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Une urgence sociale et politique
Des forums pour une alternative

26 octobre 2005

par Etienne Adam



Adresse de l'article : http://anpag.org/article.php3?id_article=234



La situation actuelle est dominée par une crise de la droite face à une gauche impuissante.

La droite a du mal à fixer une ligne stratégique qui lui permette de dépasser ses divisions tactiques voire ses querelles de personnes. Aucun projet ne peut prétendre à l’hégémonie sur les autres.

Toutefois la droite, parce qu’elle détient le pouvoir d’Etat, agit et jette jour après jour, les bases d’une véritable révolution conservatrice, libérale- autoritaire.

Ce faisant son action modifie de façon sensible les conditions d’exercice du débat démocratique par la mise en place d’un système de gouvernance anti-démocratique fondé de plus en plus sur des élites politiques et sociales à qui il faut réserver le pouvoir de décision.

Révélateurs d’une transformation profonde de notre système démocratique issu des luttes sociales et politiques de la Libération citons :l’évolution du discours des médias qui se refusent à reconnaître la victoire du non, mépris affiché - assumé- du désaveu par le suffrage universel, l’élaboration législative de plus en plus hors du débat public ( ordonnances, amendements discrets, occultation technique des choix politiques, modifications réglementaires), criminalisation des luttes sociales, refus des compromis et recherche de l’affrontement qui décrédibilise les syndicalismes, durcissement répressif vis à vis des classes dangereuses sous couvert de lutte contre la criminalité et le terrorisme...

En même temps la droite mène un travail de sape des bases sociales, économiques de la résistance populaire en s’attaquant aux chômeurs, au code du travail aux services publics... poursuivant ainsi une politique de déconstruction de la sécurité salariale.

Ces attaques ne sont pas sans effet sur le rapport des forces même si nous n’en mesurons pas encore tous les effets.

Pourtant nous sentons tous une volonté de résister, d’en finir avec un gouvernement, une majorité illégitime. Sinon comment expliquer la mobilisation du 4 octobre, dont les objectifs revendicatifs étaient loin d’être lisibles et dont la place dans un stratégique revendicative syndicale était loin d’être claire ?

Le 4 octobre a bien été une mobilisation politico-sociale d’opposition à la droite.

Cette résistance, il est hors de portée de la droite de la réduire, elle reste à ses yeux une menace permanente.

Mais en même temps faute de perspective visible elle risque de s’épuiser ou de s’éparpiller.

A ces conditions « objectivement » remplies d’une crise de régime, un seul élément fait défaut : l’alternative que devrait offrir une gauche aujourd’hui impuissante.

Nous serons tous d’accord sur les responsabilités du PS et des sociaux-libéraux : ils ne semblent pas tirer le bilan de l’impasse dans laquelle ils ont engagé la gauche plurielle et de la crise de représentation politique qui s’en suit. Ce qui le rend incapable de s’opposer efficacement au danger autoritaire : le vote utile ne fonctionnera plus.

Mais pouvons nous nous satisfaire de ce que sont aujourd’hui les divers courants de la gauche antilibérale, potentiellement majoritaires à gauche et qui pourtant laissent largement le champ au PS ?

A l’unité créatrice du non de gauche pendant la campagne référendaire, nous n’avons pas pour l’instant été capables de créer les conditions d’une continuation de cette démarche.

Le danger est grand d’un repli sur l’existant avec l’émiettement traditionnel de nos courants et le « départ » de celles et ceux qui étaient venus, dans une démarche d’insurrection citoyenne, pour reprendre en mains le politique.

Avec à nouveau, la désespérance de ceux qui avaient retrouvé le chemin des urnes dans les quartiers populaires Toutes et tous attendent une initiative capable de récréer de façon visible une dynamique victorieuse, un espoir.

Pour ces millions de gens, l’arrivée au pouvoir de Sarkosy serait une catastrophe personnelle. Et aujourd’hui, à leur yeux, nous portons une part de responsabilité dans cette « catastrophe annoncée ».

Il est urgent de leur répondre , de prendre des initiatives qui impliquent citoyennes et citoyens, militantes et militantes syndicaux, associatifs, politiques dans un processus d’élaboration populaire et citoyenne d’une alternative...

Pour répondre aux besoins d’intervention dans les luttes sociales, dans les échéances politiques à venir et au delà, nous avons besoin d’autre chose que d’un cartel d’organisations.

Ce que nous souhaitons ce sont des forums, des lieux unitaires où chacun soit en situation de débattre et peser. Des rassemblements où s’élaborent les exigences politiques, les éléments programmatiques mais aussi les débats stratégiques dans la plus grande transparence : c’est aussi faire de la politique autrement.

Irréaliste ? Pas si sur déjà des initiatives sont prises ici ou là pour aller dans ce sens.

En particulier la décision du PCF d’ouvrir ses forums et en particulier celui du 26 novembre à d’autres est une décision qui va dans le bon sens.

La participation de militants de mouvements sociaux, de courants et d’organisations politiques à un appel commun fait partie aussi des signes positifs.

Il s’agit maintenant de donner une visibilité à ce qui se fait et de faire converger les initiatives de tous ceux qui se retrouvent dans la perspective de construire un nouvel objectif de victoire.

C’est maintenant qu’il faut prendre ces initiatives.

Etienne Adam
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