Je ne partage pas totalement l’argumentation mais cette tribune, dont Ouest france n’a passé qu’une partie, pose quand même des problèmes de fond.
Ainsi par exemple la méconnaissance de la taxation des faibles revenus par les élus de gauche, la question de l’"exode" ou du coté des dépenses les choix d’investissement ou la professionalisation de la politique (combien payer l’activité politique :le mouvement ouvrier traditionnel avait l’usage de rémunérer ses militants permanents selon le salaire ouvrier moyen).
Mais au bout du compte, je persiste à penser qu’il vaut mieux augmenter les impôts (en (r)établissant leur caractère progressif et redistributeur) que de laisser chacun, et d’abord les faibles revenus, se débrouiller avec des prix de services fixés par le marché
La Municipalité, après un insoutenable mystère sur ses desseins en matière de « seconde reconstruction » - dixit Philippe Duron lors de son discours d’intronisation -, a enfin accouché d’un projet phare qui fera date. Un coup de maître : l’augmentation substantielle de nos impôts locaux !
C’est qu’il n’y est pas allé de main morte ! Pensez donc : + 6,5%, soit 17,34% pour la taxe d’habitation, 31,86% pour les propriétaires (« grands » ou « petits »), 30,73% pour le foncier non bâti ! Mais son brillantissime Argentier Marc Levilly nous rassure en se justifiant ainsi : « Ca reste de l’ordre de deux cafés en terrasse par citoyen. » Et pour ceux qui ne boivent que du thé ?
Et d’ajouter : « Les gens aux revenus les plus faibles sont déjà exonérés ». Marc Levilly ment ! Je connais des propriétaires, demandeurs d’emploi bénéficiaires de l’Allocation Spécifique de Solidarité - au montant « faramineux » de 460 Euros par mois - qui payent un impôt foncier équivalant à plus de trois mois d’indemnités ! Que vont-ils faire ? Vendre, et aller encombrer les files d’attentes des logements sociaux déjà engorgées ?
La capacité d’attraction, la solidarité, l’intégration du plus grand nombre, cette alchimie s’opèrera... mais à l’envers : exode des populations les plus fragiles, désintégration dans la plupart des couches sociales, bref, de mille habitants par an que Caen perd déjà, ce seront dix mille dès demain, et moins de quidams... égalent plus d’impôts ! Quel avenir ! Ca c’est de la reconstruction !
Avec grande sagesse et solennité, notre Sully alias Marc Levilly nous rétorque qu’il faut : « compenser à court terme l’effet de baisse des recettes provenant de l’Etat ». Les autres ont le dos large... Qu’il faut investir : « 700 000 € pour la piétonisation du centre-ville ». ¨Planter deux, trois panneaux par-ci, et quelques bornes télescopiques par-là, ç’est pas trop mal payé !
Nous devons nous serrer la ceinture ? Mais alors... et si nos Elus nous montraient l’exemple ? Et si l’on « smicardiser » leurs émoluments ? Et si on leur ôtait, une fois pour toute, cette manie des cumuls de mandats ? Et si l’on demandait à Michel Dubois de rembourser ses honoraires d’ex-Adjoint fantôme à la Culture ?
Investir ? - mais pour quel(s) projet(s) donc ?
Laissons les Politiques dénommer leurs duperies comme ils le désirent, cela les rassure, les galvanise pour leur longue carrière, les conforte dans leur souveraineté qu’ils exercent sur nous... grâce à nos bulletins de vote !
La non augmentation des impôts était une promesse électorale de Philippe Duron ! « On ne ment jamais autant qu’avant les élections, que pendant la guerre et qu’après la chasse... », glissait malicieusement dans les conversations un certain Georges Clemenceau.
Luc Laumonier
