Durant les trois semaines de troubles du mois de novembre, les
condamnations qui se sont abattues sur les révol tés des banlieues, ou
présumés tels, ont été prononcées dans un climat de surenchère
médiatique et politique. Beaucoup d’observateurs présents aux
audiences, d’avocats et de journalistes ont noté la lourdeur des peines
(3 mois ferme pour avoir montré ses fesses !) et l’identification
hasardeuse des « coupables. » Des jeunes qui ont toujours vécu en
France sont menacés d’expulsion. Les défauts habituels d’une justice à
la chaîne on été ici gravement multipliés.
Au malaise que suscite cet emballement de la machine à punir, vient
s’ajouter la constations d’un étrange paradoxe. Certes, les
destructions (de véhicules et de bâtiments), n’ont pour principal effet
que de rendre encore plus difficile la vie dans les quartiers
populaires. Mais il faut remarquer que, si le gouvernement s’est
aujourd’hui décidé à rendre, au moins en partie, les subventions de
soutien aux banlieues qu’il avait supprimées, c’est bel et bi en grâce
au signal d’alarme qu’a été cette révolte.
Quoi que racontent des politiciens qui ont fait de la surenchère
sécuritaire leur fonds de commerce, les révoltes de novembre furent une
manifestation de colère sociale, sans plan prémédité, sans manitou
manipulateur. Quel que soit le sentiment de rejet que provoquent chez
beaucoup les formes prises par cette colère, sa légitimité est
implicitement reconnue par la société, où l’on débat incessamment du
« malaise des banlieues. » La répression est l’aveux de faiblesse d’une
classe politique déboussolée, qui ne compte plus que sur la prison et
la régression sociale (apprentissage à 14 ans et chasse aux immigrés)
pour résoudre les aspects les plus brûlants de la question sociale.
Nous pensons, nous, qu’un signal de solidarité doit être adressé
aux cités, pour sortir de cette spirale d’une stigmatisation encore
aggravée par la réactivation d’une loi coloniale et par le couvre-feu.
Il faut sans tarder amnistier tous les condamnés des révoltes de
novembre.
Signer sur : http://infos.samizdat.net/article37...