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Traité : les mêmes et on recommence !

Nous publions ci-dessous une contribution parue sur la liste alter ékolo et qui évoque les débats internes aux Verts face à l’initiative de Sarkozy-Merkel.

Il est surprenant de voir un courant qui s’est construit en partie sur le renouveau démocratique prendre ce type de position (contre la consultation démocratique des citoyens) au nom des intérêts supérieurs de l’Europe.

Par delà nos différences d’appréciation sur ce traité simplifié, il faut prendre conscience de ce que représenterait pour la démocratie la négation du vote des citoyens français, néerlandais.

Ainsi se fait la démonstration éclatante du type de démocratie européenne que ce traité, comme la constitution hier, veut mettre en place.

La contribution de Frédéric Supiot éclaire aussi une lumière crue l’implication des députés européens dans ce type de fonctionnement. Quand on pense que certains présentaient les avancées du pouvoir du parlement européen comme un plus démocratique à mettre à l’actif de la constitution !

Lisez !

 

Voici un extrait d’un texte (Verts au PE , Greens in EP) dont l’intégrale est disponible ici : http://www.europarl.europa.eu/news/...

Selon la co-présidente du groupe des Verts/ALE, Monica Frassoni (IT),

"à quelques jours de la CIG, on retrouve le marchandage habituel dans le sens d’un compromis au rabais". Le projet de texte ne fait aucunement participer les citoyens et la transparence ne s’en trouve pas améliorée : "ce traité représente davantage une limitation des dommages qu’une réelle avancée et nous ne souhaitons pas en être conjointement responsables ". Elle a déploré que certains députés dramatisent la non adoption de ce traité. Elle a toutefois conclu : " Bien que ce texte soit ’horrible’ et résulte d’un véritable torpillage de la part des gouvernements, nous nous devons d’être responsables et crédibles face à nos citoyens et nous le soutiendrons "

Il est édifiant de savoir que, selon la co-présidente du groupe Verts au Parlement Européen, signer un texte "horrible" soit faire preuve de responsabilité et de crédibilité.

Si ce genre d’argument pouvait à l’extrême rigueur être recevable avant les 29 mai et 2 juin 2005 - les référendums français et néerlandais - nonobstant bien sûr les arguments de fond, comment une représentante de haut niveau de l’écologie politique peut-elle délibérément court-circuiter la décision souveraine de deux peuples à l’identité européenne forte et ancienne ?

Parce qu’il s’agirait de nouveaux traités, différents du TCE ?

Ecoutons Jean-Louis Bourlanges, pilier de l’émission "L’esprit public" sur France Culture le Dimanche matin, et ci-devant député européen centriste : "Toute la constitution est là ! Il n’y manque rien !".

Comme l’a très bien montré Céline Delforge, ce 9 octobre, lors d’un débat organisé à Bruxelles dédié aux nouveaux traités, il existe une sorte d’agnosie des députés européens vis-à-vis du monde extérieur, doublée d’un isolement, y compris vis-à-vis des membres de leur propre parti (elle a cité sans le nommer l’exemple du député européen Ecolo, espèce d’alien à l’intérieur de son organisation).

A l’exception notable du groupe ultra-minoritaire Gauche Unie Européenne/ Gauche Verte Nordique, les parlementaires européens paraissent vivre dans une maison des Tele-tubbies où tout le monde se fait des "gros câlins" et où toutes les analyses politiques sont désormais subordonnées à l’ "Europe", érigée (sacrée, NDLR) en valeur suprême. Ce texte est horrible ? Signons-le tout de même. Pour l’"Europe" !

En tant qu’Alter Ekolo, je pense que nous nous devons de réagir chacun à notre niveau localement et globalement :

1°) Solliciter autant que possible de nos élus locaux des débats citoyens sur les TUE/TFUE.

2°) Solliciter des élus des Verts, d’Ecolo, du Parti Vert Européen etc. et plus largement de la gauche institutionnelle des débats internes sur ce sujet intéressant l’ensemble des militants.

3°) Plus particulièrement en France, exiger des responsables socialistes qu’ils tiennent la promesse de la campagne électorale de Ségolène Royal : la soumission à référendum d’un nouveau traité institutionnel européen. Ils en ont théoriquement le moyen car la révision de la constitution française que représenterait l’adoption des nouveaux traités, nécessiterait une majorité de 60% au Congrès, que le pouvoir actuel n’a pas.

Pour terminer, l’adresse des textes définitifs dans toutes les langues de l’union (préambule, traités proprement dits, protocoles et déclarations) :

http://www.consilium.europa.eu/cms3...

Frédéric Supiot (Bruxelles) — Liste-forum de discussion de Alter Ekolo

25 octobre 2007


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