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La révolte islandaise

 

Le président islandais refuse de promulger une loi qui obliger le pays à verser l’équivalent de 40% de son PIB. L’Islande devra rembourser le remboursement fait par la Grande Bretagne et les Pays Bas de leurs 300 000 ressortissants actionnaires ( les seuls qui comptent !) victimes de la faillite de la banque Icesave, filiale d’une banque islandaise.

Il répond ainsi à la demande du quart des électeurs islandais qui estiment qu’il n’ont pas à payer les erreurs des banquiers. La loi sera donc soumise à référendum.

La réaction de la finance...

Comme le dit un jouranl financier français l’Islande fait la une de la presse anglo-saxonne, qui engage sans tarder la contre offensive.

Pour cette décision de bon sens les islandais s’attirent les foudres de la finance internationale et des fameuses agences de notation qui baissent la note de l’Islande comme elles ont baissé celle de la Grèce.

La conséquence la plus directe de cette dictature des agences de notation, qui hier encore ont largement laissé faire la pratique des subprimes et autre produits dérivés nocifs, sera de rendre plus cher les emprunts du gouvernement islandais.

Nous voyons clairement comment des organismes privés au service d’intérêt privés se permettent de juger des pays réduits au même niveau que des entreprises qui doivent « rendre du profit ». Les Etats ne sont plus jugés qu’en termes de rentabilité pour le capital.

On voit bien que ce genre de pratiques sonnent le glas de la démocratie, du débat public au profit des experts qui décident en fonction de critères connus d’eux seuls et soumis à la logique capitaliste néolibérale la plus étroite : un État n’a pour rôle que de permettre aux entreprises de faire des profits , il doit garantir la socialisation des pertes.

On voit aussi le FMI dirigé par le «  socialiste » Strauss-Kahn, participer aux pressions sur l’Islande.

Bien sûr le FMI dit « Un accord sur Icesave n’est pas une condition au programme de l’Islande avec le FMI » mais c’est pour proposer aussitôt de consulter les Etats membres sur les suites à donner à ce prêts. Certes les britanniques et les néerlandais ne peuvent pas bloquer seuls ces versements, mais peuvent le faire si d’autres membres du conseil d’administration s’abstiennent.

Or d’ores et déjà les Etats scandinaves prévoient de retarder les tranches d’un prêt qu’ils ont consenti à l’Islande en le liant « aux progrès économiques du pays ».

Il suffit donc que les Etats membres laissent faire pour que le prêt du FMI soit bloqué, moyen de chantage habituel de cette organisation internationale dont tout le monde a en mémoire les effets nocifs pour les peuples des fameux « plan d’ajustement structurels.

...et de ses "amis socialistes"

Face à cette réaction populaire islandaise, la réaction du gouvernement « travailliste  » britannique est particulièrement significative de la dérive libérale du Labour.

Ce gouvernement a pris l’initiative de rembourser des actionnaires qui avaient choisi de se précipiter sur les offres d’une banque qui promettait un rendement sans pareil. Ils ont pris ce risque et la City de Londres a laissé faire , les banques britanniques n’ont rien dit à l’époque, les fameuses agences de notation non plus.

S’il y a eu carence de contrôle ce n’est pas la seule responsabilité du gouvernement islandais de l’époque pourtant corrompu par l’idéologie néolibérale.

Le gouvernement britannique, si fier de ses banques, si jaloux des prérogatives de la city, si peu regardant sur ses paradis fiscaux peut il faire comme s’il n’y était pour rien ?

S’agit ’il de défendre les chômeurs de Liverpool ou de Manchester, victimes du grand capital ? S’agit’il de venir au secours des britannique les plus pauvres (et il y en a !) qu’Icesave aurait spoliés ?

Évidement non, et le ministres des affaires étrangères montre bien de quoi il s’agit : "Le peuple islandais, s’il devait arriver à cette conclusion (négative), dirait en réalité que l’Islande ne veut pas faire partie du système financier international, que l’Islande ne veut pas avoir accès au financement multinational, national et bilatéral et ne veux pas être considéré comme un pays sûr, avec lequel faire des affaires" ou en d’aitres termes il s’agit de sauver la crédibilité du système monétaire qui conduit des milliers de personnes à la misère.

Et si les islandais ne se rendent pas à la raison du monde néolibéral, punissons les pour leur apprendre qu’on ne résiste pas impunement à l’ordre du monde.

Est ce vraiment une société rationnelle, acceptable que celle qui choisi de laisser les coupables en liberté, d’indemniser ceux qui ont profité du système et de faire payer ceux qui n’y sont pour rien ?

Les pression seront telles que les islandais vont se sentir obligés d’accepter de payer : il n’en reste pas moins que ce refus même s’il est limité dans le temps montre bien la crise de légitimité populaire de ce système.

Ceci nous place aussi devant notre responsabilité : si ce libéralisme se maintient et continue à être aussi nocif c’est aussi largement parce que la gauche de transformation sociale reste incapable d’ouvrir une autre voir qui réponse à des exigences populaires bien présentes.

Voir, en complément sur ce sujet, un article du Yeti :

Ce qui est en train de se passer en Islande, avec la décision du président Olafur Ragnar Grimsson de suspendre l’indemnisation des créanciers spoliés par la faillite de la banque islandaise Icesave, relève de l’outrage à la haute finance internationale.

Pire, d’une promesse de « révolution populaire » contre la toute-puissance du FMI, puisque le président islandais s’est carrément mis en tête de soumettre la ratification de la loi d’indemnisation à référendum auprès de ces administrés. Crime parfait, assez inédit à ce niveau, de lèse-majesté.

On imagine la tête (et la réponse) des administrés-contribuables, déjà saignés à blanc par la débâcle de leur pays, devant cette question saugrenue ! ...

...la suite sur http://www.rue89.com/yeti-voyageur/...

Les irlandais ont bien voté : ils sont recompensés.

Ainsi va le sytème européen... solidarité avec les fonds pourris !

Irlande : feu vert de Bruxelles à une "bad bank" d’ici à quelques semaines

[ 07/01/10 - 13H24 - Reuters ]

DUBLIN, 7 janvier (Reuters) - La structure de défaisance irlandaise, mise sur pied sous le nom de National Asset Management Agency (Nama), prévoit de recevoir l’approbation de la Commission européenne pour des aides publiques d’ici quelques semaines, a annoncé jeudi son directeur général, Brendan McDonagh. La structure reprendra des prêts d’une valeur nominale d’environ 80 milliards d’euros, soit un montant légèrement au-dessus des 77 milliards initialement envisagés, a-t-il précisé. Brendan McDonagh a ajouté devant la presse que l’estimation initiale d’une décote moyenne de 30% de la reprise des créances restait toujours valable.

7 janvier 2010


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