31 mai 2012 par Etienne Adam |
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Nous avons déjà remporté un premier succès : virer Sarkozy. Cela aurait-il été possible sans le Front de Gauche et sa campagne ? Assurément non ! Nous avons été capables de faire bouger le débat politique, d’y imposer des thèmes jusqu’alors ignorés ou méprisés comme la planification écologique au lieu du « capitalisme vert », le refus de la pensée unique qui imposait dette et austérité comme passages obligés. Nous avons porté dans le débat politique classique ce que portaient les mouvements sociaux depuis une quinzaine d’années. Face à la droite de plus en plus à droite, et à l’extrême-droite favorisées par les années de sarkozysme, et dont le danger est trop sous-estimé par le PS : on découvre aujourd’hui que les différentes factions du PS d’Hénin-Beaumont ont traité avec le FN contre leurs « camarades » . Quelle inconscience ! Encore aujourd’hui avec la candidature de Jean-Luc Mélenchon, c’est le Front de Gauche qui est aux avant- postes de la lutte contre le FN. Nous pensons que l’extrême-droite dans toute l’Europe est un vrai danger qu’il faut combattre plutôt que d’espérer l’instrumentaliser dans des petits calculs politiciens. Nous avons réussi à tirer le débat politique à gauche, à imposer le social et le refus de l’austérité comme thèmes principaux. Sans le Front de Gauche, le PS aurait-il refusé d’entrer dans cette concurrence du « meilleur sécuritaire possible » : ce n’est pas la nomination de Manuel Valls qui nous rassure à ce sujet. Il ne faut pas baisser la garde aujourd’hui, laisser dilapider ce que nous avons construit pendant les Présidentielles. Pourtant, on entend partout la même petite musique : les Législatives ne seraient pas les élections déterminantes pour le changement politique, elles ne seraient que la « validation » de l’élection présidentielle. Le PS, les médias nous laissent croire qu’il faudrait une majorité absolue pour permettre au PS de gouverner. C’est une contre-vérité : sous la 5ème République, il suffit d’avoir une majorité relative et surtout que l’opposition reste minoritaire. Le PS veut en fait les mains libres, avec sa majorité absolue. Nous, nous pensons que le vote Front de Gauche est fondamental même dans toutes les circonscriptions où un candidat ne peut, a priori, être élu. Toute voix est un élément central du rapport des forces. Pour continuer à imposer nos solutions et nos thèmes dans le débat politique et parlementaire, au-delà même du nombre de notre groupe parlementaire. Pour signifier notre refus de la « rigueur de gauche » et faire face aux pressions des groupes financiers, des lobbies de toutes sortes et des médias à leur service. Tout cela en lien avec les mobilisations populaires, sociales que nous appelons et que nous soutiendrons. Nous ne pouvons en rester là, nous avons changé d’époque. Dans les conditions présentes, chaque vote pour le Front de Gauche ne peut apprécier selon seulement le simple arithmétique électorale locale, d’un simple point de vue hexagonal. Aujourd’hui dans toute l’Europe, dans les rues comme dans les urnes, monte la même volonté d’en finir avec la politique « Merkozy ». Ce sont d’abord des manifestation sans précédents sur lesquelles les médias font silence. En Espagne, où pourtant les mobilisations sociales sont depuis longtemps « traditionnellement » massives, les records sont battus. Au Portugal dont personne ne parle, jeunes précaires salariés et retraités descendent en masse dans la rue contre les plans de la Troîka. Mais c’est aussi vrai en Italie où Monti est paraît-il si populaire et si « bon élève de la classe européenne », et même en Grande Bretagne... Et bien sûr en Grèce : nous mesurons mal le drame social qui s’y joue et que traduit douloureusement le suicide de ce retraité qui ne voulait pas subir la déchéance sociale imposée à beaucoup de Grecs par le FMI, la Commission et la BCE. Mais le refus et la contestation commencent à envahir les institutions politiques traditionnelles ruinant la légitimité des gouvernements à la botte des marchés et celle d’une Union Européenne soumise au néolibéralisme. Après demain, nous souhaitons que le peuple irlandais, seul peuple consulté pour l’instant1, dise « non » au traité TSCG dit traité Merkozy. Ce serait un résultat extraordinaire compte tenu du véritable chantage exercé sur le peuple irlandais par la majorité des ses partis politiques mais aussi, au mépris de toute démocratie, par toutes les institutions européennes. Mais le désastre est tel, avec 15% de chômeurs alors que 150 000 jeunes se sont exilés, que la crise politique se profile et que les partis favorables au « non » prennent la première place dans les sondages. C’est aussi le cas en Grèce avec la montée de Syriza qui pourrait encore prendre plus d’ampleur. C’est une menace qui déclenche des torrents de haine et de mépris vis-à-vis des Grecs, ce peuple stupide et cupide qui ne sait pas voter. Tout le monde a en tête les leçons de morale de la Madame Veto du FMI, non imposable notoire qui veut que les autres soient exemplaires. Mais aussi du vert libéral Cohn-Bendit, préposé médiatique au dénigrement de tout ce qui est à gauche, ou d’un euro-roquet comme Quatremer, ce « plumitif » de Libération eurobéat devant toutes les décision de l’UE. Un « bon score » du Front de gauche leur fermerait le bec, ce serait un signal à tous les peuples d’Europe : oui, tous ensemble, nous pouvons faire vaciller les dogmes libéraux qui nous sont imposés partout. Nous pouvons tous ensemble ouvrir la voie à une autre politique, à une autre Europe sociale et démocratique face au monstre de régression sociale et autoritaire antidémocratique qu’ils cherchent à nous imposer. N’oublions pas que certains évoquent ouvertement la solution d’une nouvelle dictature des militaires en Grèce, 30 ans après « la dictature des colonels » tolérée par les gouvernements européens pour cause de lutte anticommuniste. En oubliant que ces « colonels » ont fait tant de mal à la Grèce et aux Grecs. Voilà qui donne au Front de Gauche une lourde responsabilité : Riche de sa diversité, il doit encore se renforcer, s’ouvrir et continuer ses combats au-delà des échéances électorales. Il est la seule politique qui peut mobiliser pour défendre la démocratie contre les offensives prévisibles, et prévues, des puissances d’argent et de leurs zélés serviteurs. Mais nous ne pouvons ignorer l’échéance qui est devant nous, et je vous appelle à faire activement campagne pour gagner une à une des voix pour le Front de Gauche... et pour toutes les forces sociales et politiques progressistes d’Europe qui attendent notre, votre soutien.
Etienne Adam
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