Accueil > Penser Global

Oublier Tchernobyl, liquider les liquidateurs

Hier soir, une journaliste qui interrogeait Fabius, parlait avec condescendance, de la « peur du nucléaire ».

Encore une qui a oublié le sacrifice des liquidateurs, qui nous a tous sauvé ! Une de plus qui participe à les faire oublier, à faire oublier l’horreur nucléaire de Tchernobyl.

C’est grâce à cette amnésie (ou cette inculture historique) que le FMI fait baisser les pensions des liquidateurs au moment même où la communauté internationale et les investisseurs prèfèrent mettre les euros sur les infrastructures de l’euro foot !

Voici donc cette petite histoire qui n’est pas assez intéressante pour les grands médias

Pour avoir voulu sauver sa pension de la baisse réclamée au gouvernement ukrainien par le FMI, Gennady Konopliov a perdu la vie. Afin que le FMI retire cette « condition indigne », Benjamin Dessus, Bernard Laponche et Yves Lenoir lancent cet appel.

 

Gennady Konopliov avait 45 ans quand il s’est rendu à Tchernobyl pour participer aux travaux de « liquidation » de la catastrophe. Depuis quelques jours, avec des camarades, anciens de Tchernobyl, il faisait la grève de la faim contre la réduction des maigres pensions que le gouvernement ukrainien leur attribuait encore.

Acculés à la misère, rejetés dans l’oubli par l’ingratitude des dirigeants et leur volonté de tourner une page qui s’obstine à rester grande ouverte, il ne leur restait plus qu’un moyen de pression : mettre publiquement leur vie en jeu, dans un campement de fortune en plein centre de Donetsk, une importante ville industrielle ukrainienne.

Comme plus de 90% des liquidateurs encore en vie, Gennady Konopliov souffrait d’avoir été exposé à des doses importantes de rayonnement. Il avait notamment une cardiopathie que les fatigues du jeûne et de la manifestation pouvaient aggraver.

Dimanche soir, 27 novembre, la police a délogé sans ménagement les protestataires. Les témoins parlent de brutalités à l’encontre de ces quelques trente personnes affaiblies tentant de se protéger du froid sous une tente.

Gennady Konopliov n’a pas résisté à l’épreuve : victime d’un malaise, il est mort dans l’ambulance qui l’emmenait à l’hôpital.

Cet épisode tragique s’inscrit dans la longue liste des séquelles de la catastrophe de Tchernobyl. Toutes les autorités du monde s’acharnent à les nier ou les cacher. Un quart de siècle après l’accident, elles s’impatientent : il faut que cela cesse ! Il ne faut plus que l’on rapporte que les enfants des zones contaminées sont malades d’ingérer du césium radioactif ; il ne faut plus que l’on parle de tous ces liquidateurs perpétuellement malades, souvent infirmes, qui récriminent pour recevoir de quoi se nourrir et se soigner.

Le FMI a exigé une réforme du système des pensions : il n’y a pas de raison qu’ils y échappent. On ne va quand même pas laisser filer un programme d’aide de 15 milliards de dollars...

Nous, signataires de cet appel, exigeons que le FMI retire cette condition indigne à l’attribution de son versement. Quand il s’agit de la vie des hommes, on se doit de chercher d’autres économies, par exemple dans le budget des forces spéciales, de la défense, ou en supprimant les exemptions fiscales dont bénéficient les grandes sociétés.

Il n’y a aucune justification à ce que les gouvernements fassent payer par les faibles et les pauvres la perte de souveraineté qui sanctionne leur mauvaise gouvernance.

Benjamin Dessus et Bernard Laponche, Global Chance

Yves Lenoir, Enfants de Tchernobyl Belarus

Voir http://blogs.mediapart.fr/edition/l...

5 décembre 2011


Format imprimable

Format imprimable