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Duron-Dexia : la droite aboie, pourquoi faire ?

30 novembre 2011

par Etienne Adam



Adresse de l'article : http://anpag.org/article.php3?id_article=1131



La presse locale nous apprend que l’opposition municipale « tousse » à cause des 85000€ touchés par Philippe Duron comme administrateur de DEXIA.

Nous ne croyons pas que Le Brethon, Chazal et Lallier soient guidés par le souci de moralisation qu’ils affichent. C’est une opération politicienne destinée à exploiter démagogiquement à des fins électorales la présence du maire de Caen dans un lieu mal famé.

Il s’agit pour eux d’éviter le débat de fond sur la responsabilité de leur camp politique qui a en 1993 décidé de privatiser le crédit local de France, l’outil public de financement des collectivités locales. Ils ont ainsi ouvert la porte à la dérive d’une banque qui a placé des emprunts toxiques auprès des collectivités locales et des hôpitaux publics, les mettant les unes et les autres dans des difficultés qui mettent en cause le fonctionnement même de ces services publics. [1]

C’est bien la droite, de Balladur à Sarkozy qui est responsable de « 20 ans d’erreurs et d’aveuglement idéologique libéral » comme le dit un Communiqué de l’Union des syndicats CGT du groupe Caisse des dépôts sur DEXIA.

On comprend dès lors l’ amnésie dont sont victimes nos élus locaux de droite qui oublient de mettre en cause les responsables de ce pillage des fonds publics. [2]

Si on doit demander des comptes c’est bien sur ce qu’ont fait les administrateur de DEXIA et pas seulement sur le niveau de leur rémunération.

Personne n’a entendu Brigittte Le Brethon et consorts s’indigner de l’augmentation que s’est octroyé l’ami du chef de l’Etat en arrivant à DEXIA en pleine crise. Le CA de Dexia a accepté « à l’unanimité » le 13/11/2008 de porter à un million d’euros le salaire annuel du directeur général et de fixer à 2,25 millions d’euros son bonus maximum. Son prédécesseur ne touchait « que » 825 000 euros de fixe, et son bonus était plafonné à 1,8 million d’euros. C’est le comité des rémunérations, composé notamment de Denis Kessler, ex-numéro 2 du Medef, et d’Augustin de Romanet de Beaune, directeur général de la Caisse des dépôts, qui a fait ses propositions. Bref que des amis qui se font des petits cadeaux entre amis, et donnent des leçons d’austérité aux autres.

En termes de gaspillage et de pillage des gonds publics c’est bien au-delà des « misérables 85 000€ » de Philippe Duron. Au fait ce dernier était-il présent à ce CA « unanime » ?

De manière plus générale nous ne reprocherions pas à Philippe Duron d’avoir touché cet argent s’il avait eu au conseil d’administration un rôle pour mettre en cause la dérive libérale de DEXIA. Bien sur, ce n’était pas facile d’agir dans ce cénacle de libéraux forcenés mais le maire de Caen aurait pu trouver des conseils avisés auprès des syndicalistes du secteur ( la CGT depuis des années voir http://anpag.org/article.php3?id_ar...)

Le 24 octobre 2008, le maire socialiste de Dijon, Rebsamen, démissionnait de ses fonctions d’administrateur . Ruffenacht, le maire UMP du Havre annonçait qu’il renonçait à ses indemnités arguant des " événements graves des dernières semaines et les informations très préoccupantes concernant le groupe Dexia". [3] A ce moment Philippe Duron ne renonce pas à cette fonction "Ce n’est pas dans la tourmente qu’il faut quitter le navire, explique-t-on dans son entourage." ( L’Express du 24/10/2008).

Pourquoi, alors qu’il avait connaissance des difficultés de DEXIA « la tourmente, Philippe Duron a t’il continué à cautionner un bateau pirate qui par ses emprunts toxiques pillait les collectivités locales ?La démission de tous les élus du CA de DEXIA, aurait peut être aidé des collectivités et de hôpitaux à se méfier des promesses de la Banque.

Quelle a été l’action de Philippe Duron au CA, et en dehors pour dénoncer publiquement la nocivité de cette banque ? Pour le moins cette action s’est faite dans la plus grande discrétion.

Outre la dérive du parti socialiste qui a intégré les dogmes du libéralisme, l’attitude du député maire traduit l’incapacité des élus à exercer vraiment leurs fonctions de contrôle au nom du peuple.

Personne ne reprochera à l’élu de ne pas être un expert financier, ce n’est pas ce qu’on lui demande. Personne ne lui reprochera de ne pas être capable personnellement de se retrouver dans des textes très techniques. Mais il est de sa responsabilité de s’informer non seulement auprès des experts financiers de DEXIA mais aussi auprès des économistes, des syndicalistes qui ne sont pas « à la botte des banques » et aveuglés par l’idéologie libérale.

Ceci doit aussi nous servir de leçons : le politique, l’élu, le tribun ne sont pas les sauveurs suprêmes à qui nous, les citoyen(ne)s, devons tout déléguer, faire totalement confiance.

Nous ne devons pas renoncer à demander des comptes, à proposer aux élus notre expertise citoyenne, à se mobiliser pour imposer nos exigences, à peser dans le débat public pour ne pas laisser les mains libres aux lobbies des 1% voire 0.1 % qui manipulent les pouvoirs publics et les politiques

Pour nous les assemblées citoyennes, les collectifs de lutte sont l’embryon de ce contrôle citoyen qui ne laisse pas les choix de société entre les mains invisibles( ?) des « marchés » ou celles bien visibles de leurs hommes de main de la droite.

Nous faisons une proposition à Philippe Duron : pourquoi ne pas contribuer à ce travail citoyen de contrôle des banques et des marchés financiers ?

Qu’il verse le montant des sommes versées par DEXIA au collectif pour un audit citoyen de la dette qui se met en place ! Ou aux coordination de défense des services publics et des hôpitaux et maternités de proximité qui se battent contre les fermetures. Ce ne serait que justice.

Etienne Adam


[1] nombre d’hôpitaux - 11 dans la région- ont sur les conseil de leur banque eu recours à des emprunts toxiques, produits dont les taux se sont considérablement accrus entrainant des surcoûts qui représentent l’équivalent de 15000 emplois hospitaliers : on voit là les choix de la droite : payer les banques et ne pas embaucher de personnels de soins

[2] depuis le plan Juppé de 1995, complété en dernier lieu par la loi Bachelot existent des Agences régionales dont la fonction est, paraît i,l de faire des économies : pourquoi ces agences, si promptes à lutter contre les frais de personnel au détriment du service rendu, n’ont elles rien fait pour empêcher ces emprunts qui vont peser pendant des années sur les budgets des hôpitaux ? Parce qu’il y a de bonnes dettes, celles qui enrichissent les banques.

[3] Bien sur nos 2 élus ne font pas mention d’un article du Canard Enchaîné qui rend public leurs émoluments.

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