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TSS et puis ?

Notre gauche et le second tour

 

L’ensemble des forces de gauche appelle à voter contre Sarkozy.

Pourtant je crois qu’il faut s’interroger sur l’efficacité d’une stratégie fondée sur le "tout sauf Sarko".

Bien sûr nous devons, non pas par des proclamations, mais par un travail de conviction de proximité, mettre en évidence les dangers de cette issue politique.

Sarko est un danger pour la très grande majorité des gens qui vivent ici (et encore plus pour ceux qui y vivent clandestinement), c’est un danger pour les libertés publiques.

L’interdiction du livre du magistrat Serge Portelli http://www.betapolitique.fr/-qui dénonce concrètement la politique sécuritaire de Sarkozy mélange d’échec à réduire les violences aux faibles et de « réussite » à réduire les droits fondamentaux- est tout à fait symptomatique d’une société de l’autocensure pour ne pas déplaire aux puissants.

La violence que porte cette société n’est pas seulement l’occupation coloniale des quartiers par des CRS transformés en armée de guerre civile, elle n’est pas seulement dans la croissance à l’étatsunienne de l’enfermement, bref elle n’est pas seulement dans un fonctionnement accru et brutal des appareils répressifs.

Elle est aussi dans la vision du monde véhiculée par les médias qui disqualifie les pauvres, les perdants pour leur faire accepter leur sort et faire accepter leur maltraitance à tous les autres : quand 75% de salariés estiment que les chômeurs devraient être sanctionnés, c’est à dire privés de leur moyens de vivre, la violence est bien plus présente encore que dans une opération de police.

Je me félicite que se crée des collectifs anti-sarko, que des associations comme ATTAC se posent la question d’un appel à voter contre quelqu’un qui remet en cause ce qsui fait notre bien commun, que les collectifs anti délation agissent pendant cette période pour rappeler les enjeux à la lumière de leurs expériences.

Mais ceci suffit’ il à faire bouger les électeurs qui ont cru que le vote Bayrou était un vote contestataire, un vote pour bousculer la classe politique en place ? Il faut que nous mesurions que Sarko promet, incarne aussi le changement et que, pour beaucoup, l’essentiel est de faire bouger les choses même s’il y a des risques à prendre.

Un seule campagne anti-sarko peut elle convaincre de voter celles et ceux qui dans les quartiers populaires se sont encore abstenus en nombre plus important que dans les « beaux quartiers » qui se sont mobilisés ?

Je l’ai écrit avant ce premier tour : pour le parti socialiste, le succès du vote utile est une victoire à la Pyrrhus.

En gonflant le score de Ségolène Royal par des électeurs de gauche au lieu de mener campagne contre la fuite vers Bayrou, la gauche autre dans sa diversité s’est trouvée marginalisée.

Dès lors il ne peut y avoir de dynamique unitaire qui fasse de ce 2ème tour une bataille vraiment commune. Le vote contre Sarkozy est encore trop largement perçu comme un vote pour une candidate dans laquelle beaucoup ne se retrouvent pas du tout.

Réduits à faire du TSS, quelle crédibilité avons-nous ? Les nains se précipitent au secours d’une Blanche-neige qu’ils décriaient hier encore.

Si nous ne sommes pas capables d’avoir une visée stratégique pour ce 2ème tour, c’est à dire d’expliquer ce qu’il peut y avoir de positif dans une défaite de Sarkozy pour ce que nous représentons, je crois que nous ferons une fois de plus la démonstration de notre impuissance politique.

Personnellement je trouve dérisoire cette idée d’un meeting commun de la gauche du non contre Sarkozy pour montrer qu’on est toujours là. Ceux qui proposent ce type d’initiative n’ont certainement pas mesuré quelle image ils donneraient de la gauche antilibérale seulement capable de se rabibocher pour dire non.

La meilleure participation que nous pourrions avoir pour battre Sarkozy c’est d’expliquer que l’élection de Ségolène Royal nous laisse un espace de respiration, un espace pour exister.

D’abord en assumant ce que nous et les mouvements sociaux ont imposé au PS sur le moratoire anti OGM et anti-EPR, en exigeant l’abolition de loi « prévention de la délinquance » que le PS n’a pas voté...et autres points sur lesquels nous nous mettons d’accord pour faire des campagnes en commun pour en faire respecter l’application.

Mais cet « espace de respiration » dépend aussi de nous tous, des leçons que nous sommes capables de tirer vite pour reconquérir dès les législatives un espace politique qui nous permette de peser.

Nous avons pour reponsabilité de montrer que le changement est encore possible même après le verrouillage de l’expression politique par ce premier tour.

La meilleure contribution que nous puissions apporter à la lutte pour battre Sarkozy c’est d’annoncer que nous nous sommes mis d’accord sur un cadre commun pour les législatives.

Là où c’est possible annoncer des candidatures communes, et il y en a déjà un peu, mais surtout, ce qui semble plus réaliste proposer un pacte de non concurrence par le partage des circonscriptions autour d’un accord politique minimal, chacun défendant sa propre conception dans les circonscriptions où il est mais aussi dans le soutien aux autres là où il n’est pas.

C’est un objectif modeste mais ambitieux pour jouer un rôle dans la présidentielle pour battre Sarko et au-delà dans les autres batailles dans les urnes et dans les rues.

24 avril 2007


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