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Il nous prend pour des cons !

 

Je ne sais pas si vous avez entendu Woerth ce matin mais ce mec pue le mépris pour le peuple.

C’est un bourgeois produit d’HEC, de sa carrière dans les cercles dirigeants du RPR puis de l’UMP, de ses relations chez les riches : voir à ce sujet http://www.mediapart.fr/journal/fra... Willy pelletier l’avait bien expliqué lors du meeting du 27 mai.

Ces gens là ne savent pas comment vivent « les gens de la moyenne » [1]. Récemment un député UMP estimait que son salaire de 5000€ était un salaire de cadre moyen. La croissance des inégalités, de cette société de rentiers de plus en plus aisés, crée un écart considérable qui fait que nous ne vivons plus dans le même monde.

L’opération de « com » à laquelle il s’est livré ce matin est un scandale du simple point de vue de la démocratie.

En osant présenter sa réforme de régression sociale comme un pas vers plus de justice, il prend les gens pour des imbéciles.

Petits cons de la dernière averse :

Ce sinistre individu s’est donné les jeunes pour cible de sa propagande. Mais en prétendant lutter contre les inégalités que les jeunes subissent aujourd’hui, il les prend pour des cons.

La mesure phare pour sauver la retraite est une escroquerie intellectuelle :sur 168 trimestres il en valide 2 de plus (6 au lieu de 4) en cas de chômage non indemnisé ! Quel effet cette validation au rabais sur la retraite ? Quelle réponse aux carrières précarisées des jeunes !

Aucune proposition de lutte contre cette précarisation qui tire vers le bas les carrières des jeunes ! Pourtant depuis longtemps nous demandons des sanctions contre ceux qui abusent du travail précaires. Nous revendiquons des protections pour les précaires et d’abord les jeunes et les femmes qui en sont les premières victimes : pourquoi ne pas imposer une sur-cotisation (chômage et vieillesse) à tous les contrats précaires ?

Pourquoi ne pas soumettre tous les temps partiels imposés au même niveau de cotisation que le temps pleins.

Pourquoi ne pas valider et cotiser les années d’études et les périodes de formation en cas de chômage ( y compris les contrats aidés qui sont présentés comme des formules d’insertion et non pour ce qu’ils sont vraiment : des emplois bidons pour organiser un partage du chômage) ?

Vieux cons des neiges d’antan

On ne le dira jamais assez : reculer l’age légal c’est sanctionner particulièrement ceux que le système continue, et continuera, d’exclure à partir de 50 ou 55ans.

Les mesures annoncées sont ridicules : - des exo de cotisations sociales pour les vieux après l’échec total du CDD-vieux, des bilans obligatoires et dont l’absence sera sanctionnée (le patronat doit trembler !tout le monde sait que ceci ne conduit qu’à faire des plans bidons)-, la « révolution culturelle  » promise par Woerth -les patrons vont se précipiter sur l’embauche de vieux qui vont brusquement rajeunir sous l’effet du recul de l’age de la retraite !-

Il y aurait de quoi rire si les conséquences prévisibles n’étaient pas aussi tragiques : ce qui nous attend , c’est l’augmentation des vieux chômeurs qui ne pourront plus aller jusqu’à leur retraite.

Alors qu’1 million de fins de droits sont prévues cette année le gouvernement accepte de n’en prendre en charge qu’un petit tiers voire moins. Il se refuse à modifier les dispositifs comme l’ASS qui prenaient en charge ceux qui ont travaillé longtemps mais qui arrivent au bout de droits raccourcis sans avoir retrouvé d’emploi pour en permettre l’accès aux exclus des droits. Outre que l’allocation prévue est une allocation de misère, rien n’est encore mis en place.

Cerise sur le gâteau de l’hypocrisie cynique du MEDEFUMP : il est prévu de faire des économies sur l’indemnisation du chômage pour payer les retraites : les riches paieront peu mais les chômeurs paieront fort et en paieront les conséquences :

c’est ça la justice à la mode Sarko !

Les cons de fonctionnaires :

Sur ceux là ont peut taper Ils sont mal vus d’un privé à qui on explique depuis des années qu’ils sont des privilégiés. Les médias ont fait fort sur la désinformation en n’hésitant pas à propager des contre vérités : je mets au défi n’importe quel journaliste (sauf Florence Aubenas qui traîne hors boulot sur les quais de Ouistreham) - et surtout les journalistes qui prétendent apporter les vérités économiques- de venir partager les privilèges des aides soignantes, des pompiers, des agents de conduite de la SNCF...et de renoncer aux leurs

Les catégories actives de la fonction publique qui bénéficiaient d’une reconnaissance de la pénibilité de leur travail et à ce titre d’un départ anticipé possible, continuent certes de pouvoir partir plus tôt que les autres mais subissent un allongement de leur carrière.

Les "experts économiques" oublient que, s’il y a augmentation de la durée de la vie, l’usure et le vieillissement continue... en particulier dans les travaux pénibles.

Mais il est scandaleux de présenter comme justice et progrès social une mesure qui vise à la baisse des salaires car c’est bien de cela qu’il s’agit avec l’augmentation des cotisations des fonctionnaires...( surtout quand on les compare aux mesures symboliques qui touchent les hauts revenus et les capital.

Les cons qui ont un metier pénible

Woerth atteint là des sommets de mauvaise foi.

Il a repris en totalité les exigences du MEDEF dans ce domaine.

Le MEDEF ne veut pas entendre parler de pénibilité, ce sujet est un danger pour son pouvoir absolu sur l’organisation du travail.

Le patronat s’est toujours battu contre "les contraintes" en matière de réglementation, y compris des conditions de travail.

Il suffit de voir comment dans la pratique la très grande majorité des employeurs cherchent à minorer le rôle des CHSCT quitte à attendre la catastrophe : le cas de France Télécom est un cas d’école de pratiques majoritaires dans le patronat.

Aujourd’hui MEDEFUMP nous bassine avec la prévention quand ils ont tout fait pour réduire le rôle de la médecine du travail ! Il n’y a que le présentateur télé moyen pour y croire !

Alors plutôt que de mettre en place des dispositifs qui permette de lutter contre la pénibilité, et assumer - par exemple- la montée de la souffrance psychique au travail et les autres formes de pénibilité ( revenir sur l’extension sauvage du travail de nuit et des horaires décalés, accentuer les obligations sur les produits toxiques et le bruit, peser sur l’organisation du travail pour combattre la pénibilité physique...)...

... plutôt que de faire payer aux employeurs qui usent et abusent de la pénibilité (« il ne faut pas stigmatiser les métiers en tension » disent ils, sans se poser la question de la rémunération des mécanismes compensatoires..)...

... Woerth nous invente la proposition sociale d’aujourd’hui : c’est au salarié de faire la preuve qu’il est vraiment « hors d’usage  », « usé jusqu’à la corde  » pour pouvoir, sur avis médical uniquement, partir mourir en retraite.

Tant pis pour ceux dont la maladie ne se déclare pas assez tôt mais juste après la retraite prise tardivement.

Bref tout cela développera les retraites courtes et permettra des économies supplémentaires !

Tant pis pour tous les cons qui vont devoir travailler plus pour gagner moins !

Jusqu’à présent peu de monde avait dit que le recul de l’age légal entraînait un recul de l’age auquel on peut prétendre de partir à taux plein.

Cet age là est le vrai age de départ et il va reculer jusqu’à 67 ans, soit un des plus élevé d’Europe.

Jusqu’à la réforme on pouvait dans tous les cas partir avec une retraite à taux plein à 65 ans même si les effets d’une carrière discontinue ne validaient pas tous les trimestre.

C’est maintenant67 ans . L’argument massue c’est qu’avec l’augmentation de l’espérance de vie il faut travailler plus longtemps !

Woerth reconnaît que ça n’a pas été le cas jusqu’à présent y compris avec les mesures Balladur et Fillion : les salariés devraient être contents, depuis quelques années ils ont gagné plus de temps de retraite et bénéficié de presque toute la croissance de la durée de vie.

C’est bien fini, c’était insupportable pour la conception néolibérale : leur justice sociale, leur progrès social , leur équité veulent que l’on se tue à nouveau au travail et que la retraite ne soit pas un temps pour soi supplémentaire.

Ils n’hésitent pas, pour cela, à culpabiliser les générations en retraite qui disent-ils "se payent sur le dos des jeunes" , jusqu’au jour ( tant attendu par eux) où les jeunes en auront marre et iront vers les retraites par capitalisation même si la chute de BP entraine aujourd’hui la chute des fonds de pensions anglais !

Il faut une réforme qui, en revalorisant la part des salaires dans le partage des richesses, garantisse le maintien des retraites par répartition ce que ne fait pas la contre réforme de Woerth qui prétend rassurer les jeunes tout en créant les conditions d’un déficit futur, prétexte à la destruction de notre système

Au delà du débat sur les retraites c’est le mépris de l’oligarchie pour le citoyen ordinaire , le cynisme des puissants qui s’étale au grand jour dans la conférence de presse de Woerth.

Vraiment ils nous prennent pour des cons, allons-nous leur donner raison ?

C’est le moment de réagir !

le 24 juin, et après, toutes et tous dans la rue

16 juin 2010

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Notes :

[1] comme chantait Colette Magny « comment ça va les gens de la moyenne, sans vous on ne peut rien du tout »


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