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Fichage généralisé : vers un recul des libertés.

3 décembre 2009

par Etienne Adam



Adresse de l'article : http://anpag.org/article.php3?id_article=857

La droite refuse le contrôle de l’Assemblée Nationale sur les fichiers de police qui, comme chacun sait, mériteraient beaucoup d’être très surveillés.

Nos députés UMP du Calvados, Ameline et Lefranc, ont voté comme des godillots à l’inverse d’autres qui ont manifesté un minimum de sens des libertés publiques.

A noter que Lefranc, chef de l’UMP locale, faisait partie de la fameuse commission Bénisti sur le fichage des pauvres. Il s’était à l’époque dérobé au débat public.

Aujourdhui il n’a pas varié, en défendant le droit au fichage de tous par la police. Bénisti, lui, défendait le contrôle par le parlement.

Ci dessous l’intervention de Patrick Braouezec.

Et n’oubliez pas de signer "non à Edvige"



A l’occasion de la présentation de la proposition de loi de Delphine BATHO pour le groupe SRC relative au contrôle des fichiers de police, je me suis exprimé au nom du groupe GDR-PG. J’en ai profité pour revenir sur les droits de l’opposition qui ont été, une fois encore, maltraités par la majorité et en particulier par l’exécutif qui ne cesse de s’ingérer dans les affaires législatives. Voici mon intervention

M. Patrick Braouezec.

Nous voterons naturellement pour cette proposition de loi, qui tend à éclaircir l’origine et les usages des fichiers utilisés par les services de police. Néanmoins je souhaite d’abord revenir sur les conditions dans lesquelles l’opposition travaille et débat au sein de cet hémicycle depuis la réforme constitutionnelle.

En choisissant de réserver les votes, le Gouvernement a signé un bon d’absence aux députés de la majorité. Or à quoi sert que l’opposition ouvre un débat si la majorité n’y participe pas ? (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)

Je l’ai dit jeudi dernier, avant de quitter l’hémicycle : les droits de l’opposition sont sinon bafoués, du moins méprisés. Il est de plus en plus clair que la désignation des membres des commissions d’enquête, les droits de tirage ou les journées d’initiative parlementaire sont des exercices de pseudo-démocratie, des mascarades.

M. Patrick Lemasle.

C’est du pipeau !

M. Patrick Braouezec.

Je persiste et signe : le Gouvernement impose la façon dont on travaille dans cette assemblée, ce qui est intolérable aux représentants du peuple et aux garants de la démocratie que nous sommes.

M. Patrick Lemasle.

C’est l’Élysée qui commande !

M. Patrick Braouezec.

J’en reviens au fond du débat qui nous occupe : les fichiers de police, souvent épinglés par la CNIL, qui est ainsi revenue dans un récent rapport sur l’usage calamiteux du STIC. Nous nous en étions déjà rendu compte lors de nos permanences en circonscription. Combien d’administrés avons-nous reçus qui avaient perdu leur emploi ou à qui l’on avait refusé un recrutement ou le renouvellement de leur badge dans les zones aéroportuaires, uniquement parce qu’ils étaient des « fichés STIC » à leur insu ? Les listes sont malheureusement longues, dans nos territoires populaires peut-être plus encore qu’ailleurs. Cela déséquilibre le traitement républicain s’agissant des droits les plus élémentaires.

Au-delà de ces erreurs qui, raisonnablement traitées, devraient être réparées, nous devons nous interroger sur le contrôle auquel vous êtes en train de soumettre très méticuleusement la société.

M. Patrick Lemasle.

Très bien !

M. Patrick Braouezec.

Les STIC, ARIANE, EDVIGE, CRISTINA, JUDEX, FNAEG, FAED, SDRF, SALVAC et autres fichiers sont autant d’injures à notre démocratie. Au nom d’un libéralisme moderne, celle-ci développe des moyens de contrôle de plus en plus drastiques et limite de plus en plus les libertés.

Voyez le sort fait à la CNDS ou la faiblesse croissante des moyens affectés à la CNIL. À l’occasion du débat budgétaire, la majorité parlementaire s’apprête à réduire massivement les moyens des autorités indépendantes chargées de la protection des droits et libertés. Après avoir programmé la suppression de la CNDS et de la défenseure des enfants, coupables de prendre au sérieux la défense des droits contre l’arbitraire dans leurs domaines de compétence respectifs, le Gouvernement cherche à présent à porter un coup décisif à la plupart de ces contre-pouvoirs indépendants.

Or l’existence de ces autorités indépendantes est essentielle à la préservation des droits et libertés. Ainsi, au cours d’une journée ordinaire de la vie urbaine, chacun de nous est tracé au moins une dizaine de fois. La CNIL a elle-même mis en garde contre la création d’une société de la surveillance. Se fondant à l’origine sur des besoins légitimes et d’apparence anodine - suivre le parcours scolaire des élèves ou réguler le trafic urbain, entre autres -, le fichage global pourrait, au cours des années à venir, mettre un outil extrêmement performant au service de la sélection, de la discrimination, de la stigmatisation des « déviants » et du contrôle social généralisé, d’autant que les politiques actuelles, sécuritaires et traqueuses de fraudeurs dans la France d’en bas, ne cessent de renforcer la surveillance tout en protégeant les fraudeurs de la France d’en haut.

Ce tableau inquiétant de la France d’aujourd’hui témoigne d’un net recul des libertés et des menaces qui pèsent sur la vie privée, l’action militante, le travail social et les associations de défense des droits. Alors que puces, caméras, base de données et fichiers pullulent et sont de plus en plus interconnectés, toute proposition visant à contrôler, à clarifier, à encadrer et à épurer les pratiques policières sortant des cadres déontologiques fixés par la loi nous semble particulièrement importante.

Voilà pourquoi nous voterons pour cette proposition de loi du groupe SRC. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et SRC.)

pour signer non à Edvige http://anpag.org/article.php3?id_ar...

Etienne Adam
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