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Intervention au Conseil du 17 janvier 2005 sur la modification du POS

 

Cette délibération a une apparence, des changements de détail, des aménagements techniques comme vient de nous le dire l’adjoint mais, au moins pour certains points de cette délibération, c’est l’économie générale de l’urbanisation qui se joue.

Je partage l’avis des associations qui nous ont écrit et qui malgré des différences d’approches sur tel ou tel point se retrouvent pour écrire : « si elles sont adoptées, ces propositions modifieront très significativement les orientations d’urbanisme concernant l’ensemble de la commune...dans le domaine des déplacements...de l’aménagement urbain, du logement,de l’environnement » ( Dérailleurs et Hastings Saint Nicolas).

C’est ce que notre collègue Duncombe a dit à la presse,nous sommes appelés à décider aujourd’hui des « réserves pour l’urbanisation future ».

Derrière des mesures que vous présentez comme techniques c’est le visage de la ville que vous transformez.

Les enjeux nécessiteraient que l’on sorte du coup par coup, de cette logique gestionnaire qui pousse à dire : « vous avez voté - ou nous avons voté- tel projet, vous n’avez plus aujourd’hui qu’à vous prononcer sur la suite technique ».

Il serait nécessaire d’avoir rapidement le débat sur un plan local d’urbanisme en cohérence avec le plan de déplacement urbain pas un débat technique mais qui tienne compte des évolutions récentes sur l’urbanisme et le logement

C’est la démocratie, et en particulier la démocratie locale qui a beaucoup à perdre dans ce traitement technique d’un débat éminemment politique qui devrait être sur la place publique pour toutes et tous : « quelle ville voulons nous ? », et dans quelle agglo ? Nous avons entendu Mme le Maire évoquer tout à l’heure une conception de l’Hyper-centre de la préfecture à la Gare qui devrait être au centre du débat, il n’en est rien.

Cette technicisation du débat public et des procédures rebute, et exclu, les citoyennes et les citoyens et c’est dommage parce que c’est de leur vie quotidienne qu’il s’agit là.

Aprés ces réserves d’ordre général sur la démocratie, j’ai des réserves sur le fond qui justifient mon opposition à cette modification : je retiendrais essentiellement l’aménagement des rives de l’Orne comme significatif d’une politique urbaine à mettre largement au débat.

D’abord nous ne savons toujours pas quelle est la place du logement social, et de quel type de logement social,dans la zone résidentielle de l’avenue de Tourville.

Mais ce sont surtout les centres, ou pôle,d’affaires et commercial qui me semble contestables dans cette modification du POS.

Il y a un an nous avions sur Caen 30 000 m2 de locaux commerciaux vides. Qu’en est il aujourd’hui ? Dans une telle situation, les dizaines de milliers de m2 prévus dans ce projet, dont nous avons aujourd’hui le détail ( surface mise à disposition par le POS, hauteur prévue), sont ils utiles ? Ne vont ils pas servir à dévitaliser une autre partie de la ville ? ( et c’est la même question sur l’effet sur le commerce de centre-ville).

Une modification du POS est faite pour tenir compte des évolutions et là ce n’est pas le cas. Sur quoi se fonde t-on aujourd’hui pour poursuivre dans cette voie quand on assiste nationalement à un fléchissement sur l’immobilier de bureau face au risque d’éclatement de la bulle spéculative ?

Pas de problème pour le PDU, ni pour le TVR nous dit on. Mais à qui fera t’on croire que l’implantation près de la Gare -qui connaît déjà des problèmes d’accès et de stationnement- de ces centres sera sans effet sur les déplacements urbains dans ce secteur.

Un centre commercial, comme un centre d’affaires, est générateur de flux de circulation automobile et de stock de véhicules ( parking). Ou alors veut on en faire des centres exclusivement piétonniers accessibles par les seuls transports en commun ?

Vous nous demandez de prendre là des décisions qui, le commissaire enquêteur le dit à mot couverts page 23, risquent d’aller à l’encontre du PDU et d’obérer le choix de Viacités et de l’agglo sur la 2ème ligne de TVR.

Pour ma part j’estime que ces zones autour de la gare (et avec l’avenue de Tourville) constituent une réserve foncière essentielle, voire la seule réserve foncière, qui nous permette de peser vraiment sur la crise du logement. De plus, l’affectation de ces terrains au logement et surtout au logement social supprimerait un très grande partie des problèmes que j’ai déjà évoqué. Le choix d’affecter une bonne partie de cette réserve à de l’immobilier commercial m’appariait de ce point de vue un choix catastrophique face au mal logement.

C’est le projet d ’aménagement qu’il faut modifier, pas le POS.

Je voterai contre

17 janvier 2005


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