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La déroute de leur modéle
Le "modéle allemand" responsable de la crise en Europe

25 janvier 2012

par Etienne Adam



Adresse de l'article : http://anpag.org/article.php3?id_article=1159



L’OIT (organisation international du travail vient de sortir un rapport intitulé «  Tendances 2012 sur l’emploi global : prévenir une crise plus grave de l’emploi   »

Nous retiendrons de ce rapport quelques éléments concernant l’Union Européenne qui apparaît dans ce rapport comme particulièrement touchée par la crise et encore menacée du point de vue de l’emploi pour 2012.

Une seule citation montre l’ampleur du désastre, elle concerne la baisse de la population active, facteur que l’on a trop tendance à ne pas prendre en considération en particulier quand il s’agit de mettre en valeur le taux de chômage en Allemagne :

« Les taux d’activité ont plongé dans beaucoup de pays dans la région des économies développées et de l’Union europénne, ce qui s’est traduit par 6 millions d’actifs en moins que ce qui était prévu au regard des tendances d’avant la crise. Si l’on ajoutait cette cohorte aux chômeurs, le taux de chômage de la région passerait de 8,5 à9,6 pour cent.  »

Le "modéle allemand" responsable de la crise en Europe

Mais le rapport consacre une page à la responsabilité des politiques menées en Allemagne depuis les sociaux démocrates de Schröder jusqu’à l’obstination néolibérale de Merkel aujourd’hui.

Ce qui ressort clairement c’est que l’Allemagne a largement joué contre ses partenaires en exportant sa propre crise : beaucoup plus surprenante est l’absence de réactions de autres pays qui ont fait les frais de cette politique de concurrence acharnée. Sans doute faut il trouver dans aveuglement idéologique de nos « élites » une partie des réponses.

L’OIT repète ce que disent depuis quelques années des économistes et des altermondialistes. Mais le fait que ce discours soit tenu maintenant par un organisme officiel dans un rapport officiel donne, aux yeux de l’opinion publique, beaucoup plus de poids à cette analyse.

Peu de médias donnent à cette information l’importance qu’elle mérite, parce que ce rapport bouleverse le débat politique tel qu’il est organisé par les médias et leurs spécialistes depuis des années.

Que dit l’OIT ?

« La hausse de la compétitivité des exportateurs allemands est à la source des difficultés récentes de la zone euro. Les coûts du travail en Allemagne ont chuté par rapport à ceux de leurs pays concurrents, mettant la croissance de ceux-ci sous pression, avec des conséquences négatives sur l’état de leurs finances publiques. Plus important ces pays en crise se sont vu interdit d’utiliser la voie de exportation pour se sortir du déficit de leur demande intérieure, leur secteur manufacturier n’ayant pu bénéficier d’une demande globale accrue en Allemagne ... »

Comment fonder un jugement aussi abrupt ? Par l’examen de l’histoire et des résultats des politiques économiques allemandes.

Histoire des politiques allemandes d’après l’OIT

A la suite de la réunification allemande, l’industrie manufacturière a subi une perte de compétitivité. Non seulement à l’Est mais aussi du fait de la parité entre Est et Ouest qui a produit de l’inflation : la politique de la banque centrale a conduit à un mark fort et à une perte de compétitivité aggravée par une chute de la consommation. Dans le même temps les créations d’emploi chutaient dramatiquement ainsi que les investissement

La politique de Schröder [1] a consisté en une réforme du marché du travail à partir de 2003, « qui a effectivement réduit les salaires de départ dans l’extrémité la plus basse du marché du travail  ».voir plus de détails sur Actuchômage http://www.actuchomage.org/Les-doss...

Dans le même temps des négociation se sont mises en place pour arriver à un moindre croissance des salaires et pour restaurer la compétitivité.

Entre temps se sont mis en place des accords européennes dont l’euro mais aussi les pactes et traités divers sans que personne ne s’aperçoive que les politiques menées modifiaient considérablement la situation des pays européens par rapport aux débuts de l’Europe (CECA et même traité de Rome). On était passé d’une complémentarité des économies à une concurrence interne « libre et non faussée » avec un pays qui se servait de sa puissance économique et monétaire pour imposer son modèle .

La cécité des autres dirigeants européens ne peut trouver son explication par les résultats de cette politique en termes de guerre sociale : les dirigeant allemands ont su mater leur classe ouvrière en lui imposant parfois,mais pas totalement, des compromis qui font saliver le MEDEF et ses amis.

Qui paye cette politique tant vantée ?

Laissons un fois encore la parole à l’OIT.

« La plupart de ces réformes on conduit à la déflation des salaires dans le secteur tertiaire , où, c’est nouveau, apparaissent principalement des jobs à bas salaires. Une telle approche a substantiellement prolongé la période d’ajustement, jusqu’à aujourd’hui, les salaires demeurant les plus hauts ( d’Europe) dans l’industrie allemande

Cette politique de déflation des salaires n’a pas seulement eu un effet sur la consommation des ménages, qui est restée en retard, par rapport aux autre pays, de plus d’1% sur la période 1995-2001. Elles ont aussi conduit à un accroissement des inégalités, à une vitesse jamais vue depuis la réunification, quand plusieurs millions de personnes avaient perdu leur travail en Allemagne de l’Est. Au niveau européen ceci a créé les condition d’une récession économique prolongée puisque les autres états membres ont vu, de plus en plus, dans une politique dure de baisse de salaires la solution à leur propre perte de compétitivité.  »

Le bilan est implacable. Jusqu’à présent ceux qui dénoncaient la politique vis à vis des chômeurs, qui osaient évoquer le développement de la misère en Allemagne, les résultats des emploi à 1€ étaient moqués traités de passéistes. L’Allemagne de Merkel ouvrait la voie de l’avenir c’est cette voie qu’il fallait suivre quitte a abandonner toute démocratie dans un pacte domine par la «  règle (du veau) d’or  ».

Ah il faisais bon suivre nos « amis allemands » (la presse de droite) pour taper sur les grecs qui nous coûtaient si cher !

Patratas ! le mythe en prend un coup et les information sur cette « Allemagne qui perd » ou plus exactement sur les allemand(e)s qui perdent commence à se répandre pour faire apparaître les intérêts communs entre nos peuples et les autres peuples d’Europe.

La « croissance allemande » se fait aussi sur le dos de millions de personnes chez eux comme chez nous.

Nous devons remercier l’OIT de cette contribution.

Voir aussi : http://www.rue89.com/rue89-eco/2012...

Etienne Adam


[1] L’auteur du fameux- fumeux !- théorème qui nous a été asséné comme vérité scientifique : « les investissement d’aujourd’hui sont les emplois de demain » théorème qui a justifié, puis permis au capital de s’accaparer une part croissant de la richesse produite.... sans investir et créer des emplois au contraire

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