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Les (mé)comptes de la grippe néolibérale

5 janvier 2010

par Etienne Adam



Adresse de l'article : http://anpag.org/article.php3?id_article=869



Ce qui se disait depuis des semaines sur les choix désastreux faits par le gouvernement sur la grippe vient d’éclater comme une véritable « bulle sanitaire ».

Il n’est plus possible de cacher les réalités : un coût exorbitant pour un résultat plus que médiocre en matière de santé publique, le sentiments que l’argent public a été gaspillé au détriment des besoins dans le domaine de la santé.

Le gaspilleur économe

Ce gouvernement ne cesse de donner des leçons d’économies en matière de santé.

Ce gouvernement transfère sur les malades les dépenses de santé, depuis la mise en place des franchises à la taxation des mutuelles sur la grippe, et en même temps allège les prélèvements sociaux qui financent la sécu.

Ce gouvernement pousse le cynisme jusqu’à faire payer les victimes d’accidents de travail où il laisse faire la mise en place d’organisations du travail néolibérales pathogènes qui rendent malades, détruisent et tuent les salariés Il est incapable de faire autre chose pour la sécurité des salariés que de faire les « gros yeux  » aux patrons de France Télécom ! Mais pas autre chose que cette opération de com !

Ceux là même qui nous serinent depuis des années que la santé coûte trop cher pour sauvegarder la « compétitivité », ceux qui ne cessent de nous faire peur avec un trou de la sécu qu’ils creusent eux mêmes, ces distingués gestionnaires se montrent capables de gaspiller des sommes considérables, un rapport sénatorial chiffre l’ensemble des dépenses à 2,2 milliard d’euros... un petit rien !

L’attaque la plus vive (médiatiquement) est venue de Bernard Debré, rejeton d’une illustre famille dont le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle n’a jamais été reconnue pour son extrémisme de gauche, et député UMP. Il est vrai qu’il est aussi médecin. Dès l’été 2009 il avait dénoncé la catatrophisme de Bachelot, aujourd’hui il dénonce des achats de vaccins et de Tamiflu (dont de plus en plus de médecins mettent en cause l’utilité) : "Résultat, nous avons 10 % des réserves mondiales de ce vaccin et un tiers des antiviraux (Tamiflu)".

Les volumes d’achats laissent perplexes : la France a commandé 1.44 vaccin par habitant quand l’Espagne en a commandé 0.29 et l’Allemagne 0,73. les paille , Kouchner et Cie ont beau nous dire qu’à une certaine époque les autorités sanitaire prévoyaient 2 vaccins le compte n’y est pas et n’explique pas pourquoi le ministère français de la santé a procédé à ces achats hors de proportion me avec un principe de précaution intelligemment appliqué.

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a vendre- soldes

Une affaire de santé ou d’idéologie ?

Mais ce coût prend tout son sens quand on le rapporte aux dépense de santé. C’est encore là Debré qui le dit :le plan anti-grippe A a coûté "plus que le déficit cumulé de tous les hôpitaux publics ou trois fois la somme allouée au plan cancer". Et c’est là sans doute un des aspects les plus nocifs de ce plan : l’argent gaspillé ainsi n’est plus disponible pour autre chose que la lutte contre une grippette.

La sécu va supporter le coût d’un décision qui, nous le verrons tout à l’heure, n’est pas une décision médicale mais une campagne politique.

Depuis des années là encore politiques de droite et médias dénoncent les déficit des hôpitaux publics impossibles à financer : il faut des coupes claires dans les budgets hospitalier. Et puis là , comme pour sauver les banques, l’argent coule à flot.

Beaucoup dénoncent aujourd’hui l’incompétence de la ministre sa collusion avec l’industrie pharmaceutique dont elle a été salariée.

Cette nouvelle « affaire d’Etat » ne peut se réduire aux capacités intellectuelles et morales de Roselyne Bachelot, c’est la responsabilité de tout l’exécutif qui est en cause. Il est utile de rappeler ici que Hortefeux a co-dirigé avec Bachelot la campagne, que l’UMP et les ministres assument aujourd’hui (pour l’instant !) un décision prise au plus haut niveau de l’Etat.

Le recul d’aujourd’hui, l’aveu que représente la décision de ne pas honorer les commandes [1] est un camouflet de plus pour Sarkozy.

Mais elle est surtout un échec présidentiel de plus dans la mesure où ces décisions, aussi désastreuses sont elles pour les besoins de santé des populations, n’étaient pas une erreur mais obéissaient à une logique : elles révèlent une logique néolibérale à l’œuvre dans les décisions prises dans un domaine qui n’a à voir que de très loin avec une politique de santé publique.

Le libéralisme contre la santé

Les choix qui ont été faits à cette occasion sont extrêmement révélateurs de la volonté du gouvernement de continuer sa contre révolution néolibérale et anti-démocratique :

-  d’abord la campagne contre la grippe a été de nouveau l’occasion de développer la politique de la peur : dans aucun autre pays on ne s’est servi de la menace de grippe pour mettre en cause les libertés publiques (voir ce que le syndicat de la magistrature a dénoncé dans le plan antigrippe du ministère de la justice), les droits sociaux ( des circulaires du ministère du travail prévoyaient de suspendre des dispositions du code du travail pour « faire face aux difficultés économiques nées de la pandemie »). Pour ne rien dire de ce qui était prévu en termes de restrictions des droits de réunions et de manifestation...

Ce fut là l’occasion de tester des mesures liberticides au nom de la sécurité publique. Et l’on comprend du coup la place prise par le ministre de l’intérieur dans la campagne : quand il s’agit de protéger les français Hortefeux est là, le sécuritaire domine. Nous avons, à cette occasion aussi, la mise en place d’un Etat protecteur au détriment des libertés : quand on pousse les gens à s’en remettre aux chefs pour les protéger la démocratie est bien mal en point !

-  Les commandes massives de vaccins, masques, etc... les campagnes médiatique pour les produits désinfectants cette augmentation massive des consommations d’Etat rappellent beaucoup une certaine politique économique : les banques sont en difficulté, on paye, la filière automobile a des problèmes et c’est la prime à la casse ( le contribuable paye à la place des consommateurs).Nous avons là la mise en œuvre du fonctionnement nouveau de l’Etat néolibéral : favoriser par tous les moyens le fonctionnement de l’entreprise. Le nouvel « Etat social » redistribue l’argent de tous au profit des riches et des entreprises et le crise sanitaire fut un prétexte à le faire pour l’industrie pharmaceutique.

-  Les choix en matière de santé privilégient le recours au privé ( ici à l’industrie chimique) par rapport à l’hopital public : à cette occasion on a pu voir que l’organisation quasi militaire des centres de vaccination se faisait au dépens du fonctionnement normal de l’hôpital public dont on réquisitionne le personnel sans se soucier des difficultés de fonctionnement que cela implique. Le mépris du service public hospitalier est manifeste.

-  Enfin cette campagne antigrippe a été décidée sans aucun débat démocratique, traité comme un problème purement technique où seuls quelques experts pouvait décider. Ceci s’est fait en tenant les citoyens, mais aussi les professionnels y compris libéraux, complètement à l’écart. Personne n’a pu débattre des priorités en matière de santé : ces milliards n’auraient ils été plus utile pour sortir les hôpitaux de la dégradation des services rendus aux malades et à la population.

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a piqué !!

Comment s’étonner dans ces conditions que la réponse populaires ai été le boycott de la campagne de vaccination.

Car une des leçons est aussi là : la résistance au sarkozysme, même présenté comme protecteur, reste très vive. C’est une véritable crise de légitimité politique que révèle aussi l’échec de la campagne de vaccination.

Etienne Adam


[1] nous allons découvrir dans quelques mois que les avocats des grands groupes pharmaceutiques obligeront l’Etat à payer, ils ont été capables d’imposer des contrats où l’Etat prenait tous les risques en lieu et place de ces marchands

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