomène nouveau, depuis longtemps les syndicalistes savent que les salariés se précipitent pour "être dans le plan social".

Mais l’intensification du travail s’est accentuée comme le montre la croissance de la productivité et elle s’est répandue très largement dans le salariat : de moins en moins d’actifs occupés échappent au travail qui use prématurément.

Pour tous ceux et celles là la perspective d’un rallongement de la durée de cotisation n’est pas le signe d’un épanouissement, mais d’une contrainte supplémentaire : le discours libéral sur le libre choix de son age de départ en retraite concerne de moins en moins de personnes.

Ce pouvoir déjà largement délégitimé par le résultat, piteux pour lui, des régionales semble prendre des risques inutiles en s’engageant dans ce combat risqué. Pourquoi Sarkozy et son gouvernement prennent ils ces risques ?

La peur du licenciement

Les dernières élections ont ouvert une crise à droite, les symptômes de cette crise sont nombreux, des déclarations critiques d’un nombre croissants d’élus ou des dirigeants à l’apparition prévue de nouvelles formations politiques ( Centristes ou écoloborloo).

Or Sarkozy avait assis son hégémonie sur le parti unique et la direction unique de la droite derrière les néolibéraux capables de mener une politique libérale-sécuritaire, le versant autoritaire visait aussi à séduire les électeurs d’extrême droite.

C’est ce type d’hégémonie qui est aujourd’hui en crise « par les deux bouts  ». D’un côté le front national a retrouvé une audience, d’un autre côté une partie de la droite rebaptisée centre ne supporte plus la système sarkozyste décrédibilisé par ses échecs.

La bataille des retraites est le prétexte pour essayer de reprendre l’hégémonie sur la droite en réussissant une contre réforme qui fait consensus entre la droite dure pour laquelle toute occasion de réduire l’Etat social est bonne à prendre « ne pas payer pour les fainéants » et une droite en apparence plus modérée pour qui « les charges sociales pèsent sur notre compétitivité et nous pénalisent dans le marché mondialisé  ».

Pour les premiers, l’agitation autour de la burqua, les gesticulations grotesques d’Hortefeux autour de la polygamie, la suite du débat sur l’identité préparent une argumentation sur les irresponsables qui ne prennent pas en compte les nécessaires sacrifices pour sauver la France.

Demain ceux qui refuserons de voir leur retraites sacrifiées seront classés dans le camp de l’anti-France puisqu’ils ne veulent pas faire les sacrifices nécessaires.

Pour les seconds, c’est l’efficacité économique, la capacité à bien gérer leurs intérêts qui sera mise en avant pour montrer que le sarkozysme est encore la réponse à leurs besoins.

Il faut montrer que le gouvernement est prêt à mettre à mal les retraites pour garantir les profits et les revenus des plus privilégiés.

Il faut satisfaire Auteuil-Neuilly-Passy, ce triangle d’or dont est issu Sarko. Or tous ces gens là vivent dans la crainte de devoir, ne serait-ce qu’un peu, partager.

La vidéo suivante montrez bien qu’il faut donner des garanties aux « gens de biens » :

http://www.youtube.com/watch?v=PQMt...

Mais au-delà des jeunes pleins d’avenir et des vieilles bourgeoises de Neuilly, ce sont les marchés financiers qu’ils faut rassure préventivement et c’est sans doute là la clef pour comprendre l’obstination gouvernementale.

Le cauchemar de Sarko

Notre président se réveille toutes les nuits suite à un horrible cauchemar : autour de lui madame Standard et Poors, madame Moddy’s, , monsieur Fitcht et leurs amis et amies des agences de notation dansent une ronde infernale en chantant « Sarkozy c’est comme les cochons.. ».

De manière moins imagée, le pouvoir veut donner aux marchés financiers des garanties pour échapper à la sanction que subissent aujourd’hui des pays comme la Grèce et demain le Portugal, l’Irlande..voir l’Espagne.

Comme l’écrit Thomas Coutrot dans une tribune au Monde : «  Le coût du sauvetage des banques et l’impact de la récession ont fait flamber les déficits publics, jusqu’à des niveaux inconnus en temps de paix. Le dégonflement de la bulle de l’endettement privé a fait exploser la bulle de la dette publique. Et les Etats de l’Union européenne se contraignent à financer leurs déficits en empruntant sur les marchés financiers internationaux, ceux-là mêmes qui ont provoqué les déficits par leur effondrement... »

C’est cette nouvelle contrainte financière que se donnent les Etats néolibéraux qui rend nécessaire la remise en cause accentuée de l’Etat social : pour financer les déficits publics, il faut dire clairement aux possédants que l’on ne touchera pas aux acquis dans le partage des richesses dont ils bénéficient largement depuis 20 ou 25 ans.

Il n’y a pas dès lors d’autre solutions que de réduire les dépenses publiques qui ne concernent que ceux qui ne font pas partie de «  l’élite ». Et la perspective est bien de réduire les dépenses de l’Etat social comme le demandent à grands cris depuis longtemps l’OCDE et le MEDEF.

Ce sacrifice sur les retraites, la baisse des revenus des retraités, puisque c’est là le résultat attendu du rallongement des durées dans un contexte de chômage, ne suffira pas.

Dans sa course folle le néolibéralisme sera conduit à remettre en cause tout ce qui est bien public, dépense public, processus déjà engagé dans l’éducation, la santé, la culture mais aussi l’environnement.

Sur ce dernier point on voit dès aujourd’hui la remise en cause de mesures du Grenelle comme la taxe sur transport routier, preuve que l’agitation sarkozyste n’était dans ce domaine comme dans d’autres qu’effet d’annonce.

Les arroseurs libéraux arrosés ?

La « crise grecque » est venue brouiller les cartes, et compromettre les projets des politiques néolibéraux. Ces derniers ont beau servir fidélement les intérêts de leurs mandants, ceux ci veulent toujours plus et ne s’occupent pas des contraintes publiques.

Elle a révélé que le système des marchés et des opérateurs financier échappe à tout contrôle, qu’il est dans sa logique d’aller toujours plus loin dans l’opacité de son fonctionnement.

Les turpitudes de Goldman Sachs [1]. sont aujourd’hui largement étalées sur la place publique mais le sénat américain sursoit à une bien timide réforme de la régulation des marchés.

Un petit groupe de personnes se permet de mettre en place des produits en dehors de tout contrôle collectif, à leur seul profit quitte à mettre en cause l’existence de milliers de personnes, faisant même perdre des banques... il n’y aurait pas d’urgence à les mettre hors d’état de nuire !

Les "beni-oui-ouistes" de 2005 nous ont accusé d’avoir entravé les fonctionnement d’une’Europe qui devait nous protéger des excès de la mondialisation.

Il se vérifie aujourd’hui que cette Europe libérale est incapable d’un minimum de solidarité, que les intérêts et l’idéologie de l’euro-mark fort l’emportent.

Pire encore, la banque centrale européenne prête de l’argent aux banques (à 1%) pour que celles ci le prêtent à la Grèce à un taux spéculatif (+de 10%).

Cette banque, qui décide sans contrôle démocratique, s’est elle même soumise aux agences de notations. Ces officines dont la responsabilité dans la crise des surprimes n’est plus à démontrer, dont les liens par échanges d’experts avec les groupes spéculatifs n’est plus à démontrer, fonctionnent dans la plus grande opacité malgré leurs discours : ces agences sont le bras, l’outil des groupes financiers.

Du coup, la BCE s’interdit des prêts à des banques qui ont des actifs mal classé par les agences, ce qui est les cas des actifs publics grecs détenus par des banques françaises par exemple. Les banques vont être amenées à se débarrasser des actifs en question alimentant ainsi la crise grecque dont on sait qu’elle risque d’emporter d’autres pays et de menacer l’euro.

De plus, du fait des traités européens, la BCE ne peut prêter directement aux Etats et ne peut donc intervenir. Mais de sa propre initiative elle va plus loin : elle s’interdit d’intervenir sur le marché secondaire des dettes souveraines et de contribuer à casser la spéculation par ces rachats.

Qui a décidé tout cela ?

Rarement le caractère antidémocratique de l’union européenne (et des Etats nationaux !) n’est apparu avec autant de clarté.

Mais la question va aujourdhui plus loin : les Etats néolibéraux peuvent-ils réguler un tel système ? Leur fonction, sur laquelle ils sont jugés par les marchés et leurs agences de notation, c’est faciliter le fonctionnement de la finance, de garantir les profits face aux demandes sociales.

Ceux qui prétendaient, il y a un an, réguler le système capitaliste pour qu’il marche mieux sont dépassés par ce qui devient une vraie crise de la zone euro où ils ne sont capables que de faire preuve de leur impuissance commune !

Plus que jamais la question d’un alternative globale à ce système fou est à l’ordre du jour.

Comme le peuple islandais nous devons exiger de dire notre mot sur le remboursement de la dette.

Très massivement, ce dernier a refusé de payer la dette des financiers et de se soumettre aux exigences des gouvernements anglais et hollandais relais des actionnaires spéculateurs.

Pour défendre les retraites, les services publics, pourquoi ne pas mettre en débat un moratoire sur les dettes publiques y compris locales ?

Des collectivités territoriales sont victimes de produits toxiques qui leur ont été conseillés par des banques, c’est là aussi une véritable bombe à retardement qui nous menace.

Il est temps de prendre l’initiative ce terrain avant que la droite nous impose ses règles du jeu.

Imposons par la mobilisation notre droit d’en débattre !

Faisons entendre les exigences citoyennes sur les retraites !

http://www.exigences-citoyennes-ret...

28 avril 2010

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Notes :

[1] qui semble parfaitement légales !!voir la ligne de défense de la direction de Goldman Sachs devant le Sénat :" on ne fait que des choses parfaitement légales, on vend des produits aux clients qui nous les demandent, des instruments de couverture des risques sur ces produits à d’autres clients qui nous le demandent aussi, et tout cela n’a rien d’illégal". Goldman Sachs a aidé le gouvernement grec à maquiller ses comptes publics, c’est du passé ! Goldman Sachs, ces dernières semaines, a spéculé sur les fameux CDS (credit default swaps) sur la dette grecque, il a fait comme tous les autres grands intervenants financiers, où est le mal ?


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