Bonjour,
Quand on est de l’autre côté de l’Atlantique, on
ne peut pas se permettre de faire des choix précis
sur les stratégies de lutte. Mais on peut regarder
avec du recul.
Et apprécier. Apprécier la force, la détermination
et le sens des responsabilités que donne le mouvement
des jeunes. L’énergie de la jeunesse est toujours là.
Et si vous saviez ce que ça fait plaisir.
Et rigoler... jaune évidemment devant l’incapacité des
dirigeants du pays à entendre. Pourtant le bruit
arrive à traverser les océans. Il fait la une de la
presse canadienne et étatsunienne.
Mais Chirac n’a rien entendu.
L’antienne de tous les pouvoirs "droits dans leurs
bottes" mais en réalité au abois, est toujours de dire
"la Loi n’est pas dictée par la rue"...
Bien sur que si, la Loi n’est pas l’apanage des gens
élus qui ensuite s’enferment dans une tour d’ivoire.
Pour avoir des Lois que nous saurons aimer, il faut
écouter les bruits et les fureurs de la rue. Ecouter la
jeunesse, écouter les chômeurs. Il faut mesurer ce que
signifie une mobilisation comme celle de mardi dernier.
La mobilisation, tranquille, massive, déterminée, dit
plus que les discours des lobbies dans les salons feutrés.
Elle dit que le pays va mal. Et que ce qu’on demande à
des dirigeants, c’est de prendre cette souffrance en charge.
De l’entendre faute de savoir la résoudre.
Mais Chirac va promulguer un échec prévisible....
Faut-il vraiment que ces dirigeants sachent qu’il n’y a plus
de journalistes dans ce pays pour oser le double saut-périlleux
arrière que Chirac vient d’échouer : Promulguer une Loi en
laissant entendre qu’il y aura une autre Loi qui va dire
le contraire bientôt... et inviter à la négociation. Pardi.
Et croire que ça va marcher parce qu’un présentateur de JT aura
passé la brosse à reluire sur "l’ouverture d’un Grenelle
social".... Quand on veut discuter, on ne commence pas par
promulguer une Loi qui met le pays dans la rue.
Ce qui est clair, c’est que depuis cinq ans maintenant, nous
assistons à un "passage en force" de toutes les idées les
plus libérales. Pas de débat. Quand on s’oppose, quand les
manifestations sont massives et déterminées (maintenant,
il y a deux ans sur les retraites,...) quand les arguments sont
porteurs (par exemple sur la Loi sur les droits d’auteurs)...
rien n’y fait. Raffarin en force, Villepin, en force, Chirac en
force.
Avoir fait 82% dans une société démocratique n’est pas un
titre de gloire, ni une marque de légitimité. Au contraire.